“Mad God”, un joyau d’animation qui plonge dans les ruines à venir de l’humanité

S’il fallait résumer Mad God à un élément de mise en scène, ce serait incontestablement un travelling vertical. Une illustration de la plongée dans les enfers faits de bric et de broc que propose Phil Tippett. Dès les 1ères images, dans une...

“Mad God”, un joyau d’animation qui plonge dans les ruines à venir de l’humanité

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S’il fallait résumer Mad God à un élément de mise en scène, ce serait incontestablement un travelling vertical. Une illustration de la plongée dans les enfers faits de bric et de broc que propose Phil Tippett.

Dès les 1ères images, dans une cloche de plongée, un terroriste s’enfonce dans un univers sombre et poisseux, décadence d’une humanité post-nucléaire, bizarrement survivante. Dans ces cercles de l’Enfer, tel un Dante Alighieri post-apocalyptique, cet “assassin” sillonne différents paysages et croise une variété de créatures (soit une myriade d’inventions, chacune ayant sa propre singularité), avant de finalement parvenir à planter sa bombe artisanale, devant une montagne de valises.

Hybridité et anarchisme

Le film évite de justesse la démonstration de force (principale cause de l’échec de Junk Head de Takahide Hori par exemple), et, encore mieux, affronte sans peur l’abstraction en choisissant d’évoquer par les sens plutôt que par le scénario la décrépitude du monde qu’il explore. Les différentes techniques d’animation mobilisées deviennent alors le reflet de différents (éco?)systèmes forcés de cohabiter : c’est un chirurgien (incarné par un acteur) qui fouille dans les entrailles et la mémoire de l’assassin fait en animation, tout comme la botte du terroriste écrasait au début du film de petits humains de son simple pas de jambe, mais aussi ces créatures étranges qui nourrissent de vers un aquarium habité par des plantes et des perles aux tons violets phosphorescents. 

Organique, le film l’est plus que de raison donc, comme pour véritablement saisir l’infinité des formes que prend le vivant dans l’univers. Et en ce sens, Mad God, dans l’une de ses plus magistrales séquences, s’inscrit peut-être même dans la droite lignée du Tree of Life de Terrence Malick. Il met ainsi en scène une sorte d’allégorie de la mort jetant une créature dans un mixeur qui la régurgite ensuite, la rendant à la matière sous la forme d’une poussière d’étoile qui sillonne les galaxies.

Dans ce monde jamais vu ailleurs, les créatures vivantes qui le peuplent semblent toutes guidées par un sentiment autodestructeur et entropique, à l’imaginaire calciné par les ravages de la bombe nucléaire. C’est donc assez naturellement que ce film d’animation se dirige vers sa scène finale, la destruction d’une ville américaine par un groupe d’activistes qui ne manquent pas de taguer le symbole anarchiste sur le mur d’une tour, quelques secondes avant que tout ne soit détruit.

Sous ses airs philosophiques (2001, l’Odyssée de l’espace n’est jamais très loin), Mad God interroge la vie et si elle mérite seulement d’être vécue quand l’être vivant détruit systématiquement tout sur son passage. Muet, le film s’épargne de grands discours creux pour faire ressentir avec l’intensité d’une 1ère fois ce que le monde et les créatures qui l’habitent ont de plus répugnant au fond d’eux.

Mad God de Phil Tippett, en salle le 26 avril.