M. Blanquer, tous les élèves doivent passer le bac dans les mêmes conditions, même ceux du CNED - BLOG
ENSEIGNEMENT —Monsieur le Ministre, C’est un papa parmi tant d’autres qui vous écrit. À l’heure où je vous écris, je sais, il est 19 h et il est un peu tard. Mais ce papa comme tant d’autres, vient de finir de faire travailler son enfant pour...
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ENSEIGNEMENT —Monsieur le Ministre,
C’est un papa parmi tant d’autres qui vous écrit. À l’heure où je vous écris, je sais, il est 19 h et il est un peu tard. Mais ce papa comme tant d’autres, vient de finir de faire travailler son enfant pour qu’il devienne, en 2021, un brillant bachelier.
Il aurait pu vous écrire lui-même, mais j’estime que ce n’est pas son rôle. Ce n’est qu’un enfant, nous ne sommes que des parents. Il a quitté l’école traditionnelle, car son handicap ne lui permettait pas de suivre un parcours traditionnel. Il continue à être soigné, mais nous ne relâchons pas son travail scolaire. La maladie n’est pas une excuse. D’autres sont en pôle espoir de sport, d’autres encore ont fait le choix de suivre la carrière de leurs parents à l’étranger. Certains assument un choix de vie différent.
Tous sont inscrits au CNED, suivent un enseignement à distance, qu’il soit libre ou réglementé. Évidemment pour ces enfants, les difficultés ne s’arrêtent pas dans une salle d’école; qu’elle soit à l’hôpital ou de sport. Évidemment, ils sont suivis par des professeurs attentifs du CNED, ont un livret scolaire, des notes et comme tous adolescents des mauvaises notes! Oui, je vous rassure, Monsieur le Ministre, comme nous ne faisons pas les devoirs à leur place, ils se plantent, ont de mauvaises notes, mais aussi de bons résultats.
Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffingtonpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide!
Inscrits au CNED, mais intégrés à la communauté scolaire
Ce qui va rester de ces enseignements, en cette difficile période sanitaire, c’est un socle commun avec les enfants valides qui vont dans des lycées traditionnels. Leur chance est de pouvoir garder le contact avec le monde extérieur grâce aux réseaux sociaux, d’échanger de rompre certaines solitudes. Ils se sentent, quelque part comme les autres, intégrés à la communauté scolaire.
Dans toutes les matières enseignées, une retient mon attention, puisqu’elle suit nos enfants depuis la 6e. Elle se nomme Éducation morale et civique. Elle prône sans cesse les valeurs de la République, défend le modèle français d’égalité, tend à faire comprendre que nos différences font nos forces. Elle apprend à nos enfants le savoir-vivre. Cet enseignement, Monsieur le Ministre, se termine en classe de Terminale par un chapitre sur l’égalité et le respect des droits des enfants alors que la matière de spécialité Histoire-Géopolitique donne comme dernier enseignement: “l’enjeu de la connaissance” évoquant au passage la théorie de Bourdieu dont vous vous servez pour promouvoir l’obligation de scolarité dès l’âge de 3 ans.
Comme tous les papas et mamans de France, nous lui faisons comprendre ce qu’il avait du mal à assimiler, entre deux soins. Comme d’autres parents, dont l’enfant rentrait de sa préparation olympique 2024, il a assimilé les notions de fraternité.
Cela lui a donc donné la capacité de lire le bulletin officiel que vous avez rédigé le 25 février 2021 dans le cadre de vos fonctions. Vous avez expliqué, dans une circulaire du mois de décembre et une vidéo YouTube le 22 janvier 2021, aux élèves du CNED réglementé qu’ils passeraient le même bac que l’ensemble des élèves, ce qui est logique puisqu’ils ont le même statut.
Et soudain l’inégalité
Mais vous changez d’avis le 25 février dans une autre circulaire en leur demandant de passer les épreuves communes ponctuelles (LVA-LVB-Histoire — EPS et sciences) supprimées pour l’ensemble des autres futurs bacheliers.
Et là, croyez-nous, Mr le Ministre, nos enfants ont compris qu’ils étaient différents. Ils ont lu entre les lignes de votre communiqué qu’ils étaient handicapés, malades, différents, sportifs inutiles, que sais-je encore. Ils ont compris ce que nous, parents, savons déjà.
Oui, ils sont différents! Oui, Monsieur le Ministre, les enfants du CNED sont des élèves à qui vous avez fourni les armes, durant leur scolarité, pour comprendre que l’enseignement et l’instruction sont deux choses différentes. Mais aussi que l’égalité de façade que vous prônez dans vos textes ne s’applique même pas à vos services.
Nos enfants vont donc devoir se présenter à des épreuves du baccalauréat que la grande majorité ne passera pas. Je vous le répète, nous, parents, assumons nos choix de vie différents, nos batailles incessantes contre la maladie, les regards moqueurs des antisportifs.
Mais s’il vous plaît, Monsieur le Ministre, ne parlez pas d’équité, d’éducation civique, ni d’égalité des chances avec nos enfants. Car je suis sûr qu’ils vous apprendront beaucoup de choses sur la vie en communauté que vous ne soupçonnez même pas.
Bref, comme nous sommes des gens bien éduqués, nous vous présentons, Monsieur le Ministre, l’expression de notre plus grand respect. Voyez bien qu’il est préférable que ce soit les parents qui s’expriment. Nos enfants n’auraient pas cette tournure d’esprit.
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