Macron veut doper le mentorat, un des remparts innovants au décrochage scolaire

MENTORAT - Emmanuel Macron mise sur le mentorat. “100.000 jeunes seront suivis dès 2021 par des adultes volontaires pour les aider dans leur parcours”, a-t-il promis lundi 1er mars lors d’une visite d’un centre de formation aux métiers industriels...

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Emmanuel Macron veut doper le mentorat pour lutter contre le décrochage des jeunes

MENTORAT - Emmanuel Macron mise sur le mentorat. “100.000 jeunes seront suivis dès 2021 par des adultes volontaires pour les aider dans leur parcours”, a-t-il promis lundi 1er mars lors d’une visite d’un centre de formation aux métiers industriels à Stains, en Seine-Saint-Denis.

“Ce que je veux, c’est que chaque jeune qui en a besoin puisse avoir un mentor. Et aussi qu’on offre la possibilité à des cadres en entreprise, à des jeunes qui ont déjà une expérience, d’aider d’autres jeunes, de leur faire confiance, de les accompagner, de leur apporter leur propre exemple de vie”, a déclaré le chef de l’État, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessous (à partir de 1h07′)

Le dispositif, qui prend place dans le cadre du plan “1 jeune 1 solution”, lancé en juillet 2020, vise à soutenir les associations et les entreprises déjà impliquées dans le mentorat et à convaincre d’autres de s’engager, pour un budget d’environ 30 millions d’euros pour 2021.

“L’objectif est d’avoir 100.000 jeunes qui pourront bénéficier du dispositif et nous doublerons ce chiffre, l’année d’après. J’espère même qu’on pourra aller plus loin, plus vite et plus fort”, a glissé Emmanuel Macron à l’issue d’une heure et demie de visite sur le site de L’Industreet.

Une relation privilégiée

“En 2020, 30.000 jeunes ont été mentorés”, explique au HuffPostChristophe Paris, le président du Collectif Mentorat et directeur général de l’Association de la fondation étudiante pour la ville (Afev). “Cela fait plus de 30 ans que les actions de mentorat sont mises en place en France, précise-t-il. On les appelle aussi tutorat ou parrainage. En les regroupant sous l’appellation ‘mentorat’, on essaie de créer une identité, afin de mutualiser nos outils pour les proposer aux associations qui fournissent le même travail”.

Aujourd’hui, on l’appelle mentorat, mais avant, c’était le parrainage ou le tutorat. “Concrètement, le mentorat, c’est une relation individuelle entre deux personnes, sur le moyen ou le long terme, définit Christophe Paris, une relation qui n’est pas ascendante et qui est organisée par une structure. L’objectif est de venir en aide à un public de jeunes en difficulté scolaire ou professionnelle.”

“De la PMI à la PME”

Deux types de publics sont concernés: les enfants en difficulté sociale, afin de prévenir le décrochage scolaire, et les enfants ou les jeunes qui ont un fort potentiel mais qui n’ont pas forcément le réseau, la culture ou l’opportunité de faire fructifier leurs capacités. Ils sont en général issus de milieux ruraux ou de quartiers difficiles, ils sont en tête de classe, mais ne maîtrisent pas les codes, n’auront pas le bon stage qui leur permettra d’élargir leur horizon.

“On va de la PMI à la PME”, s’amuse Christophe Paris pour résumer l’étendue de l’action de mentorat, la PMI étant un lieu dédié aux nourrissons et la PME une petite ou moyenne entreprise. 

“L’idée, c’est que deux personnes cheminent ensemble dans une logique d’accompagnement dans le temps, avec une structure qui l’organise.”

“Elle est devenue ma petite soeur”

Melody Fièvre, née dans une fratrie de 4 enfants, d’une mère assistante maternelle, a toujours eu envie d’aller vers les autres, à l’instar de sa grand-mère, qui a été famille d’accueil pour les enfants de la DDASS.

Melody évoque son parcours avec Fatma avec beaucoup de tendresse. “Elle est devenue ma petite soeur”, sourit-elle. “Quand je l’ai rencontrée, elle était en 5e. Elle était très travailleuse, mais je me suis rendu compte qu’elle avait des lacunes, comme la conjugaison des verbes.”

Derrière, un protocole s’organise. “Elle ne savait pas conjuguer dans le bon temps, alors on a fait des tableaux, qu’elle a appris par coeur. On reprenait les exercices faits en classe, on faisait ses devoirs ensemble. Je venais chez elle ou bien on se retrouvait en médiathèque et on bossait 2 à 3 heures par semaine. Parfois plus. Ce qui faisait que j’étais invitée le soir à dîner.”

C’est donc une “très belle relation” qui se noue. “Sa mère était très accueillante et m’offrait toujours un thé et des gâteaux. Aujourd’hui, Fatma est en seconde professionnelle dans le service à la personne et ça lui correspond tout à fait. Elle s’achemine vers un beau parcours.”

Les interrogations d’adolescente

Melody n’a pas seulement prodigué des conseils en français, en anglais ou en maths. Elle s’est aussi intéressée à la vie sociale de Fatma. Elle a répondu à ses interrogations d’adolescente qui ne pouvaient être formulées en famille. Elle l’a conseillée sur l’attitude à adopter face aux demandes pressantes des garçons, ou bien face aux réseaux sociaux.

Avant de rencontrer Fatma, Melody a eu une première rencontre avec le responsable de l’Afev à Limoges. Puis, un dialogue avec les parents a été établi. Ils se doutaient des difficultés scolaires de leur fille et cherchaient une solution.

“Notre objectif, ajoute Christophe Paris, est d’arriver à 200.000 personnes bénéficiaires du mentorat en France. Nous devons travailler à la facilitation du repérage des enfants par l’Éducation nationale. Ce qu’apporte le mentorat, personne ne le fait, alors allons-y.”

À voir également sur Le HuffPost: L’inquiétude de ces jeunes demandeurs d’emploi face au Covid-19