Mon congé maternité est terminé mais je suis toujours chez moi avec mon bébé - BLOG
CONGÉ PARENTAL - À quoi ressemble un retour de congé maternité sans retour au bureau? Voilà une question à laquelle j’espérais ne pas devoir répondre. Après tout, j’ai accouché lors de la première vague, et à l’époque, j’imaginais que le monde...
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CONGÉ PARENTAL - À quoi ressemble un retour de congé maternité sans retour au bureau? Voilà une question à laquelle j’espérais ne pas devoir répondre. Après tout, j’ai accouché lors de la première vague, et à l’époque, j’imaginais que le monde tournerait à nouveau rond en janvier 2021.
Comme toutes les “mamans COVID”, j’ai connu des moments de joie intense cette année, mais j’ai aussi passé beaucoup de temps à battre le pavé, épuisée, seule avec un nouveau-né, un banc pour seule table à langer ou lieu d’allaitement. Et maintenant, je me retrouve à devoir gérer un autre rite de passage: le retour au travail, mais sous le prisme de la pandémie.
Tout mener de front, un désir
J’ai la chance d’avoir été entourée de mères qui travaillent tout au long de ma carrière, et d’avoir été élevée par l’une d’entre elles. Mener de front carrière et maternité semblait difficile, mais c’était également quelque chose à quoi j’aspirais.
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“J’ai vraiment commencé à apprécier la maternité lorsque j’ai recommencé à travailler, m’a un jour dit une amie. Tu as moins de temps, mais tu gagnes en efficacité”.
Une collègue est revenue de son second congé maternité en affichant la plus belle garde-robe de tout le bureau, et nous a confié qu’elle préparait tous ses vêtements de travail et les laissait dans la chambre d’amis le dimanche soir. J’apprécie la compagnie de mon fils, mais moi aussi, je m’imagine sélectionner une tenue inadaptée aux doigts crasseux et au vomi de bébé, pour ensuite monter à bord d’un métro bondé et profiter de l’étrange sensation de légèreté que l’on ressent lorsqu’on n’est pas pendue à un landau.
Et puis le confinement
Puis la COVID est arrivée. Les optimistes étaient encore majoritaires. Mon partenaire a pris deux mois de congé parental partagé, ce qui lui permet de s’occuper de notre fils chez nous pendant que je travaille. On m’a dit que j’adorerais câliner mon bébé entre deux réunions. Que je pourrais continuer à allaiter pendant ma journée de travail. Toutes celles qui ont passé des appels professionnels, la caméra de l’ordinateur inclinée vers le haut pour cacher la petite créature en train de prendre son repas sur leurs genoux, savent que c’est loin d’être idéal. Mais je voulais y croire. Après tout, de nombreux parents adorent travailler de chez eux, et apprécient la flexibilité dont ils bénéficient pour jongler entre enfants et carrière.
Lors de ma reprise, après Noël, je suis montée m’enfermer au grenier, un peu comme une Madame Rochester des temps modernes. Alors que mon fils me regardait en gazouillant depuis la table du petit-déjeuner, cette culpabilité ancestrale de la mère qui travaille était bien présente, et ce, même si je n’étais finalement séparée de lui que de quelques marches. J’avais décidé de m’habiller pour travailler, ce qui avait fait rire mes collègues, tous déjà vétérans du télétravail. Mais après huit mois sans me maquiller ni porter de tailleur, j’avais besoin de duper mon cerveau en lui faisant croire que j’étais capable de laisser mon identité domestique derrière moi, même sans quitter la sphère privée.
Ces petits trucs ont leur importance. Comme beaucoup (mais pas tous), discuter avec un collègue en prenant un café me manque, tout comme m’apercevoir dans le miroir des toilettes, habillée en working woman. Chez moi, j’ai endossé une identité différente de celle que j’ai laissée au bureau, et je ne sais pas encore bien comment les faire cohabiter. Le premier jour de réunions n’a fait qu’accentuer ce sentiment de confusion. Mon équipe, assidue et exténuée par une année épuisante de couverture médiatique, espérait me voir revenir avec un “souffle nouveau” et des “idées fraîches”. Mais après huit mois à m’occuper d’un bébé dans un monde entièrement fermé, j’étais aussi fatiguée qu’eux.
Le silence est ce qu’il y a de plus étrange. J’ai longtemps rêvé d’un moment de paix. Je n’aurais jamais cru tant aimer la maternité, mais ne jamais être seule finit par peser. En pleine pandémie, personne n’est là pour prendre le bébé et vous laisser tranquillement prendre une douche ou boire votre thé avant qu’il ne refroidisse. Me retrouver soudainement seule, avec pour unique bande-son le bruit des touches de mon ordinateur, a été un véritable choc. Dès le deuxième jour, une radio – allumée– trônait fièrement sur mon bureau.
Est-ce mieux ou pire de revenir d’un congé maternité dans le contexte actuel?
Pour moi, c’est difficile à dire.
Si nous avons tous pu aiguiser notre résilience en 2020, l’aptitude à encaisser la déception est quelque chose que les nouvelles mères de 2020 ont encore davantage pratiqué. Après avoir accouché au cours de la pandémie, entourée de gens masqués, ne pas pouvoir enfiler mes chaussures préférées pour aller travailler ni m’acheter un café à emporter en chemin ne semblait pas si important. Entendre votre bébé pleurer quand vous êtes occupée, au travail, sans pouvoir aller le consoler, vous rappelle ces jours où vous arpentiez les rues vides avec un landau, où vous pleuriez d’épuisement sur un banc en essayant de donner le sein à un nouveau-né affamé.
Beaucoup de mères sont obligées de reprendre le travail pour des raisons économiques. Je suis plutôt chanceuse, j’aime mon travail, je dispose d’une pièce séparée pour m’y consacrer, et mes collègues sont devenus des amis. Et après des mois d’heures et de jours tous semblables, à m’occuper d’un tout petit bébé en confinement, j’avais hâte de retrouver la structure et la compagnie de ma vie professionnelle.
Pourtant, les choses sont différentes dans ce contexte pandémique. Toutes les mères qui travaillent connaissent bien cette sensation d’identités multiples et conflictuelles, mais la COVID nous a confisqué les outils qui facilitent normalement la transition vers ce nouveau moi hybride. Comme me l’a un jour dit une femme: “Bien qu’elle soit parfois difficile à gérer, la distance physique est, avec le recul, extrêmement importante pour permettre la distance mentale. Reprendre possession de cette partie de soi est très important.”
Pour l’instant, si je caresse parfois l’idée de quitter mon fils pour monter dans un train bondé chaque matin, en profitant de moments volés rien qu’à moi avant d’arriver au travail, j’essaie aussi de me rappeler le trajet retour après une longue journée. Et à chaque fois que mon cœur se serre lorsque, lorsque j’entends un bruit en bas et que j’essaie de faire bonne figure au cours d’une réunion, je chéris le cadeau inattendu d’être présente chaque soir pour un moment câlin avant que mon fils ne s’endorme.
Publié à l’origine sur Le Huffpost britannique, cet article a été traduit de l’anglais.
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