#MeTooInceste : Adrien Taquet salue un mouvement "courageux", qu'il faut "accompagner"

 POLITIQUE - Sa parole était très attendue. Dans le sillage du livre de Camille Kouchner “La familia grande” (Seuil) qui a conduit à la démission de toutes ses fonctions du politologue Olivier Duhamel accusé d’inceste, un vaste mouvement de...

#MeTooInceste : Adrien Taquet salue un mouvement "courageux", qu'il faut "accompagner"

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Le secrétaire d'État en charge de l'Enfance et des Familles, Adrien Taquet, à l'Assemblée nationale le 7 mai 2020.

 

POLITIQUE - Sa parole était très attendue. Dans le sillage du livre de Camille Kouchner “La familia grande” (Seuil) qui a conduit à la démission de toutes ses fonctions du politologue Olivier Duhamel accusé d’inceste, un vaste mouvement de témoignages a vu le jour sur les réseaux sociaux le 16 janvier.

Avec le #MeTooInceste, des dizaines de milliers de personnes ont raconté les violences sexuelles dont elles ont été victimes par un membre de leur famille. Un mouvement qui n’a pas étonné le secrétaire d’État chargé de la protection de l’enfance, Adrien Taquet. Pour Le HuffPost, il revient sur les missions de la commission sur l’inceste qu’il a créée, sur son bilan au ministère et sur ce qu’il reste à faire pour endiguer ces violences. 

À propos de la création d’une nouvelle loi sur le sujet, il assure que “des réflexions sont en cours”, et estime que “les choses doivent évoluer sur la question du seuil d’âge” concernant les violences sexuelles sur mineurs. Sur l’inceste, il pense qu’il ne peut y avoir d’âge de consentement puisqu’“on ne doit pas avoir de relations sexuelles avec sa famille”. Entretien.

Le HuffPost: Comment avez-vous réagi en découvrant le mouvement “MeTooInceste” et ses dizaines de milliers de témoignages sur les réseaux sociaux depuis le 16 janvier?

Adrien Taquet: Je n’ai pas été surpris. Depuis deux ans, je répète les chiffres à la première occasion, inlassablement. Les associations le font depuis encore plus longtemps. C’est formidable, salutaire et courageux qu’on brise le tabou. Il faut désormais s’assurer que la parole continue à se libérer et qu’elle ne referme pas.

Par quoi cet accompagnement de la libération de la parole passe-t-il?

Il faut bien accompagner les personnes qui parlent en ce moment: être auprès d’elles, notamment les amis, les proches et les associations de victimes et il faut faire en sorte que ceux qui n’arrivent pas à parler puissent le faire. Nous avons déjà fait beaucoup en termes de formations et il reste encore à faire, notamment chez les médecins ou pédiatres qui se sentent parfois seuls et dépourvus.

Ils ne sont à l’origine que de 5% des informations préoccupantes. Nous avons créé un référent par département, en cours de déploiement en ce moment. Ces référents sont là pour les accompagner et sont chargés de la formation en CHU ou auprès des personnels d’urgence. On accélère aussi la formation des gendarmes et policiers. D’ici 2022, on aura une unité d’accueil pédiatrique de l’enfance en danger par département. 

Faut-il plus de détection, notamment à l’école?

Au niveau de l’école, on peut aller plus vite et plus loin pour la sensibilisation des enfants aux menaces qui pèsent sur eux. On a aussi ajouté de la formation continue à l’école de la magistrature, ouverte à tous, on a durci les peines pour ceux qui consultent de la pédopornographie... La question des violences sexuelles faites aux enfants, c’est le combat de mon mandat. Il y a eu le plan de lutte contre les violences faites aux enfants de 2019, on travaille à d’autres choses, il faut continuer.

"On peut aller plus vite et plus loin au niveau de l'école"

De nombreuses associations réclament une loi, y êtes-vous favorable?

Une évaluation de la loi Schiappa a été remise au Garde des Sceaux en décembre. On est en train de réfléchir à en tirer les conséquences. Je vois certaines propositions de loi dont une prévoit d’introduire un seuil de non-consentement pour l’inceste à 18 ans (celle d’Isabelle Santiago, sénatrice PS, NDLR). Je me demande si le signal qu’on est émet avec cette proposition, ce n’est pas qu’après 18 ans, il n’y aurait pas de problème... Sur l’inceste, ce n’est pas une question d’âge ni de consentement. Quel que soit l’âge, on ne doit pas avoir de relations sexuelles avec sa famille.

Sur les violences sexuelles faites aux enfants, la question d’un seuil de non-consentement est dans le débat public, à 13 ou 15 ans. Quelle est votre position?

Nous sommes en train d’analyser les différentes solutions apportées par le rapport de la députée Alexandra Louis (LREM, rapport d’évaluation de la loi Schiappa de 2018, NDLR) et l’avis du Haut Conseil à l’égalité (qui préconise un seuil d’âge de non-consentement à 13 ans, NDLR). On prendra des décisions. Les choses doivent évoluer sur la question du seuil d’âge. Si on décide de bouger, il faudra une loi. On verra ensuite le calendrier et le véhicule législatif.

Êtes-vous favorable à un allongement du délai de prescription pour les crimes d’inceste voire à l’imprescriptibilité réclamée par certains?

Nous avons déjà augmenté le délai de prescription de 20 à 30 ans avec la loi Schiappa de 2018, à partir de la majorité de la victime, c’est-à-dire jusqu’à ses 48 ans. Attention à ne pas promettre à des victimes que justice leur sera rendue si on n’a pas assez d’éléments. Nos efforts doivent aussi faire en sorte que la parole se libère et que la justice fasse son œuvre avant 30 ans.

À quoi va servir la commission sur l’inceste que vous avez créée pour une mission de deux ans?

L’idée est de mieux comprendre, mieux appréhender l’inceste dans toute sa complétude. Initialement, la commission n’est pas une mission de conseil du gouvernement, même si elle pourra donner des avis. Nous voulons comprendre l’ampleur du phénomène et lancer la première étude épistémologique en France, sur la base d’entretiens et de données très importantes. Un partenariat est prévu avec un institut de recherche, comme l’INSERM qui travaille beaucoup sur le sujet.

Proche d’Olivier Duhamel, la présidente de la commission que vous aviez nommée, Élisabeth Guigou a démissionné. Savez-vous qui va la remplacer?

Pas encore. Nous avons plusieurs noms en tête. Nous l’annoncerons idéalement fin janvier ou début février.

À voir également sur Le HuffPostProjet de loi Schiappa : Pour les victimes d’inceste, “il ne peut y avoir de consentement d’un mineur”