"Montjoie Saint Denis": d'où vient l'expression lancée par l'agresseur de Macron
POLITIQUE - “Montjoie Saint Denis! À bas la Macronie”. C’est en criant ces mots qu’un homme a giflé Emmanuel Macron ce mardi 8 juin lors d’un déplacement à Tain-l’Hermitage dans la Drôme. Un slogan directement issu de l’histoire royaliste française. Si...
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POLITIQUE - “Montjoie Saint Denis! À bas la Macronie”. C’est en criant ces mots qu’un homme a giflé Emmanuel Macron ce mardi 8 juin lors d’un déplacement à Tain-l’Hermitage dans la Drôme. Un slogan directement issu de l’histoire royaliste française.
Si ”à bas la Macronie” fait directement référence au mouvement initié par l’actuel président de la République, l’origine de “Montjoie Saint Denis” est bien plus discutée. Elle apparait cependant de façon distincte sur les anciennes armoiries de France.
Après l’agression d’Emmanuel Macron, le député LFI Eric Coquerel a souligné que ce même slogan avait été utilisé lors de “son agression par le groupuscule d’extrême droite Action Française”. Faisant ainsi un lien entre la gifle donnée au président et les partisans d’une ligne royaliste d’extrême droite, notamment au vu de l’histoire de ce slogan.
Montjoie ! Saint Denis ! est le cri de guerre des rois de France, présent sur les armoiries de France et de Navarre. pic.twitter.com/JcVVRsfiom
— ????NΦstalGeek #JLM2022 cl.3 (@_NostalGeek_) June 8, 2021
Une idée de la défense du pays
L’historienne Anne Lombard-Jourdan (1909-2010), spécialiste de l’histoire de la Plaine Saint-Denis de l’Antiquité à l’époque contemporaine, souligne la complexité étymologique du terme “Montjoie” et donc ses multiples significations possibles.
Elle estime cependant que “en ce qui concerne Munjoie!, Montjoie et montjoie, l’escorte des sens dérivés corrobore le sens 1er de ‘Protège-pays’”, écrit l’historienne en conclusion d’un article paru en 1993 sur le sujet. Pour appuyer cette hypothèse, elle évoque tout d'abord la définition géographique ancienne du terme "monjoie": un monceau de terre pour rappeler quelque événement important, en l'occurrence celui près de Saint-Denis où fut décapité le 1er évêque de Paris dans la tradition chrétienne. Mais elle fait aussi le lien avec le la personnalité d'un dieu protecteur païen, que les Francs se sont réappropriés et ont renommé .
Cette idée de protection se retrouve dans l’encyclopédie Larousse qui définit “Montjoie” comme le “cri de ralliement des troupes du roi de France, apparu au XIIe siècle”.
Une idée reprise et popularisée dans le film “Les Visiteurs” avec Jean Reno.
«Montjoie Saint-Denis...» Les Visiteurs #Macron#Giflepic.twitter.com/zeB44WTlXE
— Destination Ciné (@destinationcine) June 8, 2021
Le terme apparait à de multiples reprises dans la Chanson de Roland (XIe siècle) où une “relation étroite” est établie entre le cri de guerre “Montjoie”, l’oriflamme (l’étendard de Charlemagne, NDLR) de l’abbaye de Saint-Denis adoptée par les rois de France à partir du XIIe siècle et l’épée de Charlemagne, présentée comme “protectrice” et chargée de la défense du territoire et de la lutte contre les envahisseurs, précise l’historienne.
L’ajout du terme Saint-Denis peut être compris comme une référence directe à la figure du 1er évêque de Paris, décapité au IIe siècle et perçu comme le “Protecteur” de la Gaule.
″C’est vers lui qu’on se tourna désormais pour obtenir du secours sur le champ de bataille. Mais les combattants restèrent fidèles au vieux cri héroïque Munjoie!, répété automatiquement comme une formule magique à l’efficacité de
laquelle le moindre changement aurait nui. (...) C’est ainsi que naquit d’abord le nouvel appel: “Montjoie et saint Denis’”, où l’apôtre des Gaules venait seconder le “Protège-pays””, note Anne Lombard-Jourdan.
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