Metronomy nous livre les secrets de fabrication de leur album “The English Riviera”
“Je voulais faire un disque pour montrer aux gens que je pouvais avoir une carrière (rires).” Dix ans après la parution de The English Riviera, la tête pensante de Metronomy peut dormir sur ses deux oreilles car elle a largement rempli son...
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“Je voulais faire un disque pour montrer aux gens que je pouvais avoir une carrière (rires).” Dix ans après la parution de The English Riviera, la tête pensante de Metronomy peut dormir sur ses deux oreilles car elle a largement rempli son contrat. Figure de proue d’une des formations anglaises les plus en vue de la décennie passée, Joseph Mount s’est replongé dans les arcanes de son plus grand succès pour Les Inrockuptibles. Il revient, morceau par morceau, sur le troisième album de son groupe. Un disque marquant des années 2010.
The English Riviera
Quand j’écris de la musique avec ces sonorités, je suis toujours noyé dans des progressions de cordes mélancoliques. Il y a probablement quelque chose chez les instruments à cordes qui rend tout sérieux.
Cette intro, je sentais qu’elle introduisait bien le thème du disque. Ça donnait un endroit où commencer : sur ce bord de mer apaisant et étrange à la fois. Elle se construit autour d’un son de violon très léger, mais si elle avait été jouée par un orchestre, ça aurait sonné comme une proclamation. Je trouve ce son frêle plus représentatif.
Avec cette introduction, tu comprends ce qui suit et qu’il y aura des morceaux comme The Bay. C’est un point de départ intéressant pour l’album.
We Broke Free
Selon moi, ce morceau existe dans un univers similaire à celui de Corinne. Il a le même son un peu rock, un peu relâché, un peu fou ou un peu jazzy comme sur Some Written. Dans ma tête, ça avait du sens. Imaginons que tu écoutes Nights Out (2008) en pensant “oh, c’est un groupe marrant avec des chansons marrantes”, et tu passes à The English Riviera et tu as ce morceau sérieusement groovy et rock. Si j’étais le public, je serais vraiment excité par ce morceau, je me serais dit : “Wow, ce n’est pas ce à quoi je m’attendais.” Une majeure partie de ma carrière est fondée sur le fait de rester excité par ce que je produis, mais aussi sur l’idée que les gens qui écoutent – du moins je l’espère – auront l’expérience que je souhaite qu’ils aient : la surprise.
Everything Goes My Way
Je pense qu’avec ce titre, j’essayais d’écrire une chanson pop plutôt traditionnelle, avec un arrangement très accessible pour que les gens se demandent : “Qui est cette chanteuse ? Quel est ce groupe ?” Et au moment où ils comprennent que c’est Metronomy, ils deviennent fous. Donc contrairement à l’introduction qui exposait le thème de l’album, l’idée ici était de mettre en place de fausses attentes pour surprendre.
The Look
Je suis tellement content d’avoir écrit une chanson qui a produit un tel effet. Je pense que c’est vraiment inhabituel. Les vieux groupes ont normalement un morceau qui devient leur truc. Mais quand tu y penses, même au moment de sa sortie, le single n’était pas beaucoup joué en radio comme The Bay a pu l’être. Puis il a commencé à prendre de l’importance. Même une personne qui n’aime pas Metronomy – et il y a probablement des gens qui détestent Metronomy (rires) – peut se retrouver avec la mélodie toute simple de The Look en boucle dans sa tête (il chantonne). Parfois, il y a juste des morceaux qui s’accrochent comme ça, ce qui peut être très énervant. C’est une chanson pop étrange et énervante (rires).
She Wants
She Wants est probablement l’une des 1ères chansons que j’ai écrites pour l’album, donc elle a un feeling différent. Sur Nights Out, il y a un morceau qui s’appelle Holiday dans lequel j’ai essayé de vraiment recréer un environnement et un sentiment particuliers, et She Wants est un morceau assez similaire dans le sens où j’ai essayé de traduire en musique un sentiment. Ça va au-delà de “juste” un morceau, car, d’une certaine manière, la production te donne cette sensation de rêve lucide. C’est le 1er titre que j’ai pris sérieusement sur ce disque : “Faisons que les gens aient cette bizarre impression d’être sous substances.”
Trouble
C’est une chanson plus légère. Elle n’a pas le même poids que les autres morceaux du disque. Ça vient peut-être du fait que c’est l’un des titres que j’ai enregistrés à Paris et l’un des derniers à avoir été réalisé pour l’album. C’est un morceau qui est davantage porté sur l’instant présent que le reste du disque. Toujours dans cette idée de juxtaposition des choses pour les rendre surprenantes, il y a un musicien qui s’appelle Peter Drake, c’est un vieux joueur de guitar pedal steel et il utilisait une talk box. La talk box date des sixties, donc ce n’est pas une technologie moderne. Je trouvais intéressante et amusante l’idée d’utiliser cet instrument en dehors de son contexte original dans un morceau plutôt acoustique.
The Bay
Quand tu fais un album, il y a toujours des chansons que dès que tu commences, tu sais qu’elles feront un bon single. Tu sens qu’elles ont quelque chose de spécial. Pour The Bay, on a senti que ça pouvait devenir un single, mais pas vraiment avant le mix du morceau. Le communiqué de presse de The English Riviera à l’époque disait quelque chose comme “Daft Punk rencontre The Eagles” et je pense que j’essayais de faire sonner The Bay comme du Daft Punk, ou en tout cas d’avoir cette french touch. C’était une chanson très difficile à faire. Les seules choses qui ont permis que ça avance sont le refrain et le solo de guitare à la fin, mais toutes les paroles ont énormément changé ou bougé. C’est le cas de toutes ces chansons où tu sais qu’elles ont du potentiel mais que tu n’arrives pas à extraire facilement. Tu as besoin de trouver le bon “esprit” du morceau.
Pendant un long moment on l’a appelé Onward et on y parlait de se rendre à Hollywood, mais c’est vraiment au moment où le morceau est devenu à propos de la Riviera anglaise que j’ai réalisé que ce serait le morceau qui cristallisait l’idée de l’album. C’est là que c’est devenu facile.
Loving Arm
J’essayais d’avoir sur le disque un morceau qui avait une sorte d’“atmosphère de synthétiseurs”, un son plus électronique. Je me rappelle qu’à ce moment-là j’étais obsédé – et je le suis toujours – par Stevie Wonder. Quand tu essayes de faire un disque brillant, tu dois essayer de copier Stevie Wonder (rires). A l’époque, j’avais essayé de faire vivre cette chanson dans le même monde que celui de Pastime Paradise, celle que Coolio a samplé pour Gangsta’s Paradise. J’essayais de lui donner ce sentiment eastern, étrange et mystique.
Corinne
Quand je venais de finir l’album, Emmanuel de Buretel (le fondateur du label Because, ndlr) voulait un autre single (rires). C’est toujours ainsi avec les présidents de label. C’est une chose plus facile à dire qu’à faire, mais ils prendront toujours le crédit pour ça (rires). J’ai donc écrit Corinne. Pour les gens qui écoutent cette chanson, ils la voient sûrement comme un authentique morceau de Metronomy. De la même manière que les fans aiment On The Motorway sur Nights Out.
Un utilisateur de Genius explique que ce morceau est une métaphore de l’addiction à la cocaïne, c’est vrai ?
Je ne te dirai pas si c’est vrai ou pas (rires). Non c’est faux, mais l’autre jour je parlais avec quelqu’un de ce phénomène. Si tu décides qu’un morceau est à propos de quelque chose, tu peux jouer avec les mots pour leur faire dire ce que tu veux. Je n’ai pas écrit celui-ci à propos de la cocaïne, mais il pourrait être à propos de la cocaïne, pourquoi pas (rires).
Some Written
Dans ce morceau, c’est toujours cette idée de l’album concept ou de l’album classique qui revient. Dans ces disques, il y a toujours une chanson où tu te libères, et c’est ce que je voulais faire : un morceau jazzy – presque une balade ou un morceau de bar à cocktails – où tu te livres de la même manière que Stevie Wonder ou Chick Corea. Il y a cette idée de plaisir de jouer de la musique à plusieurs, et c’est ce qui sous-tend ce morceau.
Love Underlined
C’est marrant car quand on a terminé puis publié The English Riviera, Metronomy était toujours le même groupe qui avait sorti Nights Out, nous étions encore un petit groupe. Et là, dix ans plus tard, The English Riviera a été un énorme succès pour nous et on discute de pourquoi j’ai choisi ce morceau en particulier, un peu bizarre, qui rappelle Nights Out, pour clôturer l’album. C’est fou.
C’est peut-être un titre un peu plus pompeux mais, pour moi, il vit dans le même monde que les autres morceaux du disque. Mais la réalité c’est qu’à l’époque ça semblait juste être la bonne chose à faire (rires).
L’édition dixième anniversaire
Quand Ash (Workman) et moi avons fouillé les archives de cet album, il y avait beaucoup plus de matière que ce que nous avions cru. Et on est retombés sur Picking Up For You que Ash aimait à l’époque mais je ne le trouvais pas fini. Les 6 titres bonus sur la réédition anniversaire sont des morceaux que j’ai voulus à un moment de l’enregistrement de The English Riviera. Mais The Ballad Of The 17 Year Old, par exemple, sonnait bizarre dans le tracklisting. Pour Jazz Odyssey, c’est le 1er morceau que j’ai composé sur un vrai piano à l’âge de 11 ans. Friends est la chanson qui aurait le plus probablement dû être sur l’album, mais je n’étais jamais convaincu par le résultat final. Maintenant que je la réécoute, je me dis qu’elle aurait dû être dessus, c’est un bon morceau. Dans ces archives, il y a aussi Aquarius, qui était dans le même fichier qu’une démo de I Am Aquarius, l’un des singles de Love Letters.