Musique : nos 15 révélations à suivre en 2024

AnNie .Adaa Malgré la diversification de l’offre et la course à l’originalité, rares sont les acteur·rices du rap français qui semblent faire cavalier seul ou esquivent véritablement toute tentative de catégorisation. Si AnNie .Adaa est tout...

Musique : nos 15 révélations à suivre en 2024

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AnNie .Adaa

Malgré la diversification de l’offre et la course à l’originalité, rares sont les acteur·rices du rap français qui semblent faire cavalier seul ou esquivent véritablement toute tentative de catégorisation. Si AnNie .Adaa est tout de même personnellement lié à Wallace Cleaver (autre espoir du rap francophone) via le crew HPA MOB ou à quelques producteurs aventureux comme 23wa ou Roseboy666, sa musique chasse sur tous les territoires possibles et imaginables du rap. La spiritualité et les rythmiques du rap UK, l’horrorcore, l’insondable tristesse autotunée de PNL, les expérimentations bruitistes et électroniques de l’abstract hip-hop ou même une certaine idée de la synthpop, tout se télescope sur son superbe 1er album Qu’aujourd’hui ne meure jamais. Un chaud-froid contenu dans son nom de scène qui associe le nom de sa grand-mère à un mantra rageur et revendicateur (“All dogs are allowed”, l’acronyme d’Adaa) et qui prend tout son sens sur scène, où le rappeur-producteur excelle. Théo Dubreuil

Cumgirl8

Celles et ceux qui ont eu la chance de les voir en novembre dernier lors du Pitchfork Music Festival de Paris ne sont pas près d’oublier la performance de ces quatre sauvageonnes new-yorkaises – et pas seulement parce que deux d’entre elles ont joué quasiment topless. Au-delà de leurs dégaines trash, Veronika Vilim, Lida Fox, Avishag Cohen Rodrigues et Chase Lombardo réveillent les consciences avec leur art punk féministe et abrasif, qui prend de toute évidence un malin plaisir à tourner en dérision le capitalisme, le puritanisme et le patriarcat. Chez ce quatuor venu de Manhattan et récemment signé chez le label 4AD, on décèle des échos de Siouxsie, The Slits, Au Pairs, ou encore Peaches, comme en témoigne leur EP dévoilé en août, Phantasea Pharm, et son single tranchant, Cicciolina. Noémie Lecoq

Fat Dog

Lorsque le nom Fat Dog a commencé à circuler, aucun morceau, visuel ou début d’info n’avait encore été divulgué autour de cette formation fumeuse. Seules les vidéos amateur captées dans les clubs de la capitale anglaise ou les festivals du Royaume-Uni suffisaient à assurer sa promotion sur le net. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les prestations incendiaires et autres images d’orgies scéniques similaires à celles de Fat White Family ou de leurs cousins Warmduscher n’ont pas manqué de faire monter la sauce de l’autre côté de la Manche. Formé pendant le confinement, le quintette du sud de Londres a fini par lâcher en août dernier un 1er single produit par James Ford, King of the Slugs, histoire d’officialiser en grande pompe sa signature sur le label Domino et de poser les bases en sept minutes épiques, ainsi résumées par le chanteur et guitariste Joe Love : “Big drums. Electronic. Dog. Fat. Bass.” On les attend de pied ferme le 1er mars au Centquatre-Paris où ils partageront l’affiche avec Gwendoline et Lambrini Girls dans le cadre des Inrocks. Valentin Gény

Folly Group

Il n’y a pas meilleure carte de visite qu’un riff de guitare incisif et bien troussé, ce que les quatre Londoniens de Folly Group, centrés autour du batteur-chanteur Sean Harper, avaient bien compris. C’était en 2021, et le fait d’envoyer Gang of Four sur les terres sablonneuses d’Ennio Morricone avec leur single Butt No Rifle avait de quoi augurer le meilleur. S’il permettait à ses auteurs d’expédier les présentations, le petit tube potentiel ne laissait surtout apparaître que l’essentiel : des fondations postpunk à la rythmique nerveuse, un groove hypnotique aux multiples percussions et une certaine propension à s’aventurer dans des directions opposées pour prendre à revers l’auditoire. Après avoir été stoppé net dans son ascension par le Covid-19, Folly Group a donc pris son temps pour tester et affiner sa signature sonore avec deux EP, où les influences diverses ne cessent de s’entrechoquer. De quoi se perdre pour mieux se retrouver et signer un 1er album digne de ce nom prévu en janvier. Valentin Gény

Jolagreen23

Dans le sillage d’une génération de rappeur·ses français·es boulimiques de tendances musicales d’outre-Atlantique et (pour le moment) affranchie des contingences de l’industrie musicale, Jolagreen23 s’est taillé une place de choix dans la liste des rookies les plus prometteur·ses. Actif depuis 2021, le rappeur originaire de Bois-Colombes (92), révélé par l’EP 23 en début d’année, a enfoncé le clou par l’intermédiaire du tank 888823, un maxi commun avec le producteur Kosei. Un indicateur non négligeable quand on sait l’importance de Kolaf (la tape commune entre La Fève et Kosei) dans l’émergence et la légitimation de tout un nouveau pan du rap français. Mais ce qui explique qu’on craquerait volontiers notre PEL pour parier sur le succès de Jolagreen23 dépasse largement cette filiation naturelle avec les triomphes récents de La Fève. Esprit d’aventure, voix atypique, insolente nonchalance au micro, univers référentiel toujours stimulant – et curieuse passion pour la numérologie –, tout porte à croire que le rap français s’est trouvé une nouvelle star. Théo Dubreuil

Malvina

Repérée par le label Pop Noire (l’écurie fondée par Jehnny Beth, Johnny Hostile et le graphiste Antoine Carlier), celle qui se produisait auparavant sous le nom de Malvina Meinier a décidé de ne garder que son prénom pour délimiter sa métamorphose. Cheffe d’orchestre, pianiste et collaboratrice tout-terrain (aux côtés de Cléa Vincent, Michelle Blades, Baptiste W. Hamon…) dans sa précédente incarnation, la trentenaire parisienne opère un virage radical sur les singles qu’elle a sortis ces dernières semaines (Brat, Forever), entre hyperpop, techno et postpunk. En noir intégral, de ses bottines à sa longue chevelure, la chanteuse, compositrice et productrice n’en fait qu’à sa tête et cette énergie émancipatrice lui va à merveille. Son nouvel album, en pleine préparation, verra le jour en 2024. Noémie Lecoq

Miki

Voilà des mois que l’on suit Miki, à la fois espoir pop et révélation hyperpop. Pour son concert à Ici Demain à l’automne 2022, festival défricheur de la jeune création contemporaine, tous·tes les directeur·rices artistiques se bousculaient d’ailleurs au FGO-Barbara pour voir la dernière sensation dont tout le monde cause (à raison). Comptant parmi les 1ères signatures du nouveau label Structure (fondé par Pierre Cornet et Yann Dernaucourt, déjà dans l’ombre des succès de Clara Luciani et Angèle chez Initial Artist Services), Miki a notamment ouvert cette année pour ses copains de Kids Return à La Cigale, avant de jouer dans quelques festivals d’été, comme le MIDI Festival à Hyères. En juin, cette jeune chanteuse polyglotte aux origines franco-coréennes a fait paraître un EP digital, 4x, qui atteste de sa prometteuse pop hybride. Revendiquant des références bigarrées (Yellow Magic Orchestra, Daft Punk, Grimes, Lava La Rue), Miki tient plusieurs tubes potentiels dans son escarcelle, notamment une ritournelle réminiscente de Luna Parker. Actuellemement en plein chantier d’écriture et d’arrangements avec la complicité du touche-à-tout Jacques, Miki sera l’une des grandes attractions à suivre en 2024. Franck Vergeade

Moreish Idols

Dix ans après avoir lancé Speedy Wunderground, le taulier du label et producteur Dan Carey ne cesse de redessiner les contours de la musique à guitares britannique actuelle. Après avoir épaulé des groupes comme Squid, Black Midi ou Black Country, New Road, la tête chercheuse du sud de Londres s’est entichée d’une nouvelle bande prometteuse venue des Cornouailles, Moreish Idols, capable de produire à son tour une musique dense et affranchie, où résonne l’identité de chacun de ses membres. Si la majorité s’entend à bricoler avec des signatures rythmiques atypiques ou faire rugir des cuivres en folie, certains entretiennent leurs inclinations personnelles, comme le rock traditionnel qu’affectionne le batteur Sol Lamey ou la musique électronique, chère au bassiste Casper Swindells. Deux EP, sortis respectivement à l’été 2021 et au printemps 2023, résultent de ce terreau fertile et varié. Ne reste plus qu’à attendre la reprise des négociations pour entendre la suite. Valentin Gény

Hanaa Ouassim

Hanaa Ouassim est la nouvelle perle du label Pan European Recording. Vue sur scène aux côtés de Flavien Berger et Bonnie Banane pour leur recréation du répertoire Areski/Fontaine à l’Hyper Weekend Festival 2023 et entendue sur le 45t du quinzième anniversaire du label à travers le morceau L’Oued, la jeune chanteuse et musicienne s’est rapidement fait un prénom et un nom en 1ère partie de son collègue Flavien Berger et de l’incontournable Zaho de Sagazan. En prélude à son 1er album La Vie de star, à paraître en février, Hanaa Ouassim a révélé deux singles envirants, Kamanja Ice et Nmchi B Lil, illustrés par le génial réalisateur Jamie Harley (le neveu de Tony Wilson de Factory). Née au Maroc et bercée par la musique traditionnelle de son pays, Hanaa Ouassim a commencé par jouer des percussions avant de devenir une musicienne autodidacte à Reims, où elle a grandi, puis DJ et remixeuse courtisée (Dominique Dalcan, Vickie Chérie, Maud Geffray). Embrassant sans œillères les genres musicaux, elle chante en darija (un dialecte marocain) et nous embarque aussitôt par cette voix hypnotique et cette mélodie addictive, à mi-chemin entre trap et electro oblique. Ces deux 1ers extraits ne sont qu’un avant-goût des merveilles rassemblées sur La Vie de star (dont le morceau Air France, l’une des plus belles choses à écouter en 2024), son 1er album dont on n’a pas fini de (re)causer. “Ça cause de nager dans l’océan en baskets, de belles voitures, d’être un zmagri, et d’échapper à son destin.C’est un album où j’ai tout réalisé moi-même, il y a quelques années. Quelle aventure.” Franck Vergeade

Fabiana Palladino

Multi-instrumentiste, productrice et musicienne de studio aperçue aux côtés de Sampha, SBTRKT, Kindness ou encore Jessie Ware, Fabiana Palladino a longtemps composé ses chansons en catimini, avant qu’un message de Jai Paul n’atterrisse dans sa boîte mail et ne vienne changer la donne. Admiratif de l’Anglaise et de ses demos découvertes sur SoundCloud, l’énigmatique producteur londonien l’encourage à poursuivre l’écriture. Il lui propose même de publier un 1er morceau sur son label perso, Paul Institute, tout juste lancé aux côtés de son frère A.K. Le single Mystery sort en 2017, suivi de deux autres tracks sporadiques où les influences pop et R&B vintage se confondent sous l’héritage de Prince et de Kate Bush. Puis plus rien, jusqu’à ce que Fabiana Palladino mette fin à trois années de silence début novembre avec le somptueux I Care, dernier témoignage de reconnaissance envers son mentor, invité en retour à partager le micro, mais surtout prémices passionnantes d’un 1er album à venir. Valentin Gény

Rallye

Dans le circuit depuis quelques années, Rallye, quintette DIY estampillé génération internet, pourrait bien voir 2024 comme l’année de sa consécration. Les Parisiens, flingués à la musique faite sur ordinateur, proposent une formule rock rénovée, à la croisée de l’electro, de l’hyperpop et de l’emocore. Fort de trois EP au compteur et d’une myriade de singles, Rallye s’est par ailleurs taillé une excellente réputation sur scène, en témoignent les retours dithyrambiques de leurs dernières prestations à La Maroquinerie et au MaMA festival, à Paris. Tout-terrain et multimédia, Rallye est le groupe du monde d’après. François Moreau

Sprints

Le rock de Dublin ne nous aura pas déçu·es ces dernières années, de The Murder Capital aux immenses Fontaines D.C. Suivi de près depuis ses 1ers singles publiés dès 2020 et les deux EP suivants en 2022 et 2023, le quatuor Sprints, mené par la talentueuse Karla Chubb, enfoncera le clou dès le 5 janvier avec Letter to Self, un 1er album battant pavillon City Slang, d’une puissance sidérante. Mis en boîte en France avec, aux manettes, Daniel Fox (bassiste d’un autre grand groupe de Dublin, Gilla Band), ce disque pas de tout repos joue la carte garage punk, dans un style direct, urgent, dans la veine d’une saillie qu’Idles ne renierait pas. Une voix qui va compter. François Moreau

TH

De mémoire récente, on ne se souvient pas d’avoir été traumatisé à ce point par la violence froide d’un trappeur depuis l’irrésistible ascension de ses voisins sevranais de 13 Block (notamment Stavo) ou de Siboy. Et si la trap française a encore et toujours de beaux jours devant elle (Gapman, H La Drogue, et pas mal des collaborateurs du producteur Binks Beatz) malgré l’émergence d’autres sous-genres du rap US grignotant peu à peu l’espace médiatique du style utra-dominant des années 2010, rien ne nous est apparu aussi saisissant et aussi évident que l’arrivée en trombe de TH dans le paysage musical francophone. Renouant avec le minimalisme entêtant de la trap des origines tout en renouvelant et subvertissant toutes ses composantes, épurant son rap à l’extrême pour n’en garder que la science des placements et un sens de la formule hypnotique dans une version chimiquement pure du genre, le rappeur originaire de Bondy (93) a déjà marqué 2023 de son empreinte. Une musique tout en tension contenue qui ne demande qu’à se déverser à grands flots sur le rap français. Théo Dubreuil

Untitled (Halo)

Quelque part, ça n’était qu’une question de temps avant que le mystère et le potentiel de fascination entourant la musique de Dean Blunt et des groupes signés sur son label World Music (Bar Italia, pour qui le groupe a d’ailleurs fait quelques 1ères parties) ne fassent des émules et débordent sur la musique à guitares contemporaine (lire p. 92). Alors voilà Untitled (Halo), trio de Los Angeles adepte du shoegaze – le genre musical mais surtout la pratique –, troquant la mélancolie londonienne qui faisait le sel de la musique de Blunt pour le spleen de la côte californienne. Deux géographies on ne peut plus dissemblables, réunies par la même idée du son : guitares alanguies à l’extrême et chant désabusé (mais pas désincarné) dans l’attente de la prochaine épiphanie. Autrice d’un 1er EP en 2023 (Towncryer), la bande de Jack, Ari et Jay développe un univers convoquant au présent les spectres d’artefacts de début de siècle (un clip filmé à l’iPod Touch, une référence explicite au site de peer-to-peer LimeWire) pour inventer un romantisme d’un genre nouveau. Théo Dubreuil

Vonfelt

Arthur Vonfelt, multi-instrumentiste avec la batterie comme moyen d’expression de prédilection, a d’abord accompagné les autres sur scène (notamment Jacques) avant de la jouer solo. Passé par Les Inrocks SuperClub en 2023, il a également assuré les 1ères parties d’un certain Bertrand Belin à l’Olympia. Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, Vonfelt a opté pour la formule one-man band, transformant ses prestations scéniques en performances pour mieux distiller ses morceaux d’obédience synthétique, qui croisent tout ce que la pop française a fait de mieux depuis les années 1980. Cette année, il a sorti son 1er EP de huit titres qui posent les bases d’un avenir prometteur. François Moreau