Marine Le Pen défend Génération identitaire en citant la CEDH, une première
POLITIQUE - Marine Le Pen a repris sa robe d’avocate pour défendre Génération identitaire, un groupuscule d’extrême droite menacé de dissolution par Gérald Darmanin. Réagissant aux propos du ministre de l’Intérieur qui s’est dit “scandalisé”...
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POLITIQUE - Marine Le Pen a repris sa robe d’avocate pour défendre Génération identitaire, un groupuscule d’extrême droite menacé de dissolution par Gérald Darmanin. Réagissant aux propos du ministre de l’Intérieur qui s’est dit “scandalisé” par les opérations anti-migrants de Génération identitaire dans les Alpes et les Pyrénées, la présidente du Rassemblement national a estimé sur France Info ce mercredi 27 janvier que “les éléments donnés par monsieur Darmanin sont un peu légers” pour justifier une dissolution.
“Ce n’est pas l’État de droit”, a plaidé Marine Le Pen en s’appuyant sur la lecture d’un arrêté de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Une juridiction internationale... souvent décriée par la députée RN du Pas-de-Calais ces dernières années, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo ci-dessus.
“Je voudrais rappeler à M. Darmanin la définition que donne la Cour européenne des droits de l’homme de la liberté d’expression et ce qu’elle en tire comme conclusion. La CEDH dit que la liberté d’expression, je le lis hein, ‘vaut non seulement pour les informations ou les idées accueillies avec faveur, ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l’État’, on est pile dans la définition, ’ou une fraction quelconque de la population‴, a fait valoir une Marine Le Pen déterminée à défendre la vision de la Cour de Strasbourg du “pluralisme, de la tolérance et de l’esprit d’ouverture sans lesquels il n’y a pas société démocratique” contre la “pente dangereuse” suivie selon elle par Gérald Darmanin.
Une “place exorbitante”
Mais il y a deux ans à peine, du haut de la tribune de l’Assemblée nationale, Marine Le Pen contestait la “place exorbitante” accordée à la CEDH dans le droit français, assimilant l’instance internationale à “un gouvernement des juges” et à une “une force de désarmement massive des États”. La députée d’extrême droite voyait notamment d’un mauvais œil “ces juges étrangers” désignés “sans légitimité démocratique”.
En octobre 2020 sur RTL et LCI, elle ne mâchait pas ses mots contre “la jurisprudence de la CEDH [qui] dans beaucoup de cas, nous empêche de nous protéger des terroristes en leur accordant des droits”. En octobre 2017 sur LCP, Marine Le Pen qualifiait de “signal terrifiant” le déplacement d’Emmanuel Macron à Strasbourg, venu rappeler son attachement à la CEDH.
En juin 2014 sur France Info, interrogée sur la décision de la CEDH d’imposer le maintien en vie de Vincent Lambert en attendant une décision sur le fond, Marine Le Pen s’opposait déjà à la Cour de Strasbourg. “Vous savez très bien que je suis pour que les lois françaises et les institutions françaises aient le dernier mot. Je suis contre cette supranationalité et notamment cette autorité imposée par l’Union européenne aux lois françaises”, déclarait-elle, en laissant croire à tort que la CEDH était une émanation de l’UE.
Génération identitaire et “agit-prop”
En citant les conclusions d’un arrêté de la CEDH datant de décembre 1976 pour défendre l’existence de Génération identitaire, Marine Le Pen prend d’ailleurs le risque de se tromper à nouveau. Cette jurisprudence vise en effet à défendre la liberté d’expression des journalistes alors que ce sont les agissements de la ligue d’extrême droite sur le terrain, potentiellement assimilables à ceux d’une “milice” voulant se substituer au travail des forces de sécurité, qui semblent être dans le viseur du ministère de l’Intérieur après l’organisation de plusieurs “tournées sécuritaires”.
Des opérations coup-de-poing décrites comme de la simple “agit-prop” par la cheffe du Rassemblement national, décidément très clémente à l’égard de la mouvance identitaire... toujours plus présente au sein de son parti.
Il serait pour autant erroné de penser que la dissolution de Génération identitaire se résumerait à une banale formalité administrative pour l’exécutif car en la matière rien n’est jamais acquis à l’avance. “La dissolution d’une association est loin d’être une procédure anodine car elle concerne une liberté -celle de s’associer- qui a valeur constitutionnelle. La loi du 10 janvier 1936, maintes fois modifiée et codifiée à l’article L. 212-1 du code de la sécurité intérieure, tente ainsi de concilier cette liberté avec la nécessité de se protéger contre les ennemis de la démocratie en énumérant de façon restrictive les motifs de dissolution”, expliquait au HuffPost Jean-Christophe Ménard, avocat et maître de conférence à Sciences Po Paris.
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