#MeTooAmnesie: l'amnésie traumatique, un mécanisme de défense fréquent chez les victimes de violences sexuelles

VIOLENCES SEXUELLES - Le mouvement ne cesse de prendre de l’ampleur. Après #MeTooInceste et #MeTooGay, dimanche 21 février, c’est à travers le hashtag #MeTooAmnesie que les victimes de violences sexuelles ont témoigné en nombre. Derrière cette...

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L'amnésie traumatique, un phénomène qui touche près de 60% des victimes de violences sexuelles dans l'enfance (photo d'illustration)

VIOLENCES SEXUELLES - Le mouvement ne cesse de prendre de l’ampleur. Après #MeTooInceste et #MeTooGay, dimanche 21 février, c’est à travers le hashtag #MeTooAmnesie que les victimes de violences sexuelles ont témoigné en nombre. Derrière cette affluence de messages sur les réseaux sociaux, un phénomène bien connu des psychiatres: l’amnésie traumatique. 

Il s’agit d’un phénomène psychologique très fréquent chez les victimes de violences sexuelles, d’autant plus si celles-ci ont eu lieu pendant l’enfance. “59,3% des victimes de violences sexuelles dans l’enfance ont des périodes d’amnésie totale ou parcellaire”, avance dans son livre Violences sexuelles la psychiatre Muriel Salmona, présidente de l’association Mémoire traumatique.

Un phénomène qui, explique-t-elle, peut durer “de nombreuses années, voire des décennies”, “jusqu’à 40 ans et même plus dans 1% des cas”.

À l’origine du mouvement #MeTooAmnesie se trouve Mié Kohiyama, présidente de l’association MoiAussiAmnesie. Avec d’autres spécialistes du sujet, comme Muriel Salmona, Andréa Bescond, Arnaud Gallais, Marie Rabatel et Sarah Abitbol, elle a lancé le hashtag pour que “les pouvoirs publics se saisissent de la question de l’amnésie traumatique* (période pendant laquelle une personne n’a pas conscience des violences qu’elle a subies, NDLR)”.

“Ils se sont emparés de la question de l’inceste, d’un seuil d’âge en dessous duquel le consentement n’est pas possible, de la prescription glissante, mais il n’y a aucune réponse sur l’amnésie traumatique”, regrette Mié Kohiyama auprès du HuffPost

Réminiscence brutale

Comme l’explique Muriel Salmona dans son livre, les souvenirs traumatiques “réapparaissent le plus souvent brutalement et de façon non contrôlée ‘comme une bombe atomique’, avec de multiples détails très précis et accompagnés d’une détresse, d’un sentiment d’effroi, de sidération et de sensations strictement abominables”.

Cette phase d’amnésie est d’ailleurs l’un des arguments mis en avant en faveur de l’allongement du délai de prescription de vingt à trente ans pour les crimes sexuels sur les mineurs.

Dans la vidéo ci-dessous, publiée il y a cinq mois, Mié Kohiyama témoignait de l’amnésie traumatique de 32 ans qu’elle a vécue, et demandait à ce que la prescription des crimes sexuels sur mineurs soit entièrement levée. Car c’est à cause de cette prescription que sa plainte a été classée sans suite.

Mécanisme de défense

Mais avant leur réapparition, que se passe-t-il dans le cerveau pour qu’il oublie de tels événements? Il s’agit d’un mécanisme de défense “que le cerveau déclenche pour se protéger de la terreur et du stress extrême générés par les violences. Ce mécanisme qui fait disjoncter les circuits émotionnels et de la mémoire, et entraîne des troubles de la mémoire, va faire coexister chez la victime des phases d’amnésie dissociative et des phases d’hypermnésie traumatique”, souligne la psychiatre.

Ainsi, pendant des années, les victimes peuvent avoir complètement oublié un événement traumatisant, ou avoir le sentiment d’avoir subi quelque chose sans être capables de le formuler. Les souvenirs reviennent d’un coup et la victime doit alors, à retardement, composer avec ce traumatisme. Des réactions qui varient évidemment d’une victime à l’autre. 

À ce jour, le gouvernement souhaite créer un nouveau crime pour les crimes sexuels sur mineurs. Il permettra d’instaurer dans la loi un âge en dessous duquel un enfant ne peut consentir à un rapport sexuel: 15 ans en cas de crimes sexuels et 18 ans en cas d’inceste. Le gouvernement entend aussi inscrire dans la loi la prescription dite “glissante” ou “réactivée”. Mais la question de l’amnésie traumatique n’a pas encore été abordée. 

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