Montebourg candidat? La gauche oscille entre moqueries et mains tendues

POLITIQUE - Arnaud Montebourg, le retour. Après plusieurs mois de suspense en forme de bande annonce, l’ancien ministre de François Hollande va se lancer dans le troisième acte de sa trilogie politique: une nouvelle campagne présidentielle,...

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Montebourg candidat? La gauche perplexe entre

POLITIQUE - Arnaud Montebourg, le retour. Après plusieurs mois de suspense en forme de bande annonce, l’ancien ministre de François Hollande va se lancer dans le troisième acte de sa trilogie politique: une nouvelle campagne présidentielle, après ses expériences malheureuses aux primaires socialistes de 2012 et 2017. 

Le chantre du “made in France” rassemble ses soutiens ce samedi 4 septembre, à Clamecy, sa ville natale, dans la Nièvre, pour annoncer sa candidature, sauf ultime -et inattendu- changement de pied. Son projet? Mettre “le mouvement du retour à la terre” au pouvoir, selon ses mots dans le Journal du Centre, le 31 août dernier. Car pour lui, “l’avenir du pays passera par ces petites villes, ces sous-préfectures qui sont aujourd’hui écrasées économiquement et oubliées politiquement.”

En revanche, l’ancien socialiste refuse, cette fois-ci, de se lancer dans une quelconque primaire. Retiré de la vie politique depuis 2017, Arnaud Montebourg, entend se présenter “sans parti”. Mais s’il peut compter sur plusieurs soutiens, à l’image de la sénatrice PS Laurence Rossignol, dans cette aventure, sa candidature suscite davantage d’ironie ou de perplexité à gauche, que d’enthousiasme. 

Opération relativisation

Il y a ceux, comme le porte-parole de la candidate écolo Sandrine Rousseau pour qui cela n’apportera pas grand-chose au débat. “Avec tout le respect qu’on peut avoir pour la personne et certains de ses combats, c’est un non-événement”, estime ainsi Thomas Portes, qui reproche à l’ancien ministre reconverti dans le miel et les amandes, “tout ce storytelling, un jour candidat, un jour pas candidat, en fait si je suis candidat...”

Même tonalité du côté de la France insoumise, qui se fait, malgré tout, discrète sur le cas de l’ancien ministre. “Ce ne sera jamais que la troisième fois qu’il se déclarera. Il y a le Montebourg de janvier, celui d’avril, celui de septembre...”, s’amusait le député Alexis Corbière auprès de l’AFP, pas vraiment inquiet avant le rendez-vous de Clamecy. 

Derrière ces réactions un brin moqueuses, les états-majors doutent plus sérieusement de la capacité du Nivernais à aller au bout de son aventure. Au PS, on préfère mettre en avant la candidature -très probable- d’Anne Hidalgo, “extrêmement soutenue, avec un parti derrière elle, un réseau d’élus locaux, des militants pour mener campagne” pour mieux pointer la solitude de l’ancien ministre dans sa démarche. “C’est moins évident pour Arnaud Montebourg”, souffle un cadre du parti à la rose et au poing.

“Le juge de paix, c’est les 500 signatures déposées devant le Conseil constitutionnel”, rappelait de son côté Julien Bayou, le patron des écolos le 20 août dernier dans les colonnes du Monde, tout en s’attachant à relativiser le poids de l’ancien ministre du Redressement productif: “tout le monde va sortir la truffe, c’est normal, c’est la saison.”

“Il aurait dû être à nos côtés”

D’autant que Montebourg, lui-même, laissait planer le doute sur ses forces avant de se décider pour cette rentrée. “Je n’ai pas les ressources personnelles et financières” pour être candidat, expliquait-il au Parisien au début du mois de juin dernier. Un été plus tard, les choses ont visiblement changé: la question du financement de la campagne est en passe d’être réglée, assure son entourage à l’AFP. Quant aux soutiens, il n’y aura pas de “course à l’échalote” pour des ”élus qui n’ont d’impact qu’auprès des politiques et des médias.” 

L’ancien avocat, crédité de 5% des intentions de vote dans les quelques sondages qui l’ont testé veut donc toujours y croire. Preuve en est, nombreux sont ceux, au-delà des réactions ironiques, à lui tendre la main, dans un contexte de concurrence extrême à gauche, entre LFI, les Verts, Anne Hidalgo et le communiste Fabien Roussel. “Plus il y a de candidatures, plus les chances d’accès au second tour baissent”, regrette ainsi Thomas Portes, le proche de Sandrine Rousseau.

"Les candidatures d'Arnaud Montebourg et d'Anne Hidalgo, avec leurs parcours, leurs thèmes différents, pourraient être complémentaires"Un cadre du PS

D’autant que ces ambitions foisonnantes réduisent l’espace politique de l’ancien ministre. Avec sa ligne mêlant patriotisme économique et réindustrialisation tous azimuts, il pourrait bien faire de l’ombre à la candidature communiste, la 1ère depuis 2007, laquelle entend déjà braconner sur les terres de Jean-Luc Mélenchon. “S’il est si proche de nos idées, je l’invite à se ranger derrière moi”, s’amusait Fabien Roussel, le 24 août dernier, lors d’une rencontre avec la presse, sans s’épancher sur ses points de désaccords ou d’achoppements avec l’ancien socialiste tendance aile gauche.

Et il n’est pas le seul à louer une forme de proximité. “Il aurait dû être à nos côtés”, estime également Alexis Corbière. “Il voit que Mélenchon est un peu plus bas et il pense qu’il peut nous faire les poches. Il teste...”, explique le député Insoumis de Seine-Saint-Denis à l’AFP, ajoutant: “J’espère que ça ne va pas finir en soutien au PS”. 

L’avocat devenu entrepreneur, futur soutien de poids pour la maire de Paris? La formation menée par Olivier Faure regarde, en tout cas, cette perspective avec gourmandise. “Les candidatures d’Arnaud Montebourg et d’Anne Hidalgo, avec leurs parcours, leurs thèmes différents, pourraient être complémentaires”, veut croire un cadre du Parti socialiste, alors que les deux se sont parlés avant l’été, sans se dévoiler.

S’il décidait de jeter l’éponge avant le printemps 2022, l’ancien ministre de François Hollande aura donc l’embarras du choix question casting. Mais rien n’indique qu’il souhaite jouer les seconds rôles, que le tapis soit rouge ou rose. 

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