#MeToo : le réalisateur Philippe Garrel mis en cause dans un article de “Mediapart”
Figure majeure du cinéma français post-Nouvelle Vague depuis la fin des années 1960 (La Cicatrice intérieure, L’Enfant secret, Sauvage innocence ou encore son dernier long métrage Le Grand Chariot, primé au dernier Festival de Berlin, figurent...
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Figure majeure du cinéma français post-Nouvelle Vague depuis la fin des années 1960 (La Cicatrice intérieure, L’Enfant secret, Sauvage innocence ou encore son dernier long métrage Le Grand Chariot, primé au dernier Festival de Berlin, figurent parmi ses plus connus), le réalisateur Philippe Garrel, 75 ans, est mis en cause dans un article publié par Mediapart, pour des faits pouvant relever de l’abus de pouvoir et de l’agression sexuelle ou de la tentative d’agression sexuelle. L’enquête, réalisée par Sophie Boutboul, dévoile les témoignages de cinq femmes, toutes comédiennes, “dont quatre évoquent des gestes et baisers non consentis”. L’une d’elles, Laurence Cordier, avait déjà évoqué ces faits de manière anonyme, dans un article publié par les Inrocks en octobre 2017, juste après les 1ères accusations ayant conduit à la chute d’Harvey Weinstein.
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Celle qui se consacre aujourd’hui au théâtre évoque la manière dont Garrel, qu’elle admirait pour ses films et pour avoir été son élève au Conservatoire national d’art dramatique (où il enseigne), s’est comporté lors d’un rendez-vous en 2003. Elle et lui devaient causer d’un rôle. Lors d’une promenade après un déjeuner – où il n’avait finalement pas été question du projet -, le réalisateur de 31 ans son aîné s’est subitement rapproché d’elle en lui proposant de le suivre dans un hôtel. Face à son refus, il l’aurait prise par la taille, devenant agressif. Après cette entrevue, elle n’a jamais joué dans un de ses films.
Des témoignages concordants
Parmi les autres femmes qui causent de leur expérience traumatisante – jusqu’à “l’écœurement” – se trouve Anna Mouglalis. Après avoir tenu le 1er rôle féminin dans La Jalousie (2013), l’actrice est sollicitée en 2014 par Garrel pour un projet consacré au désir féminin. Chez elle, il s’allonge sur son lit, se disant victime de douleurs, et lui demande de venir se mettre près de lui pour continuer le travail. Un pur prétexte. “On est en pleine caricature d’une misogynie et d’un machisme de base”, témoigne l’actrice, qui a raconté à la comédienne Clothilde Hesme cet incident – que cette dernière confirme.
Dans l’article de Mediapart, une autre jeune comédienne explique anonymement une caresse inappropriée sur les cuisses lors d’un rendez-vous et une tentative de baiser dans le métro : “Je me suis dit : ‘Je ne suis qu’un tas de viande.’ J’en ai chialé quelque temps.” Une quatrième cause, quant à elle, d’une “séduction immédiate” de la part du cinéaste et aussi d’une tentative de baiser, exprimant une douloureuse forme de culpabilité : “Je disais non et je minaudais en même temps (…) Pour moi, c’était vraiment énorme que Philippe Garrel veuille me faire tourner dans un film.”
Interrogé par Mediapart, Philippe Garrel a répondu aux accusations en s’excusant d’avoir “blessé” certaines ou “mal interprété” leur ressenti, ou encore pour une “tentative de séduction déplacée ou maladroite”, tout en niant avoir agressé ces femmes. Il évoque “une remise en question” devant les témoignages où, à chaque fois, le même schéma se répète entre un artiste à l’aura évidente et des comédiennes en situation de l’admirer et d’obtenir un rôle. Le témoignage de Marie Vialle est peut-être le plus emblématique. Dans les années 1990, le cinéaste, qui est aussi son prof, lui promet d’écrire pour elle. Après avoir tenté de l’embrasser et devant son refus, il aurait prononcé ces mots : “ Je ne peux pas faire le film si je ne couche pas avec toi.”