Mercury Rev dérive entre spoken word détonant et musiques immersives

Mercury Rev est de ces groupes imprévisibles, capables d’exécuter des virages à degrés divers sans crier gare. Il y a d’abord eu les fulgurances soniques émergeant du campus de l’université de Buffalo à la fin des années 1980, lorsque David...

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Mercury Rev est de ces groupes imprévisibles, capables d’exécuter des virages à degrés divers sans crier gare. Il y a d’abord eu les fulgurances soniques émergeant du campus de l’université de Buffalo à la fin des années 1980, lorsque David Baker, alors au chant, venait ajouter de l’huile sur le feu déclenché par les compositions démentes du reste de la bande.

Puis, après deux 1ers disques aussi sublimes que foutraques, Yerself Is Steam (1991) et Boces (1993), le départ de son chanteur azimuté dans la foulée et un troisième long aux faux airs de transition, Mercury Rev s’est émancipé des ambiances noise sous influence pour aller visiter des champs psychédéliques, où les chansons à la fantaisie rêveuse se voyaient tricotées avec soin.

D’une légende country à des rythmes Krautrock

Le bien nommé Deserter’s Songs (1998) a ainsi offert aux Américains leur chef-d’œuvre, qu’aucun autre disque signé du duo Jonathan Donahue/Grasshopper, devenus en cours de route seuls maîtres à bord de la machine à rêves, n’a su égaler par la suite.

En 2019, tous deux se sont également livrés à une autre pirouette musicale, revisitant l’album culte de la légende country Bobbie Gentry, The Delta Sweete, avec la complicité de voix féminines remarquables telles que celles de Hope Sandoval, Lætitia Sadier ou encore Phoebe Bridgers. Cinq ans plus tard, voilà que Mercury Rev ressort de son sommeil. De quoi provoquer une nouvelle rupture.

Mieux vaut alors ne pas se laisser duper par la pochette et sa typographie aux lettres jaunes et rouges arborées comme à l’époque de Deserter’s Songs. Si l’emballage paraît familier, le contenu mène ailleurs. Ici, les atours de pop baroque d’antan cèdent leur place à un flux immersif fait de cuivres en tous genres, de pianos, claviers ou autres synthés tirés des plages de Vangelis (Patterns), et même de rythmes empruntés au Krautrock (There’s Always Been a Bird in Me).

Construit autour de poèmes écrits par le chanteur et guitariste Jonathan Donahue, qui troque son chant volatil pour un spoken word détonant sur l’intégralité des chansons, Born Horses fait jaillir des sonorités symphoniques teintées de jazz et d’ambient, où perdure une certaine forme d’emphase à la fragilité manifeste (les intenses Your Hammer, My Heart et A Bird of No Address). Si l’onirisme tourne davantage à l’introspection, Mercury Rev reste imprévisible. Toujours au-delà du rêve.

Born Horses (Bella Union/Believe). Sortie le 6 septembre. En concert à la Maroquinerie, Paris, le 13 novembre.