Mieux qu'un revenu universel, nous appelons à la création d'une garantie universelle d'emploi

Depuis quelques années la mise en place du “revenu de base” ou d’un “revenu universel” a été posée dans le débat public, prétendant par ses défenseurs de gauche lutter contre le creusement des inégalités et la précarisation de millions de Français.es...

Mieux qu'un revenu universel, nous appelons à la création d'une garantie universelle d'emploi

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Cette photo prise le 29 avril 2021 montre une pancarte affichée à l'entrée d'une agence nationale

Depuis quelques années la mise en place du “revenu de base” ou d’un “revenu universel” a été posée dans le débat public, prétendant par ses défenseurs de gauche lutter contre le creusement des inégalités et la précarisation de millions de Français.es privé.es d’emploi, voire permettant l’émancipation des travailleurs et travailleuses.

Il prétend régler la question du partage des richesses produites en supprimant les aides sociales mais aussi en faisant l’impasse sur l’injustice avérée de notre système d’imposition actuel: dégressif plutôt que progressif. 

Je m’interroge sur la finalité réelle d’un revenu universel: simplifier et réduire le montant des aides sociales actuelles ou organiser le partage des richesses? La 1ère condition qui permettrait de discuter sérieusement du revenu de base serait donc d’établir une fiscalité progressive et réellement redistributive, ce qu’elle n’est plus depuis des décennies.

Revenu universel: quel montant et quel financement?

Mais la question majeure reste bien le montant proposé pour ce revenu universel et de fait, son financement. S’il prétend être émancipateur d’emplois mal rémunérés, le revenu ainsi garanti doit être d’un montant suffisant, au moins égal au seuil de pauvreté (environ 1000 €/mois) pour permettre une vie décente et ne plus subir le chantage aux bas salaires. Sinon ce sont bien les employeurs qui profiteraient de l’effet d’aubaine de revenus déjà pour partie payés par la collectivité pour s’offrir de la main d’œuvre à bon compte, et toujours aussi mal payée. Ce rapport de domination de l’employeur sur l’employé ne pouvant se renverser qu’à la condition d’un nombre d’offres d’emploi supérieur aux nombres de demandeurs... Par ailleurs, cette condition de montant suffisant rend à ce jour le financement de la mesure irréaliste, estimé à environ 550 milliards d’euros à l’échelle nationale; ce fut d’ailleurs l’écueil habilement esquivé par la proposition (non financée) de Benoît Hamon en 2017. 

 

Je m’interroge sur la finalité réelle d’un revenu universel: simplifier et réduire le montant des aides sociales ou organiser le partage des richesses?

 

Je note par ailleurs que parmi les postulats de départ, les propositions “de gauche” évoquent également le choix ainsi offert à chacun de s’extirper de l’emploi salarié ou du chômage pour mener ses projets, libéré.e de la contrainte financière (retour au montant suffisant…). Ceci est une fausse réalité que chacun peut vérifier dans son entourage. Tout d’abord le principal désir des privé.es d’emploi c’est bien d’en décrocher un, pour retrouver certes, un revenu, mais aussi une utilité sociale, un cadre pour développer des compétences ou encore avoir des relations avec les autres. C’est aussi vrai pour les jeunes entrants dans la vie active souvent cités dans ces projets: ils n’aspirent qu’à trouver un emploi correctement rémunéré, utile et intéressant, en lien avec leurs qualifications et permettant de s’émanciper du foyer familial.

Diminuer le temps de travail à 4 jours par semaine

La quasi seule question valide de ce débat est la centralité du travail dans nos vies, le partage de la richesse ainsi produite et donc la mutualisation du temps de travail dans un système dont la productivité n’a jamais été aussi élevée. Il conviendrait donc de poser rapidement la question de la diminution légale du temps de travail à 4 jours par semaine et 28h, 1ère mesure d’émancipation collective. 

Alors comment répondre aux questions initiales, posées comme pierres angulaires de la réflexion: lutter contre le creusement des inégalités, l’accaparement des richesses par un nombre sans cesse plus réduit au détriment du grand nombre et lutter contre la précarisation de 4,5 millions de privés d’emplois (chômeurs de catégorie A)?

Un emploi garanti avec un salaire au smic

Je pose ici la proposition simple et finançable d’une garantie universelle d’emploi, assurée en dernier ressort par l’État et/ou les collectivités locales et proposée à tous les privés d’emplois, prenant ainsi en compte leur 1ère demande: retrouver du boulot. 

Un emploi garanti et donc un salaire au smic qui se substituerait de fait aux allocations chômage précédemment versées, voilà donc une conquête sociale qui, contrairement au “revenu universel” et autre “revenu de base”, n’a pas sa version “de droite”, et pour cause! Pour autant cette mesure de l’emploi garanti par la puissance publique, emblématique de ce qu’une république sociale doit proposer de solidarité et de partage des richesses, a déjà existé en 1929 aux États-Unis d’Amérique, sous la présidence de F.D. Roosevelt, pour faire face au chômage de masse. Je la porte à nouveau avec mes collègues causementaires de la France Insoumise, nous avons déposé un texte de loi sur la garantie universelle d’emploi qui sera débattu le 6 mai prochain à l’Assemblée nationale. 

Le financement d’un tel dispositif n’est donc à trouver que pour la différence entre allocations et salaires. À l’échelon national la mesure pourrait coûter moins de 80 milliards/an selon plusieurs estimations convergentes, soit 5 fois moins qu’un revenu universel insuffisant et à peine le montant de l’évasion fiscale de riches séparatistes, et cela avant même d’en retirer le montant des allocations chômage (40 milliards €) et prestations sociales (RSA, 10 milliards €) économisées! Il reste à peine 30 milliards à financer: de façon simple, récupérons déjà les 20 milliards de CICE qui ont permis au maximum de “préserver” 100.000 emplois (source: France Stratégie) et ont surtout financé les pin’s du MEDEF “1 millions d’emploi”!

 

La question est la centralité du travail dans nos vies, et donc la mutualisation du temps de travail dans un système dont la productivité n’a jamais été aussi élevée.

 

Pour le département de la Gironde, à l’opposé d’une expérimentation de pseudo revenu universel récemment médiatisée, il serait ainsi proposé immédiatement un emploi public à tous les chômeurs de 18 à 25 ans pour participer à des tâches d’intérêt général. Par exemple pour la bifurcation écologique, la formation ou encore l’accompagnement vers le numérique: remise en état de friches industrielles, rénovation thermique, formation aux mobilités douces dans les collèges, accompagnement scolaire, mise à disposition d’éducateurs pour les clubs sportifs ou culturels, déploiement de la fibre, accompagnement des seniors vers le numérique, etc

Une solution bien plus ambitieuse que la proposition d’une allocation plafonnée pour quelques jeunes et indexée aux revenus des parents, ersatz de RSA opportunément rebaptisé “revenu universel”.

Le temps n’est plus au renoncement, je propose une conquête sociale qui allierait bifurcation écologique, progrès humain et émancipation de notre jeunesse: vite passons à la garantie universelle d’emploi!

 

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