“Nepo Babies” : “Les enfants de” répondent à l’article du New York Magazine  

Le 19 décembre dernier, Nate Jones a publié dans le New York Magazine une enquête sur le phénomène des nepo babies. En Une, on pouvait lire : “Elle a les yeux de sa mère. Et son agent.” Quant à l’angle du papier, il est donné dans le sous-titre...

“Nepo Babies” : “Les enfants de” répondent à l’article du New York Magazine  

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Le 19 décembre dernier, Nate Jones a publié dans le New York Magazine une enquête sur le phénomène des nepo babies. En Une, on pouvait lire : “Elle a les yeux de sa mère. Et son agent.” Quant à l’angle du papier, il est donné dans le sous-titre : “Une analyse poussée sur le baby-boom des nepo à Hollywood.” La couverture représentant différents nepo (nepo abréviation de népotisme, comprenez “enfant de”) avec des corps de bébés dans leur berceau, a irrité de nombreuses célébrités, se sentant visées par l’enquête.

Depuis la publication du dossier, des 1ères réponses ont émergé sur les réseaux sociaux. La chanteuse Lilly Allen, fille de l’acteur Keith Allen et de la productrice Alison Owen, a réagi sur Twitter : “Les bébés nepo dont vous devriez vous inquiéter sont ceux qui travaillent dans des cabinets d’avocats, des banques et en politique. Si on parlait des conséquences dans la vraie vie et de privation d’opportunités. MAIS ce n’est pas mes affaires.

Le monde du cinéma divisé

Interrogée par le média britannique The Independent, l’actrice Kate Hudson (fille de l’actrice Goldie Hawn et du musicien Bill Hudson) actuellement à l’affiche de Glass Onion, s’est également exprimée à ce sujet. Elle a notamment déclaré : “Je pense en fait qu’il y a d’autres industries où c’est [plus commun]. Peut-être le mannequinat ? Je le vois dans le monde des affaires beaucoup plus qu’à Hollywood. J’ai été dans des réunions d’affaires où je me disais, c’est l’enfant de qui ? Cette personne ne sait rien !” Avant d’ajouter : “Peu importe d’où vous venez, ou quel est votre rapport au travail – si vous travaillez dur et que vous vous donnez à fond, ça n’a pas d’importance.”

Jamie Lee Curtis, actrice principale du Halloween de John Carpenter et fille des vedettes de cinéma Tony Curtis et Janet Leigh, est revenue plusieurs fois sur la question. Consciente de ses privilèges et de sa condition sociale (qui ont largement contribué à son attrait pour le cinéma et le développement de son talent), elle commentait sa carrière en 2019 dans le New Yorker : “Je ne vais jamais prétendre que j’ai eu ça toute seule, comme si j’étais une petite fille de nulle part. Clairement, j’avais une longueur d’avance.

Dans une publication plus récente sur Instagram, Jamie Lee Curtis a réagi à la controverse provoquée par l’enquête de Nate Jones. Si elle affirme dans un 1er temps que sa carrière a fait d’elle une “OG Nepo Baby” [OG pour original gangsta, ndlr], elle déplore toutefois que : “la conversation actuelle sur les bébés nepo soit juste conçue pour essayer de diminuer, de dénigrer et de blesser.

Que reproche-t-on aux nepo ?

Dans son enquête, Nate Jones revient sur différents propos attribués à des fils et filles de célébrités. Il relève par exemple le sentiment de “profonde insécurité” qu’a déclaré ressentir Zoé Kravitz, fille de Lenny Kravitz. S’il cherche à mettre en relief les facilités dont a pu bénéficier l’actrice, il omet complètement de juger la qualité de son travail (elle était à l’affiche du dernier film Batman), et n’apporte aucune analyse à partir des termes employés par les nepo.

Parmi d’autres exemples relevés, les propos de Lily-Rose Depp sont, sans doute, ceux qui ont le plus fait couler d’encre. En novembre dernier, au cours d’une entrevue pour Elle, elle a déclaré que le concept de “Nepo Baby […] n’avait aucun sens”. L’article du New York Magazine rappelle alors ses collaborations avec Chanel (dont sa mère Vanessa Paris est une égérie de longue date) ou ses débuts au cinéma, aux côtés de son père Johnny Depp, dans Tusk et Yoga Hosers en 2014 et 2016. L’enquête mentionne alors la réponse de la top model Vittoria Ceretti : “j’ai de nombreux amis nepo que je respecte. […] Mais je ne supporte pas de t’entendre te comparer à moi […] Je sais que ce n’est pas de ta faute, mais s’il te plaît, apprécie et connais l’endroit d’où tu viens.

Un débat sans fin

La suite de l’article s’intéresse à l’historique de ce débat et ses événements marquants, telle l’opération Varsity Blues. Scandale survenu en 2019 et depuis adapté en documentaire sur Netflix, cette opération a révélé “les méthodes sournoises par lesquelles des célébrités comme Lori Loughlin et Felicity Huffman ont cherché à faire entrer leurs enfants dans des universités de haut rang.” 

L’investigation met aussi en lumière les mécanismes qui participent à construire des nepo. Médiatisé·es dès l’enfance, ces dernier·ères sont “au centre d’une série de rituels tabloïds très visibles”, de la photo d’annonce de la grossesse, aux anniversaires en passant par la comparaison avec leurs parents au même âge pour vérifier leur ressemblance.

Ce débat sans fin est devenu “drôle” selon Nate Jones. Il relève l’ambiguïté sur le dégoût et l’attirance que nous pourrions éprouver pour les népo : “Un bébé est un petit ange ; un bébé nepo est la preuve physique que la méritocratie est un mensonge. Nous les aimons, nous les détestons, nous leur manquons de respect, ils nous obsèdent.

S’il soulève une question pertinente et rappelle la puissance de la reproduction sociale des élites, le journaliste se prend toutefois les pieds dans le tapis avec une hiérarchisation superficielle des différents “Nepo Babies”. Il distingue les nepo classiques (les enfants de stars comme Dakota Johnson, Maya Hawke ou Jack Quaid), des “personnes qui ont bénéficié d’une avance grâce à leurs relations familiales, même si elles n’étaient pas célèbres en soi”, et cite Lena Dunham, Billie Eilish et Kristen Stewart. Le fait que la mère de Kristen Stewart soit scripte ou celle de Billie Eilish, doubleuse, suffit-il à expliquer la carrière de la 1ère ou la renommée mondiale de la seconde ? Qu’est-ce que cette distinction nous apprend de nouveau ?

Il conclut alors, de façon expéditive : “et on peut sans doute tirer un trait sur des personnalités comme Paris Hilton, pour qui le mot de riche est déjà suffisant.” Au terme de cette catégorisation, il s’aventure dans une comparaison farfelue entre les sœurs Hadid (Bella et Gigi Hadid, toutes deux mannequins comme leur mère Yolanda Hadid) avec “cet autre Palestinien célèbre, Jésus-Christ, [dont] les bénéfices de la relation filiale ont clairement circulé dans les deux sens”. À propos de circulation à double sens des bénéfices, on peut se demander si la controverse profite autant aux nepo qu’au New York Magazine. Bad buzz is still buzz.