Masque en extérieur: avec le recul, est-ce vraiment utile?
SCIENCE - À plus de 10 kilomètres, le 3 mai. En terrasse et au cinéma le 19 mai. Et jamais sans masque. Alors que les Français se libèrent progressivement du confinement -selon le calendrier détaillé par Emmanuel Macron ce jeudi 29 avril dans...
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SCIENCE - À plus de 10 kilomètres, le 3 mai. En terrasse et au cinéma le 19 mai. Et jamais sans masque. Alors que les Français se libèrent progressivement du confinement -selon le calendrier détaillé par Emmanuel Macron ce jeudi 29 avril dans la presse quotidienne régionale-, ils restent pour la plupart masqués. Même vaccinés. Même en extérieur. Même quand il n’y a personne dans la rue.
Si dévoiler son nez et ses lèvres à l’extérieur n’est pas encore à l’agenda du gouvernement français, des changements ont lieu ailleurs, aux États-Unis et en Israël récemment, à quelques semaines d’intervalle, respectivement le 27 et le 19 avril. Ces deux nations tombent le masque dans la rue. Des campagnes vaccinales bien plus avancées qu’en France et une situation sanitaire plus favorable y sont évidemment pour quelque chose. Pour autant, ce que dit la science, c’est que le masque à l’extérieur n’est utile contre le covid-19 que dans de très rares cas. Il faut par contre rappeler qu’en intérieur, il est très utile car il diminue grandement la diffusion des particules virales.
En extérieur, “si vous êtes vaccinés, à un petit rassemblement, les données montrent que vous pouvez enlever le masque en toute sécurité”, résume Rochelle Walensky, la directrice des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) à l’occasion de l’annonce de cette décision aux États-Unis. Les données dont cause la dirigeante de la principale agence fédérale de santé publique établissent que le vaccin protège, d’une part, et d’autre part, que le risque d’attraper le virus est globalement très faible en extérieur, sauf dans des circonstances particulières.
Des contaminations rares en plein air
En plus d’un an de pandémie, seuls quelques clusters ont été détectés à ciel ouvert dans les pays occidentaux. En France, le village de Cournonterral (Hérault) a recensé 30 cas de Covid-19 après le rassemblement de 100 personnes durant la fête des Pailhasses, début février. D’autres contaminations en terrasse, au Royaume-Uni par exemple, ont été recensées.
Mais ces épisodes restent rarissimes. Sur 318 clusters en Chine, un seul s’est produit en extérieur, selon une étude parue en juillet 2020. En Irlande, environ 0,1% des cas confirmés résultent de contaminations en plein air, selon le Health Protection Surveillance Centre, département statistique des services de santé irlandais.
“Je soutiens fermement des politiques beaucoup plus permissives à l’égard des contacts sociaux à l’extérieur, si les conditions le permettent. En extérieur, il y a beaucoup moins de contaminations”, tranche pour LeHuffPost Mike Weed, un chercheur de l’université de Canterbury, au Royaume-Uni. Publié en septembre 2020, son rapport fait état d’environ 6% de contaminations à l’air libre.
Le Covid-19, dilué dans l’air et frappé par les éléments
Il y a bien sûr des incertitudes. Ce serait plutôt 10%, selon une étude plus récente, publiée le 15 février dernier, dans la revueJournal of infectious Diseases. S’il est plus difficile de retracer et d’identifier les contaminations en extérieur, cet ordre de grandeur s’explique surtout par le mode de transmission du virus, moins efficace en plein air.
Le Covid-19 se transmet majoritairement par de petites particules appelées aérosols. Elles flottent, se répandent dans toute une pièce et s’accumulent dans les espaces clos. En extérieur, ces particules sont diluées dans de très grands volumes d’air, frappés par la pluie, le vent et les UV. Résultats? “Le risque de contamination de cette manière est quasiment nul en extérieur”, confirme au HuffPost Alexandre Nicolas, physicien et chercheur au CNRS.
Mais les infections par gouttelettes, ces postillons qui atterrissent directement dans nos muqueuses, subsistent. “Ce risque est moindre en extérieur, car la brise a tendance à disperser les gouttelettes”, poursuit Alexandre Nicolas. D’un point de vue strictement infectieux, le masque ne s’impose donc que dans certaines circonstances. “Des contacts prolongés, à courte distance, en face à face, et également dans une foule”, conclut le physicien.
Le masque, utile en contact rapproché
“Sans masque en extérieur, il faut éviter les situations où le risque s’accumule, c’est-à-dire des personnes statiques, dans le sillage l’un de l’autre, à moins de 2,5 mètres, dans une zone peu ventée”, détaille au HuffPost Bruno Andreotti, lui aussi physicien et chercheur au CNRS. Dans ces conditions, le masque est fortement recommandé. Mais seul dans la rue ou sur la plage, ou accompagné de quelques personnes bien espacées en randonnée par exemple, le risque d’infection au Covid-19 est très faible.
“Est-ce que ce ne serait pas le moment de se débarrasser du masque?”, se demandait d’ailleurs Paul Sax, le directeur des maladies infectieuses de l’hôpital Brigham and Women, dans un billet de blog publié le 19 avril, par la revue scientifique New England Journal of Medecine etdéfendant l’assouplissement des mesures. “Peut-être qu’on va me rétorquer qu’une nouvelle classification du port du masque sera trop complexe - l’argument du “les gens ne vont rien comprendre”, s’amusait-il, tout en évoquant des éléments très sérieux.
Une règle générale, plus simple à appliquer
De fait, une des principales raisons pour lesquelles on porte le masque dans toutes les situations extérieures est d’ordre politique et logistique. “Plus on porte le masque, mieux c’est. C’est d’ailleurs pour ça qu’il a été largement généralisé, même dans des situations moins à risque. Le gouvernement avait besoin de mesures simples et a décidé d’imposer le masque le plus souvent possible, face à l’urgence sanitaire”, analyse le physicien Alexandre Nicolas.
Lorsqu’on s’arrête pour discuter avec quelques personnes, difficile de penser à mettre un masque à chaque fois. S’il est imposé uniquement dans certaines zones, connaître les restrictions demande du temps et une bonne mémoire des rues. Quand la règle est complexe, elle est moins respectée. Enlever et remettre le masque, c’est aussi le tripoter, ce qui augmente les risques de contamination.
Enfin, si le risque est faible, il est plus important à l’échelle de la société, explique Alexandre Nicolas “Il faut faire la différence entre le risque personnel et le risque collectif portant sur la dynamique épidémiologique. Pour chacun, le risque est faible, mais pour le groupe, le risque est important, car c’est toujours des contaminations en plus, qui peuvent alimenter une nouvelle vague”. Autrement dit, si tout le monde pointe le bout de son nez, personne ne s’en sort.
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