Mosquée de Strasbourg: les accusations d'islam politique rejetées par ses promoteurs

RELIGION - L’association Millî Görüs, porteuse d’un projet controversé de mosquée à Strasbourg, a vivement récusé ce mardi 6 avril les accusations “infondées” d’allégeance à Ankara ou de “séparatisme”, lors d’une conférence de presse.Se disant...

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Le projet de construction de la mosquée de Strasbourg le 6 avril 2021

RELIGION - L’association Millî Görüs, porteuse d’un projet controversé de mosquée à Strasbourg, a vivement récusé ce mardi 6 avril les accusations “infondées” d’allégeance à Ankara ou de “séparatisme”, lors d’une conférence de presse.

Se disant “particulièrement affecté” par les “nombreuses accusations” portées contre le projet de construction de la mosquée “Eyyub Sultan”, le président du lieu de culte en construction et de la Confédération islamique Millî Görüs Est (CIMG) Est, Eyüp Sahin, a estimé que cela n’était “pas tolérable dans un grand pays comme la France”.

Le vote par le conseil municipal de Strasbourg, le 22 mars, du “principe” d’une subvention de 2,5 millions d’euros pour la construction de cette mosquée a déclenché la colère du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Celui-ci a reproché à la maire écologiste Jeanne Barseghian de financer une “ingérence étrangère”, celle de la Turquie, sur le sol français.

Il a également reproché à Millî Görüs de ne pas avoir signé en janvier la “Charte des principes de l’islam de France”, texte ratifié par seulement cinq des neuf fédérations composant le Conseil français du culte musulman (CFCM).

“Nous avons été décriés tantôt comme étant des personnes instrumentalisées par des gouvernements étrangers, tantôt comme des personnes qui utilisent la religion pour faire de la politique”, a déploré Eyüp Sahin, qui s’exprimait aux côtés de représentants du Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF) et Foi et Pratique, deux associations qui ont également refusé de signer la Charte.

Représentant du CCMTF Alsace, Murat Ercan a lu une “déclaration de principe” des trois organisations proclamant notamment leur “adhésion aux principes de la République” et leur “rejet” de “l’influence des Etats étrangers”.

Les trois associations avaient déjà publié en janvier un communiqué commun pour justifier leur rejet de la Charte.

“Ça suffit, l’instrumentalisation de notre religion à des fins politiques!”, s’est agacé Hamadi Hammami, président de Foi et Pratique. “Vous avez en face de vous des citoyens français de confession musulmane (...) Nous sommes bien dans nos baskets en tant que Français”.

Les “accusations d’islam politique sont fausses”

“La Charte provisoire n’a aucune valeur juridique”, a poursuivi Fatih Sarikir, président de la CIMG France, estimant que le “niveau de désinformation a atteint son paroxysme à travers les déclarations” de Gérald Darmanin lors du vote du “principe” de la subvention à la mosquée.

“Nous avons été qualifiés d’ennemis du vivre-ensemble” ou “de la République”, s’est encore ému Eyüp Sahin, relevant que “certaines voix avaient réclamé la dissolution (de Millî Görüs), d’autres, notre retour au pays de nos parents”.

La CIMG est “une association franco-française, indépendante et qui n’est rattachée à aucun Etat”, a-t-il répliqué. “Nous ne sommes pas comptables de ce qui se passe dans notre pays d’origine”.

Quant au financement du projet, il est, selon lui, “transparent”.

Les “accusations d’islam politique sont fausses, infondées et nous les rejetons avec force”, a encore insisté Eyüp Sahin, assurant que les promoteurs de cette mosquée n’étaient pas un “parti politique” et n’avaient pas de “projets” ou d’“agenda” politiques.

Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a estimé jeudi que Millî Görüs allait ”à l’encontre des valeurs de la République” et n’avait “pas vocation à organiser des activités, à exister dans la République”, sans toutefois annoncer la dissolution de cette organisation.

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