L'ostéopathie est elle plus efficace qu'un placebo? Cette étude a fait le test

SANTE -  La France possède la plus grande densité d’ostéopathes par habitant au monde. Le nombre de praticiens en ostéopathie est passé dans l’hexagone de 4000 en 2002 à 31.950 en juillet 2019. Mais quelle est l’efficacité réelle de cette pratique...

L'ostéopathie est elle plus efficace qu'un placebo? Cette étude a fait le test

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Un ostéopathe détecte des points de blocage dans le corps d'une patiente, le 17 octobre 2001 à Paris, pour essayer de réduire ses tensions musculaires. Photo d'illustration

SANTE -  La France possède la plus grande densité d’ostéopathes par habitant au monde. Le nombre de praticiens en ostéopathie est passé dans l’hexagone de 4000 en 2002 à 31.950 en juillet 2019. Mais quelle est l’efficacité réelle de cette pratique qui fait partie des médecines douces?

Une étude de l’équipe du professeur François Rannou de l’hôpital Cochin publiée le 15 mars dans la revue médicale Jama vient apporter quelques éléments de réponses. Selon ses conclusions, l’ostéopathie ne serait pas plus efficace qu’un placebo.

Initiée il y a dix ans, “l’objectif de l’étude, explique le professeur Rannou au Huffpost, était de déterminer si les manipulations des ostéopathes ont un effet sur les lombalgies subaiguës et chroniques.” Elle a été menée auprès d’un échantillon de taille moyenne de 400 patients souffrant de mal de dos. 

L’âge moyen des patients est de 50 ans pour un groupe comptant 60% de femmes. Les patients souffraient de lombalgie en moyenne depuis 7,5 mois. Les participants ont alors été divisés en deux groupes pour un essai randomisé. 

Pas de pertinence clinique

Un premier groupe a reçu 6 séances d’ostéopathies tous les quinze jours pendant trois mois. Un second groupe, jouant le rôle de témoin, a effectué à la même fréquence des séances placebo.

Pour les participants appartenant au groupe placebo, les praticiens se sont contentés de faire du “light touch” indique le François Rannou, c’est-à-dire qu’ils ont seulement posé leurs mains sur le corps des patients sans les manipuler.

Plusieurs critères ont été retenus dans l’étude pour évaluer l’efficacité de l’ostéopathie. D’abord, la diminution du retentissement de la lombalgie sur les activités de la vie quotidienne à 3 mois mesuré par un indice, le score de Québec, qui va de 0 point (pas de retentissement) à 100 points (retentissement maximal). La douleur, la qualité de vie et la prise de médicaments ont été les autres critères observés.

Une différence statistique révélant une amélioration minime de la vie quotidienne des patients a bien été constatée dans l’étude avec une réduction du score de Québec de 4,7 points pour le groupe qui a bénéficié de l’ostéopathie.

Mais cette différence selon le professeur Rannou serait  “trop faible pour avoir une traduction ou une pertinence clinique”. Selon le New England Journal of Medecine, une différence significative de l’indice de Québec devrait en effet se monter à 20 points. Sur les autres critères comme la douleur ou la consommation de médicaments, aucune différence statistique significative n’a été constatée indique l’étude.

“effet comparable au placebo”

Le professeur Rannoux se veut catégorique: “l’effet de l’ostéopathie est comparable à l’effet du placebo.” L’étude soulève également la question de “l’utilité des manipulations ostéopathiques délivrées par des ostéopathes non professionnels de santé chez les personnes souffrant de lombalgie commune subaiguë et chronique.” François Rannoux se garde toutefois à ce stade d’émettre des recommandations vis-à-vis de la place de l’ostéopathie en France, et renvoie la question aux autorités de santé.

Les études évaluant de manière rigoureuse l’efficacité pour le traitement des lombalgies ont été relativement peu nombreuses, indique un rapport de l’Inserm de 2012. Et leurs résultats ont été inconsistants: certaines études ne montrent pas d’efficacité supérieure des manipulations ostéopathiques par rapport à un groupe contrôle bénéficiant de manipulation factices indique l’Inserm.

D’autres études ont cependant révélé un intérêt modeste de l’ostéopathie en addition d’une prise en charge habituelle. Ce qui amène l’Inserm à déclarer que l’ostéopathie serait potentiellement efficace dans les douleurs d’origine vertébrales, mais “sans supériorité prouvée par rapport aux alternatives plus classiques.”

L’étude de l’APHP vient donc enrichir le débat scientifique sur l’utilité de l’ostéopathie qui manquait jusqu’à présent de données conclusives. Reste à voir si cette étude, basée sur un protocole randomisé et publiée dans une grande revue, pourra convaincre la communauté médicale et les autorités de ses conclusions négatives sur l’efficacité de l’ostéopathie.

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