Macron sur TikTok, le reflet d'une campagne de vaccination en mal d'incarnation
POLITIQUE - “Vous avez plus de chance d’avoir des problèmes quand vous prenez votre voiture, que quand vous vous faites vacciner.” Voilà le quatrième message du président de la République envoyé depuis le Fort de Brégançon sur ses comptes Instagram...
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POLITIQUE - “Vous avez plus de chance d’avoir des problèmes quand vous prenez votre voiture, que quand vous vous faites vacciner.” Voilà le quatrième message du président de la République envoyé depuis le Fort de Brégançon sur ses comptes Instagram et Tiktok.
Depuis lundi, le chef de l’État s’est lancé dans une série de vidéo sur les réseaux sociaux pour répondre aux questions les plus fréquemment posées sur le vaccin et ainsi convaincre les derniers indécis de passer sous l’aiguille. L’occasion de s’adresser ici aux plus jeunes, classe d’âge la moins immunisée de la population, à l’heure où le gouvernement tente de contenir la quatrième vague de covid-19 à l’aide de diverses mesures.
Un exercice, singulier, qui interroge sur le rôle des scientifiques et autres personnalités censées répondre à ces interrogations. Pourquoi Emmanuel Macron se retrouve-t-il, en ce début août, en t-shirt et en seflie, à justifier la rapidité avec lesquelles Pfifer ou Moderna ont développé leurs sérums? Ou à rassurer sur leurs effets secondaires?
Le meilleur ambassadeur?
D’autant que pour beaucoup de scientifiques ou spécialistes de la communication, le chef de l’État n’est pas le meilleur ambassadeur dans cette crise. “C’est un coup d’épée dans l’eau. Emmanuel Macron ce n’est pas le meilleur émetteur pour faire de la pédagogie. Dans les manifestations, les gens scandent ‘Emmanuel Macron démission’ alors forcément, ce n’est pas de lui qu’ils attendent de la pédagogie”, résumait ainsi Amélie Lebreton, cofondatrice de l’agence de communication Coriolink, lundi, sur le plateau de BFMTV.
Même constat pour Coralie Chevallier, chercheuse en sciences cognitives, qui évoquait ces difficultés le 21 juillet dernier dans les colonnes du Monde. Pour elle, “le gouvernement n’est pas l’acteur le mieux positionné pour faire la promotion du vaccin, car il y a un déficit de confiance envers lui particulièrement marqué en France.”
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le président de la République n’a pas souhaité incarner la campagne vaccinale dès son lancement, choisissant même un scientifique, début décembre 2020, pour le faire à sa place: le professeur d’immunologie pédiatrique Alain Fischer, flanqué d’un Collectif citoyen.
Son rôle: faire “l’articulation entre le pouvoir politique, la population et les agences sanitaires.” En d’autres termes, le “monsieur vaccin” du gouvernement se donnait comme mission “le conseil (...) et la communication sur la vaccination.” Un dernier point “essentiel” à ses yeux.
Mais sur ce dernier point, force est de constater qu’Alain Fischer est resté relativement discret. Il a certes multiplié les recommandations à l’attention du gouvernement, accordé de nombreux entretiens à la presse, mais ses passages dans les médias télé sont restés rares, ses prises de parole pédagogiques, tout autant et sa présence sur les réseaux sociaux demeure quasi inexistante.
Après Castex et Attal, Macron s’y colle
“C’est sûr que le professeur Fischer a le charisme qu’il a, il incarne rien du tout, donc c’est compliqué”, commentait, un brin vachard, son collègue, l’urgentiste Patrick Pelloux, sur BFMTV, en réaction aux 1ères réponses du chef de l’État sur les réseaux sociaux.
Quant au Collectif citoyen, le deuxième acteur censé appuyer le gouvernement dans cette campagne, on ne peut pas dire que sa visibilité soit maximale. Moquée par les oppositions dès l’annonce de sa création, cette nouvelle instance s’est réunie à plusieurs reprises depuis le 10 décembre 2020, livrant quelques recommandations dans un relatif anonymat.
Dans un rapport rendu fin avril, elle demandait au gouvernement de faire preuve de davantage de clarté dans sa stratégie et appelait à viser les publics les plus jeunes (16-30 ans), à travers les “environnements numériques de travail” pour les étudiants... ou la communication sur les réseaux sociaux.
Trois mois et un variant Delta plus tard, c’est donc Emmanuel Macron qui investit ce terrain-là. Avant lui, le Premier ministre s’y était collé en essayant un passage sur la plateforme de streaming vidéo en direct Twitch, modérément réussi, quand Gabriel Attal réunissait plusieurs influenceurs à l’Élysée pour une émission baptisée “Sans filtre.”
Un seul et unique épisode d’un exercice qui devait pourtant se répéter tous les mois pour expliquer la stratégie du gouvernement à l’égard de la jeunesse dans cette crise sanitaire. Reste désormais à savoir si le chef de l’État tiendra le rythme de son côté.
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