“Love and Monsters” : le teen-movie qui cartonne sur Netflix
Un décor dystopique fait de suburbs décatis et de routes effondrées reconquises par la nature, des bunkers, des rescapés survivalistes à cheveux gras et arbalètes, un héros loser qui dessine bien, un super chien, un peu d’Arcade Fire et beaucoup...
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Un décor dystopique fait de suburbs décatis et de routes effondrées reconquises par la nature, des bunkers, des rescapés survivalistes à cheveux gras et arbalètes, un héros loser qui dessine bien, un super chien, un peu d’Arcade Fire et beaucoup de comédie : difficile, devant ce Love and Monsters, de ne pas imaginer sa fabrication comme l’application scrupuleuse d’une recette bien rôdée – ne serait-ce parce que son titre ressemble lui-même à une liste de courses.
Nourri d’une grosse décennie de giga succès dans un certain créneau de teen movie post-apocalyptique, le film produit par le créateur de Stranger Things caracole en tête des programmes les plus vus sur Netflix depuis sa mise en ligne, le 14 avril. Traînant à l’état de projet dans les cartons de la Paramount depuis presque une décennie et initialement destiné, comme à peu près tout ce que l’on voit sur les plateformes depuis un an, à une sortie cinéma en 2020, il retrace le voyage d’un jeune héros maladroit et craintif à travers une planète désormais peuplée d’animaux géants, depuis sa “colonie” (des espèces de colocs souterraines où l’humanité s’est calfeutrée) vers celle de son amour d’adolescence, avec qui il communique par radio.
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Un sentiment de déjà-vu
Au fil du périple, on verra donc se dérouler un recensement au grand complet des archétypes les plus connus du genre, que ce soit en termes de personnages (le vieux ranger rocailleux sans manières, ersatz de Woody Harrelson dans Zombieland, la gamine badass qui mouche les adultes façon Ellie de The Last of Us…), de situations (la grosse bestiole assoiffée de sang avec qui il fallait en fait juste être gentil, etc.), de modes de récit (la voix off cabotine, jamais loin du cliché du “ça, c’est moi, et vous vous demandez sûrement comment je me suis retrouvé dans une situation pareille…”).
On en a donc certes déjà tout vu, et trop de fois, et pourtant curieusement le résultat garde pour lui une certaine fraîcheur, liée aux quelques choix qui le distinguent du tout-venant : quelque chose d’assez solaire et diurne, à la limite du féerique, se dégage de cette escapade à travers bois dont les monstres ne sont pour une fois pas des zombies, mais des insectes, mollusques et autres arthropodes géants – on pense au film de préhistoire, au film de rétrécissement cher à la pop culture 90’s, et même aussi un peu à Pokémon.
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La fin du monde
Ce qui se dégage principalement est plutôt le sentiment d’une totale routine du genre : il est frappant de constater face au succès de tels objets à quel point l’apocalypse a totalement perdu sa dimension horrifique, et à quel point les questions du traumatisme, de la terreur de l’après, du supplice du deuil, se sont évaporées de ces fictions de l’effondrement, qui misent désormais sur une ultra familiarité des enjeux et de l’univers.
La fin du monde est devenue plus habitable que la continuité du monde ; on navigue désormais à l’intérieur de ses tableaux comme entre les allées d’un supermarché ; et le monde de Love and Monsters est, de fait, particulièrement familier – malgré sa conception en 2019, on ne pourra pas s’empêcher de voir dans son histoire d’humanité bunkerisée, et ses appels grossiers à aller voir ce qui se passe dehors au mépris du danger (voire d’une mort certaine), une allégorie d’on-sait-quoi.