Mélenchon à Valence, une rentrée pour surmonter les difficultés

POLITIQUE - À Châteauneuf-sur-Isère, terminées les galères? Organisées dans cette petite commune de la Drôme, près de Valence, pour la deuxième année de suite, les universités d’été de la France insoumise s’achèvent ce dimanche 29 août avec...

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Mélenchon (ici le 15 février 2017) à Valence, une rentrée pour surmonter les difficultés

POLITIQUE - À Châteauneuf-sur-Isère, terminées les galères? Organisées dans cette petite commune de la Drôme, près de Valence, pour la deuxième année de suite, les universités d’été de la France insoumise s’achèvent ce dimanche 29 août avec le discours de Jean-Luc Mélenchon à 10 heures du matin.

Sa garde rapprochée promet un plaidoyer “rassembleur” et “combatif” à quelques mois de l’élection présidentielle, pour clore cet événement de rentrée placé sous le signe de la positive attitude. En s’appuyant, comme d’habitude, sur les sondages. Dès jeudi, et le 1er jour de leurs amfis, les insoumis mettaient en avant une récente étude, menée par Harris Interactive, selon laquelle leurs propositions pour 2022 sont largement soutenues par la population.

Mieux, Jean-Luc Mélenchon se réjouissait, le même jour, sur les réseaux sociaux, d’avoir gagné un point, à 11%, dans les intentions de vote mesurées par le même institut. “Tous les éléments de la période nous donnent du carburant”, résume ainsi Éric Coquerel au HuffPost, depuis le grand raout drômois. Comme le député de Seine-Saint-Denis, nombreux sont les cadres LFI à croire en une dynamique pour cette fin d’été. Un allant suffisant pour effacer les difficultés passées et surmonter les futures? 

Mélenchon et la barre des 10%

“Une hirondelle ne fait pas le printemps”, relativise le politologue Bruno Cautrès quant à ces données mises en avant par les Insoumis sur les réseaux sociaux ou à leurs amfis. Sur l’enquête concernant les mesures portées par LFI, le chercheur au Cevipof et au CNRS émet d’ailleurs plusieurs réserves. 

“Comment ne pas être d’accord avec les 32 heures? Avec le fait de vivre plus longtemps en bonne santé? De ne pas payer les 1ers kilowattheures de consommation d’électricité?”, énumère-t-il, en ajoutant avec ironie: “Et qu’il fasse beau tous les jours également si possible?” Pour lui, ce sondage oublie “la notion de hiérarchie entre ces différentes mesures, le degré d’accord et de désaccord sur qui doit les payer et qui doit en bénéficier.” “Si vous entrez dans ces détails, les niveaux d’approbation baissent et les clivages apparaissent”, analyse le politologue. 

Il faut réussir à convaincre les abstentionnistes, les dégoûtés de la politique, les quartiers populaires. Sans ces voix, notre défi sera insurmontableManon Aubry, eurodéputée LFI

Au-delà de cette étude, les prochaines enquêtes d’opinion seront particulièrement scrutées du côté de la France insoumise -et de la gauche. Car le regain de forme de Jean-Luc Mélenchon apparaît bien timide pour cette rentrée quand, il y a à peine deux mois, en juin, plusieurs instituts le mesuraient en dessous de la barre fatidique des 10%. Ce qui ne lui arrivait pas, cinq ans auparavant, en 2016, au même moment de la campagne.

Pas d’inquiétude, pour autant, du côté de l’état-major insoumis. “Les critères retenus pour ces sondages, avec la part donnée aux incertains, nous désavantageaient”, relativise Éric Coquerel, quand l’eurodéputée Manon Aubry, voit dans ce retard à l’allumage la preuve que les Français n’ont “pas encore la tête à la présidentielle”. Mais derrière ces explications, semble poindre un discours plus lucide, ou mobilisateur à l’égard de ceux qui se détournent des élections. “L’enjeu est de montrer que le vote a une importance. Il faut réussir à convaincre les abstentionnistes, les dégoûtés de la politique, les quartiers populaires. Sans ces voix, notre défi sera insurmontable”, ajoute l’ancienne porte-parole de l’ONG Oxfam, à l’unisson de Jean-Luc Mélenchon. 

Les nombreux défis à relever

Le chef de file de la France insoumise imagine même sa candidature balayée en cas de nouveau record d’abstention. “Si les milieux populaires ne vont pas voter (à la présidentielle, NDLR), nous serons écrasés. Si la participation atteint le niveau normal de 80 %, nous arriverons au second tour”, résumait-il dans les colonnes du Dauphiné Libéré. Voilà donc l’un des défis majeurs à relever pour le tribun. Mais il y en a d’autres. Comme celui du renouveau, alors qu’il bat, depuis plusieurs mois maintenant, sa troisième campagne présidentielle.  

C'est toujours difficile de se renouveler quand on se présente pour la troisième fois de suite. Chirac et Mitterrand s'y étaient repris à trois reprises avant d'être élus, mais ce n'est plus la même FranceBruno Cautrès, politologue

“Les propositions dont il est le porteur sont maintenant bien connues, peut-être qu’il n’y a plus tellement de surprise autour de lui. En 2017, il a su le faire avec une très belle campagne, mais peut-il encore surprendre, développer de nouveaux thèmes?”, s’interroge le politique Bruno Cautrès, pour qui la capacité de réinvention de Jean-Luc Mélenchon sera l’une des clefs de son succès, ou de sa défaite: “C’est toujours difficile de se renouveler quand on se présente pour la troisième fois de suite. Chirac et Mitterrand s’y étaient repris à trois fois avant d’être élu, mais ce n’est plus la même France.”

D’autant que Jean-Luc Mélenchon n’est pas franchement le seul à se positionner sur le crédo des non votants, le “1er parti de France.” C’est aussi celui de Fabien Roussel, le patron du PCF, lequel a décidé de faire cavalier seul pour ce scrutin. Un coup dur de plus pour Jean-Luc Mélenchon, qui contrairement aux deux présidentielles précédentes, ne pourra s’appuyer ni sur la force militante des communistes, ni sur autant de parrainages de maires que la dernière fois. Pour sa 1ère campagne pour la grande élection, le député du Nord veut lui aussi “s’adresser aux abstentionnistes”, tout en essayant de convaincre “les déçus” du candidat Insoumis. Sans l’épargner.

J’ai rencontré énormément d’électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui disent aujourd’hui qu’ils ne voteront plus pour lui, déçus par ses sorties (...) ses accès et ses excès de colèreFabien Roussel, candidat PCF à la présidentielle

 “J’ai rencontré énormément d’électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui disent aujourd’hui qu’ils ne voteront plus pour lui, déçus par ses sorties, certaines de ses prises de position sur la laïcité ou la sécurité, ses accès et ses excès de colère”, expliquait ainsi Fabien Roussel, mardi 24 août dernier, en présentant son livre programmatique Ma France (Cherche midi) à la presse. 

Le passé comme un boulet?

Force est de constater que le quinquennat du patron des Insoumis dans l’opposition n’a pas été de tout repos, de la perquisition mouvementée en 2018 pour laquelle il a été condamné un an plus tard, à ses propos jugés conspirationnistes sur les attentats, en juin dernier. Sans causer de la déroute de la France insoumise aux élections européennes (6,31%), et son invisibilité aux régionales et départementales. Autant de cailloux dans la chaussure de Jean-Luc Mélenchon qui ne lui ont pas permis pour l’instant de créer une dynamique territoriale, électorale, ou dans l’opinion.

Pour Bruno Cautrès, il n’en fait aucun doute: “Il reste encore des traces, dans certains segments de la population, des images de Jean-Luc Mélenchon s’insurgeant contre les perquisitions au siège de sa formation”. “Il a peut-être gagné quelques points”, chez les plus radicaux, nous dit-il, “mais si on fait la balance, ça lui en a coûté, c’est certain.”

Les Insoumis, et l’intéressé le 1er, savent que la personnalité du député sudiste est clivante auprès des Français, mais ils entendent bien capitaliser sur sa notoriété, et son statut de “1er candidat” de la gauche. Mais jusqu’à quand?

“Qu’on l’aime ou non, il est notre meilleur point d’appui, il a quasiment le double des intentions de vote des autres candidats à gauche”, insiste Manon Aubry, parlant d’un Jean-Luc Mélenchon qui “a repris des forces après de vraies vacances” pour cette “dernière ligne droite.” Il lui en faudra, sur ces huit prochains mois, pour rattraper son retard. 

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