Myriam Gendron et Peter Deaves, deux albums en territoires folks

Myriam Gendron Mayday (Chivi Chivi/Thrill Jockey) Mayday n’est pas un appel à l’aide, mais une bouée de sauvetage. Parce que la musique de Myriam Gendron, Québécoise native de l’Ontario maintes fois déracinée, soigne, répare, embellit nos mélancoliques...

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Myriam Gendron Mayday (Chivi Chivi/Thrill Jockey)

Mayday n’est pas un appel à l’aide, mais une bouée de sauvetage. Parce que la musique de Myriam Gendron, Québécoise native de l’Ontario maintes fois déracinée, soigne, répare, embellit nos mélancoliques errances solitaires. Ce nouvel album, le troisième après Not So Deep as a Well (2014) et Ma délire – Songs of Love, Lost & Found (2022), éclaire ainsi les paysages du nord de l’Amérique d’une lumière d’automne, qui éblouit comme un lendemain de campagne militaire sanglante.

Résolument folk, mais plus orchestré que les deux précédents, ce disque en forme de journal de deuil(s) mêle l’intime et la grande histoire des transhumances des hommes. Au travers de compositions originales et de chansons traditionnelles dégondées et réadaptées à la manière d’un Bob Dylan ou d’un Leonard Cohen (comment ne pas penser à eux), Myriam et sa voix poignante prouvent que le format folk reste le médium privilégié de la transmission et du refus de l’oubli.

La musicienne, qui ouvre son disque avec le bel instrumental déboussolé There Is No East or West que n’aurait pas renié John Fahey, réinscrit ainsi avec ce geste en franco-anglais (Myriam Gendron chante tout au long de ces dix plages dans les deux langues) les questions qui demeurent, dans un monde en vrac : celles de la terre et du déracinement, de la douleur et de la joie, de la mort et du temps qui passe. Mayday explique une vérité d’aujourd’hui, qui sera d’actualité dans mille ans de ça encore, par l’entremise d’une voix qui ne ressemblera jamais à aucune autre.

Peter Deaves Ceol Agus Gra (Le Poulpe/Kuroneko)

Si l’on en croit le communiqué de presse, Ceol Agus Gra signifie “musique et amour” en gaélique (information non recoupée par nos soins). Mais, c’est d’abord par le biais de l’oralité que ce disque de Peter Deaves, son 1er album, nous ait parvenu. Quoi de plus logique, pour un album de folk cristallin, convoquant motifs pop et country ? C’est ce bon vieux Renaud Monfourny, photographe des Inrocks since 1986, qui nous en a rebattu les oreilles, à raison, émerveillé qu’il a été par l’itinéraire de ce jeune homme natif de Liverpool, établi à Paris et donnant dans l’outlaw comme s’il avait traversé l’Amérique main dans la main avec Townes Van Zandt et J.J. Cale.

Sauf que Ceol Agus Gra est bien plus qu’un recueil de citations. On navigue ici dans les eaux territoriales celtes (Bury Me Under the Mersey (Ceol Agus Gra)), on se remémore Liverpool, territoire perdu de l’enfance, sur la magnifique et autobiographique Liverpool, on entend les échos à la période Rubber Soul (1965) des Beatles (la rengaine initiatique Nowhere Boy) et on s’émerveille de l’ambiance speakeasy du morceau d’ouverture, Opening Night, en duo avec Bobbie, Française qui chante comme si elle avait grandi dans les honky tonks de Nashville.

À l’instar de l’album de Myriam Gendron, il est ici question d’héritage, de terre, d’errance et du temps qui dure. À la marge du temps médiatique, des modes et des flux incessants, Peter Deaves détonne avec son admirable sérénité.