“Moonfall” : que se cache-t-il derrière le sublime déluge d’effets spéciaux ?

Si la grande peur des héros du plus fameux des villages gaulois était que le ciel leur tombe sur la tête, le cinéma catastrophiste s’était jusque-là peu nourri d’une telle inquiétude, à l’exception de taille de Melancholia de Lars Von Trier....

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Si la grande peur des héros du plus fameux des villages gaulois était que le ciel leur tombe sur la tête, le cinéma catastrophiste s’était jusque-là peu nourri d’une telle inquiétude, à l’exception de taille de Melancholia de Lars Von Trier.

Or le cinéma nous a récemment offert – le jour de Noël avec Don’t Look Up : Le Déni cosmique d’Adam McKay et ce 9 février avec Moonfall de Roland Emmerich – deux récits dans lesquels l’apocalypse survient par la dangereuse trajectoire d’un corps céleste. La généalogie du nouveau film de l’auteur du Jour d’après (2012) se situe quelque part entre le film de Trier et celui de McKay. 

Un film d’artificier

De Melancholia, Moonfall reprend le motif d’une Lune qui vient souffler la surface terrestre tandis qu’il partage avec Don’t Look Up la figure du scientifique lanceur d’alerte, mais dont la parole est inaudible par les pouvoirs publics, qui voient leur sauvetage dans l’arme nucléaire ou la technologie de pointe. Fables écologistes, les deux films lient la question de la survie de l’humanité à celle de la croûte terrestre et dénoncent un aveuglement général. 

Mais il s’en détache aussi, tant esthétiquement que sur le fond. Pur film d’artificier comme Emmerich sait les faire, Moonfall n’a pas grand chose à voir avec la comédie satirique ou le film d’auteur en grandes plombes. Son compte à rebours n’a de sens que comme prétexte à un déluge d’effets spéciaux assez sublimes, à l’image d’une vague géante qui se déploie, sous l’effet de l’attraction lunaire, en volutes de gouttes d’eau titanesques. Le gros point faible du film étant la paresse et l’incapacité d’Emmerich à filmer autre chose que cette pétaradante déflagration de CGI. 

Le salut par la déconnexion

Derrière cette vision du cinéma comme une boule neigeuse que le cinéaste agite avec la jouissive frénésie d’un enfant, le film creuse un sillon techno-sceptique surprenant et en porte-à-faux vis-à-vis de ses qualités d’objet de pure technologie cinématographique. Si ce renversement du film le replace sur les rails convenus de Matrix (la lutte homme-machine), il lui donne une teneur idéologique qui va plus loin que le film de McKay. 

Outre le scientifique lanceur d’alerte, incarné par John Bradley-West (découvert dans Game of Thrones), les deux autres héros·ïnes du film sont deux astronautes, joué·es par Halle Berry et Patrick Wilson, ce dernier ayant la particularité de savoir piloter un vaisseau manuellement, sans l’aide de la technologie. Il y a dans Moonfall cette idée que le salut viendra d’une brutale déconnexion, d’une capacité à se passer de l’intelligence artificielle. On pense à cette scène où l’astronaute écrase rageusement un téléphone portable, avant que son propriétaire lui signale qu’il aurait simplement pu l’éteindre. On n’aurait pas imaginé trouver un appel à une ascèse du progrès dans un film qui n’est que protubérance technique. 

Moonfall de Roland Emmerich. En salles le 9 février.