Marine Le Pen banalisée, le diable s’habille en Zemmour

Les circonvolutions de l’intéressée n’y changeront rien, la 1ère “victime” de ce scrutin régional a un nom: Marine Le Pen. Ce rendez-vous électoral revêtait en effet une importance stratégique majeure pour son mouvement. À moins d’un an de...

Marine Le Pen banalisée, le diable s’habille en Zemmour

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Marine Le Pen (photo by Chesnot/Getty Images) et Éric Zemmour (photo JOEL SAGET / AFP)

Les circonvolutions de l’intéressée n’y changeront rien, la 1ère “victime” de ce scrutin régional a un nom: Marine Le Pen. Ce rendez-vous électoral revêtait en effet une importance stratégique majeure pour son mouvement. À moins d’un an de la présidentielle, il pouvait donner un élan inédit à l’extrême-droite si celle-ci parvenait enfin à combler ce qui lui fait défaut: une implantation et une légitimité territoriales. Car là est sa plus grande faiblesse: depuis les 1ères villes conquises en 1995 –et rapidement perdues d’ailleurs– elle n’est jamais parvenue à étendre sa toile en remportant des collectivités locales, si ce n’est en nombre marginal et de taille modeste –Béziers et Perpignan faisant office d’exceptions. Ironie pour ce parti qui a pour fond de commerce la dénonciation d’une classe politique “hors sol”, qui fait aujourd’hui la promotion du “localisme” mais qui demeure lui-même dépourvu d’ancrage local. Alors que ce scrutin lui promettait de jouer les 1ers rôles dans six régions –et non plus seulement quatre comme en 2015– le reflux est massif. Ses scores sont au plus bas et les électeurs qui lui avaient apporté leurs suffrages en 2017 sont les 1ers à s’être abstenus.

 

Les scores du RN sont au plus bas et les électeurs qui lui avaient apporté leurs suffrages en 2017 sont les 1ers à s’être abstenus.

 

Si tous les démocrates et républicains sincères peuvent se frotter les mains face à cette bonne nouvelle –on peut déplorer l’abstention mais la préférer largement à un surcroît de voix en faveur de l’extrême-droite-, ils ne sont sans doute pas les seuls. On sait que la stratégie de “dédiabolisation” adoptée par Marine Le Pen ne convainc pas tout le monde dans son camp et qu’elle sera très rapidement questionnée par certains de ceux-là. On connaît en outre la tête d’affiche dont ces derniers rêvent: Eric Zemmour.

On a d’ailleurs noté la fébrilité et l’empressement manifesté par Marine Le Pen et son entourage, ces dernières semaines, dans les commentaires exprimés face à l’hypothèse d’une candidature de ce dernier. La présidente du Rassemblement national, elle-même, a fait mine de se rassurer en évoquant l’effet de “recentrage” que la candidature d’Éric Zemmour pourrait même donner à la sienne, venant indirectement et efficacement parachever sa propre entreprise de dédiabolisation. On sent néanmoins qu’une telle déclaration relève davantage de la méthode Coué que de l’analyse politique rigoureuse. Car tel est le ressort dangereux avec lequel joue le leader populiste: il finit toujours par se heurter à plus radical et plus puriste que lui et à se voir reprocher sa “mollesse”.

Habilement, Éric Zemmour laisse dire. Et en dit lui-même le moins possible. Ses déclarations récentes ne sont toutefois pas passées inaperçues: “Peut-être qu’il faut passer à l’action car la prévision, la prédiction, la prophétie ne suffit plus”. Parole de prophète se fantasmant empereur. Son “peut-être”, à la lumière de la contre-performance du RN aux régionales, pourrait légitimement glisser vers le “sans doute”. À ce stade, son potentiel électoral demeure certes limité. On comprend toutefois que l’idée ait pris corps dans son esprit après qu’un 1er sondage, réalisé par l’IFOP en février, l’ait crédité de 17% d’intentions de vote, dans l’hypothèse –scientifiquement étonnante– d’une non-candidature de Marine Le Pen. Soit à 4 points seulement de Xavier Bertrand. Que celui qui dénonce les ennemis de la République et l’abaissement de la France n’en respecte pas les lois, condamné à plusieurs reprises par une justice dont il déplore par ailleurs le laxisme, ne semble donc pas limiter son audience. Une étude plus récente du même institut -intégrant cette fois la présidente du RN-, lui octroie 5,5% d’intentions de vote. C’est peu, comparé aux 28% de Marine Le Pen, mais c’est davantage que Nicolas Dupont-Aignan à 3,5%.

 

Que celui qui dénonce les ennemis de la République et l’abaissement de la France n’en respecte pas les lois, condamné à plusieurs reprises par une justice dont il déplore par ailleurs le laxisme, ne semble pas limiter son audience.

 

C’est en tout cas assez pour envisager de se lancer et prendre date: soit en visant la succession de Marine Le Pen en cas de 3ème tentative ratée pour cette dernière quel que soit le score final qu’elle réalise; soit en servant de rabatteur au candidat des droites le mieux placé à l’issue du 1er tour, qu’il s’agisse de Marine Le Pen évidemment mais aussi de Xavier Bertrand ou de Laurent Wauquiez. Autant de leaders dont les focalisations sécuritaires, les déclarations à l’égard de l’islam, les propositions en matière judiciaire font harmonieusement écho aux obsessions de l’éditorialiste. Le héraut de la droite hors les murs au secours de l’union des droites. La voix de l’antisystème au secours du système.

 

A voir également sur Le HuffPost: Ces jeunes électeurs expliquent leur abstention aux régionales