Nadine Morano complaisante avec Marine Le Pen? Elle ne l'a pas toujours été

POLITIQUE - Aller vite en besogne. Les électeurs départageront les candidats à la présidentielle d’ici onze mois que déjà Marine Le Pen égrène un à un les noms des ministres de son gouvernement putatif. Un rêve à voix haute dans lequel elle...

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POLITIQUE - Aller vite en besogne. Les électeurs départageront les candidats à la présidentielle d’ici onze mois que déjà Marine Le Pen égrène un à un les noms des ministres de son gouvernement putatif. Un rêve à voix haute dans lequel elle s’imagine nommer garde des Sceaux l’ex-député UMP Jean-Paul Garraud, et “pourquoi pas” débaucher les causementaires LR Eric Ciotti et Nadine Morano. Si la perspective de voir le député niçois rallier son parti exaspère ”à titre personnel” Gilbert Collard, l’eurodéputé RN plaide en revanche pour que sa collègue LR soit présente sur la photo de famille.

Parmi les quelques voix de droite qui commencent à émettre des signaux de compatibilité avec le Rassemblement national, l’avocat a exprimé sa nette “préférence” pour l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy. “Nadine Morano a toujours tenu des propos, même si elle restait dans la fidélité à ses engagements, en adéquation avec notre pensée, nos idées” a déclaré Gilbert Collard sur LCI ce lundi 30 avril.

Et d’affirmer semble-t-il sans ironie qu’“elle n’a jamais eu d’attaque personnelle ou d’attaque générale contre le RN ou le FN. Jamais”. Jamais? Pourtant, si Nadine Morano s’est effectivement fait remarquer en chassant sur des thématiques chères au parti de la flamme, elle a parallèlement multiplié les attaques personnelles contre “l’héritière” Marine Le Pen, raillé l’absence de démocratie au sein d’ un parti “extrême” et parfois même critiqué l’inconséquence de ses électeurs cédant trop facilement à la tentation du vote “ras-le-bol”. C’est ce que vous pouvez voir dans la vidéo en tête d’article.

Marine Le Pen, une “fille à papa”

Dans un numéro mémorable de l’émission “Mots Croisés” réunissant en mars 2011 le trio Harlem Désir (PS), Cécile Duflot (EELV), Jean-Luc Mélenchon (PG) à la gauche d’Yves Calvi, et à sa droite un duel opposant Nadine Morano (UMP) et Marine Le Pen (FN). À la présidente du Front national qui l’accusait de méconnaitre l’organisation des campagnes électorales, Nadine Morano a répliqué sur un plan très personnel. “Je ne vous ai pas attendu pour mettre les mains dans le cambouis. Je ne suis pas une héritière moi, madame Le Pen. Contrairement à vous, je n’ai pas été aidée par papa pour faire campagne électorale”, lui a-t-elle lancé. 

L’argument du confortable l’héritage, elle le développera plus en longueur l’année suivante au micro de RTL. “Marine Le Pen a beaucoup de talent [oratoire] pour faire oublier que c’est une héritière. L’héritière de son père Jean-Marie Le Pen. Il faut que chacun sache que c’est la ‘Châtelaine de Montretout’. Elle vit dans un château sur les hauteurs de Saint-Cloud. C’est ça la réalité. En fait, elle joue un personnage, elle travestit. Elle utilise les ouvriers, leurs peurs, leurs angoisses. Et ça, je ne le laisserai pas faire”, promettait Nadine Morano en janvier 2012 sur le plateau du “Grand jury”.

“Cela s’appelle un parti politique ça, où de manière héréditaire on se passe la présidence de Le Pen en Le Pen avec un score écrasant?”, demandait-elle à Jean-Jacques Bourdin en mars 2018.  “C’est démocratique chez eux? Mais pas du tout”, concluait Nadine Morano. “Changer de nom” pour se rebaptiser Rassemblement national, “ce n’est pas cela dont a besoin le Front national”, estimait l’eurodéputée LR suggérant plutôt à Marine Le Pen “un véritable changement de programme”.

Le Rassemblement national, “parti du ras-le-bol”

Après avoir fait des appels du pied aux électeurs du FN quand elle s’est retrouvée en mauvaise posture aux législatives de 2012, Nadine Morano leur a ensuite fait la leçon. “Je combattrai toujours Marine Le Pen. Et je le dis à vos auditeurs, hein, parce que la démagogie, ça suffit!” s’emportait-elle sur RMC en janvier 2019. “C’est le parti du ras-le-bol. Alors les gens se disent “ras-le-bol”, alors on va voter Marine Le Pen. Mais attention, voter Marine Le Pen, cela veut dire qu’au causement européen, vous renforcez [ceux] qui veulent casser l’Europe. Mais moi, pour mes enfants et mes petits-enfants, je veux préserver l’Union européenne”, expliquait-elle aux électeurs frontistes.

Au fil des années, Nadine Morano a également dénoncé pêle-mêle le FN, puis le RN, comme étant une “escroquerie politique”, un parti europhobe allié à des “patriotes à géométrie variable” prônant un inacceptable “repli sur soi” et demeurant dans “l’incapacité à porter un projet” en raison notamment de l”’hérésie” de son programme économique qui amènera “le pays vers le chaos”. Et, par conséquent, de jurer que “jamais pour un poste” elle n’accepterait de faire le choix “du désastre pour mon pays” en s’alliant avec une formation politique réactionnaire prêchant pour “un retour en arrière de quarante ans”.

Ouvertement courtisée par le Rassemblement national depuis quelques jours, Nadine Morano semble soudainement plus soucieuse de ménager son propre avenir que celui de l’UE. “Quand j’ai des choses à voter au Parlement européen, si je dois voter avec Nicolas Bay [eurodéputé RN, NDLR] je les voterais avec Nicolas Bay, parce qu’on travaille ensemble”, a-t-elle assuré le 6 mai sur LCI. Et son changement de ton à l’égard du parti d’extrême droite ne s’arrête pas là. “Je ne me suis pas engagée en politique contre le RN mais pour servir la France”, explique désormais Nadine Morano. Interrogée le 25 mai chez CNews sur la main tendue par Marine Le Pen, Nadine Morano se montre plutôt évasive. Si elle privilégie ”à ce stade” son engagement auprès des Républicains car les propositions économiques du RN se situent ”à l’heure actuelle” trop à gauche selon elle, Nadine Morano se dit “pour l’instant” dans l’expectative.

À voir également sur Le HuffPost: L’étonnante leçon d’antiracisme de Nadine Morano à Lilian Thuram