Myd, le loser magnifique prêt à enflammer nos soirées d’été

“Ça ne te manque pas trop les fêtes ?” Bah si, mec. Le même Myd que vous croisez sur Instagram, short vert émeraude, T-shirt blanc et casquette de super-héros normcore vissée sur la tête, nous accueille devant un plateau de sushis frais. S’il...

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“Ça ne te manque pas trop les fêtes ?” Bah si, mec. Le même Myd que vous croisez sur Instagram, short vert émeraude, T-shirt blanc et casquette de super-héros normcore vissée sur la tête, nous accueille devant un plateau de sushis frais. S’il pose la question, c’est parce que nos dernières virées avec le kid de Club Cheval, ces Cavaliers de l’Apocalypse de la musique électronique made in France, remontent à 2018 et 2019, deux années éméchées, et qu’une pandémie est passée par là depuis.

A Genève, il y a trois ans, on avait suivi l’équipe de DJ qu’il formait avec Busy P, Boston Bun et Alan “Music Sounds Better with You” Braxe pour l’inauguration d’un club dans les faubourgs industrialisés de la ville.

A l’époque, le label Ed Banger fête ses 15 ans et Pedro Winter prend les commandes d’un numéro spécial des Inrocks. Myd, quant à lui, vient fraîchement de rejoindre l’écurie à la faveur d’un 1er EP, All Inclusive (2017), plein à craquer des guitares de son pote Jerge et sur la pochette duquel il s’affiche les fesses à l’air à la poupe d’un bateau de croisière, dans l’immensité bleue de la mer Ionienne.

Des sets techno-house qui rendent fou

Sur la route des festivals de l’été, quelques mois plus tard, que Quentin Lepoutre (son nom à la ville) égrène, on l’a vu rameuter sur scène au péril de leur prostate les kids rendus fous par les sets techno-house du Lillois, sorte de prélude à une tournée plus vaste qui devait le voir ratisser les vastes territoires nord-américains, en 2020, avant de devoir plier bagage pour cause de confinement. Dommage, le type venait de mettre en boîte Born a Loser, son tout 1er album en solo qui sort en ce printemps et dont le titre n’aurait pas pu être mieux trouvé.

Dès les 1ers temps du lockdown, fin mars 2020, Myd se lance donc dans une extension du domaine de la fête, en ligne sur YouTube, avec les CoMyd, ces DJ-sets qu’il partage avec le reste du monde confiné : “J’ai recommencé au moment du deuxième confinement en invitant des gens. C’était sympa, on avait le tchat et une grosse communauté d’habitués, on pouvait causer ensemble, on s’est marrés, se souvient-il. Dans d’autres conditions, les sets en streaming c’est compliqué, tu te demandes pour qui tu mixes. Tu fais ce boulot pour que les gens kiffent et lèvent les bras en l’air.”

C’est d’ailleurs dans cette position incantatoire, sur les dalles lumineuses d’un dancefloor fantasmé, que l’on a reçu en février dernier Born a Loser, deuxième single en forme de manifeste autobiographique extrait du disque du même nom. Construit autour d’un sample du producteur jamaïcain octogénaire Derrick Harriott, dont vous trouverez les albums dans le roster du prestigieux label Trojan Records, ce petit hit qu’on aurait du mal à dater tant il sonne instantanément familier à nos oreilles.

La faute à un héritage French Touch qui se dessine par ailleurs dès les boom boom filtrés de l’ouverture de l’album : “Il a la boucle infinie, s’émeut-il. C’est comme cela que je définirais Daft Punk, par exemple : t’écoutes Get Lucky, tu ne te fais jamais chier. Et Around the World, bah c’est Around the World ! Le sample de Born a Loser, il est touchant, je l’adore. Et j’adore ce qu’il explique.”

Un studio écrin pour trouver l’immédiateté pop

S’il défriche des territoires plus indie, Myd reste ce gosse biberonné au sampling, le même geek qui se passait sans fin les disques de Fatboy Slim et qui contactait Justice sur leur page MySpace pour causer musique.

“Il y a deux choses dans le sampling. La 1ère, c’est l’émotion. Est-ce que ça te touche ou non ? Le sample est plein du morceau où tu l’as trouvé. La deuxième, c’est le côté technique. Comment tu intègres cela de façon à optimiser ta chanson. Sur Born a Loser, il s’agissait de lui construire un petit lit pour qu’il puisse s’installer, qu’il soit le petit Jésus au milieu du berceau.”

“Je ne suis pas particulièrement chaud en gratte ou en piano. Je touche un peu, mais mon instrument, c’est le studio”

Si vous avez l’occasion un de ces quatre de passer par le studio de Myd, vous tomberez sur un gars à la recherche d’un hook et d’immédiateté pop, mais surtout en quête d’un écrin dans lequel faire jaillir sa musique : “Je ne suis pas particulièrement chaud en gratte ou en piano. Je touche un peu, mais mon instrument, c’est le studio. Il sonne comme moi, ça serait très compliqué d’y faire autre chose que du Myd”, nous rencarde-t-il.

Qu’y trouve-t-on ? Un Juno-60, un ampli Roland Jazz Chorus JC-120, des amplis en tout genre ou encore un mini-Moog ramené du Japon : “J’ai acheté ça comme un daron qui s’achète une Porsche, se marre-t-il. Il n’y a pas un milliard de machines, mais chaque machine a son utilité et me permet de créer des accidents. Je suis fan de pédale Moog et de pédales de filtre. Elles me ressemblent bien ; elles répondent à la French Touch et à la house en général, parce que ce sont des filtres et, en même temps, elles font écho à mon côté indé. Ces instruments me permettent de faire des ponts.”

Comme si Benny Hill partait en quête de la note bleue

Une fois installé dans un canap’au coin de la pièce, vous verrez peut-être défiler les potes qui peuvent influer par une remarque bien sentie sur la destinée d’un morceau, même s’il reconnaît ne pas trop faire écouter sa musique de peur qu’elle ne s’use trop vite : “T’as DJ Kore et forcément les Club Cheval, dont Sam Tiba, qui m’a débloqué de vrais trucs. Il est capable d’écouter une boucle sur laquelle je travaille depuis un moment et de me dire : ‘Tu te trompes en pensant que le morceau doit faire six minutes.”

“En fait, il doit faire deux minutes et doit être structuré comme un interlude.’ Et il a souvent raison ! Parfois, c’est plutôt la photographe et réalisatrice Alice Moitié, qui est vraiment dans l’émotion. C’est arrivé qu’elle me dise : ‘En termes d’émotion, il faut monter d’un cran. Je ne sais pas comment, tu te débrouilles.’”

Avec Born a Loser, Myd veut nous dire les mots bleus dans une merguez party à Palm Springs. Comme si Benny Hill partait en quête de la note bleue dans un épisode de South Park, avec le clinquant très français d’une afterparty Ed Banger à Coachella.

Il appelle ça les accords français, selon une formule consacrée de Michel Berger : “En musique, tu as les accords majeurs et les accords mineurs. Majeur, c’est joyeux et mineur, c’est triste. Lui, je crois qu’il disait mijeur et maneur, soit des accords dans une couleur entre les deux. La joie et la mélancolie en même temps. Les Français sont nés avec un peu de ça dans leur sang.”

Mac DeMarco coupé au montage

Pour faire danser sur ce fond de mélancolie propre à nos héros tourmentés qui fascinent à l’étranger, de William Sheller à Sébastien Tellier, Myd a invité sur son disque la voix soyeuse de Camden Town Bakar, mais aussi les potes Mac DeMarco et le Jonathan Richman uruguayen Juan Wauters. Façon de répondre au côté indie de ses pédales d’effets et de ramener “du vivant” dans sa musique.

“Avec Mac, on s’est croisés plusieurs fois à Paris après ses concerts, c’est un pote d’Ed Banger et de Gaspard [Augé], de Justice, notamment. On s’est bien entendus et il m’a dit qu’il aimait bien ma musique. Ça m’a donné le feu vert pour faire ce feat. J’avais la demo de Moving Men. Il me dit : ‘Oui, à fond !’ Puis plus de nouvelle”, rigole-t-il.

Quelques semaines avant le lockdown global, Myd file à L.A. avec Alice Moitié pour tourner le clip très pop de Together We Stand, le climat californien s’acoquinant bien avec les couleurs solaires de ses chansons. L’occasion de croiser Mac, qui joue même un flic dans la vidéo, avant que son passage ne soit supprimé au montage, la sortie du clip coïncidant avec l’embrasement des mouvements de contestation après le meurtre de George Floyd en mai dernier.

Le Covid-19 faisant de plus en plus de ravages, la tournée asiatique de DeMarco en Asie s’est vue annulée, au même titre que la tournée US de Myd. Les deux trouvent alors enfin le temps de mettre en boîte cette collaboration, dans les studios du Canadien, à Echo Park : “Gaspard avait décidé d’offrir la bagnole en miroir que tu vois dans le clip de Fire, de Justice, qui se trouvait dans le garage d’un type qui voulait s’en débarrasser. Mac ne pouvait pas la récupérer, alors je me suis dit que j’allais lui faire une surprise.”

“La bagnole était toute pourrie, avec le volant à l’envers et elle n’avait même pas de plaque. J’ai traversé Los Angeles comme ça pour la ramener à Mac. Et puis on a fait du stud’”, poursuit Myd. Moving Men sera le dernier titre de l’album enregistré, in extremis : “Je devais faire une tournée de malade et, finalement, j’allais rentrer la queue entre les jambes. Enregistrer ce morceau avec Mac et boucler l’album comme ça, c’était ce qui pouvait arriver de mieux.” Semi-loser, Myd.

Born a Loser (Ed Banger Records/Because). Sortie le 30 avril