“Mes chers espions” de Vladimir Léon, une enquête intime et familiale sur la trace d’agents russes
Après la mort de leur mère qui était d’origine russe, deux frères, Vladimir et Pierre (Léon, tous deux cinéastes et acteurs) retrouvent une valise de Pandore pleine de photos et de documents. Et rouvrent un vieux dossier familial : en 1948,...
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Après la mort de leur mère qui était d’origine russe, deux frères, Vladimir et Pierre (Léon, tous deux cinéastes et acteurs) retrouvent une valise de Pandore pleine de photos et de documents. Et rouvrent un vieux dossier familial : en 1948, leurs grands-parents maternels on été expulsés de France sur ordre des services secrets français, qui les accusaient d’être des agents de renseignement soviétiques et les ont renvoyés à Moscou. Est-ce vrai ? Pourquoi, contrairement à beaucoup d’espions renvoyés en URSS sous Staline, ne furent-ils pas purement simplement éliminés dès leur retour ? De quelle protection ont-ils bien pu bénéficier ?
Les voici partis, nos deux Tintin, d’abord dans des cogitations fraternelles et des rêveries arrosées à la vodka avec leurs amis, avant de partir sur les traces du passé familial en Russie (le film a été tourné avant la guerre en Ukraine) où, enfants, dans les années 1960 et 1970, il rendaient parfois visite à leurs grands-parents, et notamment à cette grand-mère fantasque célèbre pour ses goûts de luxe et l’art qu’elle avait de se mettre bien avec les gens importants…
En quête du passé
Les frères recherchent les lieux qu’ils ont connus, les retrouvent souvent, sont accueillis dans des coins isolés de Russie avec bienveillance et un grand sens de l’hospitalité par des gens qui ont connu leur mère, cette adolescente qui venait de France, dont ils se souviennent encore avec plaisir. La télévision locale signale leur présence dans la région.
De la maison familiale, il ne reste rien, et sans pathos, avec humour, on voit errer Vladimir et Pierre au milieu des herbes folles à la recherche sans illusion d’un souvenir, d’un petit bout de quelque chose qui prouverait que leurs ancêtres et eux-mêmes sont passés ici. C’est déchirant.
Et puis, au fil des rencontres avec des citoyens russes d’aujourd’hui, dont des jeunes gens qui expriment avec simplicité la peur dans laquelle ils vivent dans leur pays et qui nous sont si semblables, le rêve d’une grande histoire d’espionnage s’estompe peu à peu. Le spectateur et nos deux enquêteurs finissent, sans l’exprimer, par comprendre, un peu amers mais peut-être aussi un peu soulagés, que la quête est plus imaginaire que réelle, le voyage, une fois de plus, plus beau que la destination.
Une histoire extraordinairement simple
Le refus des ministères français et russe de communiquer des informations sur leurs aïeux n’a fait que créer du mystère et attiser leur goût du romanesque là où il n’y a que des faits assez banals : n’importe qui peut être un agent de renseignement, sans même parfois le savoir. Répéter à quelqu’un ce que pense untel de tel ou tel sujet, c’est déjà de l’espionnage, et ne fait ni un héros à la James Bond, ni un délateur gigantesque qu’il faudrait éliminer parce qu’il en sait trop.
Après ce constat certes un peu décevant, mais qui a permis à deux frères de revenir ensemble hanter les terres arpentées par les fantômes de leurs parents, le film se termine notamment par quelques images de cette grand-mère étonnante, charmeuse, pleine de poésie, dont nous avons tellement entendu causer depuis le début du film, et qui se montre à la hauteur des récits familiaux qui l’entourent. Elle est de ces êtres qui, par leur seule existence, créent des histoires, des récits, des romans, du cinéma, et donnent naissance, plus tard, à de futurs cinéastes.
Précisons que ce film superbe est encore projeté au Saint-André des Arts, à Paris, le dimanche matin. De surcroît, mardi 24 janvier à 19 h 45, une projection de Mes chers espions sera suivie d’une rencontre avec Alain Blum, historien, vice-président de Mémorial France (association qui “perpétue la mémoire historique des victimes des répressions staliniennes en URSS et la transmet aux générations futures, pour défendre les droits humains dans les régimes autoritaires”).
Du Mexique à l