Netflix, Arte, La Cinetek… Quels films d’auteurs voir ce week-end ?

Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma – Netflix En 2019, Céline Sciamma réalise un film d’époque pour mieux regarder la sienne. Marianne (Noémie Merlant), artiste peintre, doit faire le portrait, en cachette, d’Héloïse (Adèle...

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Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma – Netflix

En 2019, Céline Sciamma réalise un film d’époque pour mieux regarder la sienne. Marianne (Noémie Merlant), artiste peintre, doit faire le portrait, en cachette, d’Héloïse (Adèle Haenel) qui s’y refuse et nourrit l’espoir d’échapper à son destin d’épouse. Avec Portrait de la jeune fille en feu, la cinéaste française filme bien plus que l’éclosion d’un amour proscrit. Le film, d’une sensualité et d’un érotisme incandescent, retenu, redéfinit l’acte même de regarder et fabrique, pour ces deux héroïnes, un espace qui enterre l’autorité désuète du maître et de sa muse. Film d’une génération, Portrait... catalyse avec une acuité prophétique toutes les préoccupations queer et féministe liées à la question de la représentation et vaut comme une incarnation limpide du female gaze.

Au loin s’en vont les nuages d’Aki Kaurismäki – La Cinetek

Vingt sept ans avant Les Feuilles mortes, Aki Kaurismäski filmait déjà une blonde (son actrice fétiche Kati Outinen) et un brun aux cheveux gominés (Kari Väänänen), couple d’amoureux, bientôt décimés par une violente crise économique. Elle est maître d’hôtel, il est conducteur de tramway et ils se retrouvent au chômage. Le cinéaste finlandais filme cette déliquescence, cet abandon, comme un mélodrame Hollywoodien dépouillé, sec, troué par les éclats, tout en clair-obscur, un film aux inspirations néo-réalistes. Le désespoir chez Kaurismäski a toujours sa propre lumière, elle a ici des reflets bleu nuit. Dans ce réel anachronique et dépressif, un regard quasi divin levé vers le ciel suffit, pour qu’au loin, s’en aillent les nuages. Miracle.

Paris Texas de Wim Wenders – France TV

Alors que vient de sortir en salle Anselm, essai poétique et expérimental consacré aux œuvres de l’artiste contemporain Anselm Kiefer, France TV met à disposition Paris Texas de Wim Wenders, Palme d’or au Festival de Cannes en 1984. Un lonesome cowboy muet, les notes de guitare de Ry Cooder, un peep show, une femme blonde et un pull rouge, un petit garçon… Ou les pièces à conviction d’un film inoubliable parce qu’inconsolable. Wenders filme le chagrin comme un désert infini et la relation entre un père et son fils comme un jeu d’apprivoisement. Film culte s’il en est, il est aujourd’hui ouvertement cité dans deux 1ers films de deux jeunes cinéastes britanniques : Charlotte Wells (After Sun) et Charlotte Regan (Scrapper).

Showing Up de Kelly Reichardt – UniversCiné

Après avoir regardé les grands espaces américains en format carré, Kelly Reichardt agrandit l’angle pour filmer les intérieurs domestiques, dont celui où vit Lizzy (Michelle Williams, méconnaissable avec son masque d’aigreur), artiste sculptrice sans cesse dérangée dans sa création par de minuscules contrariétés (un ballon d’eau chaude cassé, un chat trop gourmand…). Avec Showing Up, Kelly Reichardt démystifie la figure de l’artiste pour le ramener à sa condition primaire et replace l’acte de création dans la plus stricte quotidienneté. Chose nouvelle ici : l’affection malicieuse avec laquelle la cinéaste se plaît à peindre le portrait de cette communauté d’artistes au travail.

La Maman et la Putain de Jean Eustache – France TV

Il n’y a pas si longtemps, La Maman et la Putain était l’un de ces films secrets, adulés par un petit cercle d’initiés, car difficilement trouvable. On pouvait espérer l’attraper en mauvaise qualité sur Youtube, se procurer une copie médiocre auprès de cinéphiles aguerris ou profiter d’une rare diffusion éclaire, un soir de 2013 sur Arte. Une injustice depuis réparée par les Films du Losange, qui, en juin dernier, ressortait dans les salles, en version restaurée, l’un des plus beaux films de l’histoire du cinéma. Revoir La Maman et la Putain, cet astre noir, c’est revisiter les ruelles, les cafés et les chambres, revoir les visages de ces vampires qui se risquent au jour par peur de ne plus rien voir. C’est se confronter à une beauté qui n’a pas peur de la laideur. “Vous avez une façon d’être affreuse qui vous va très bien.”

Godard par Godard de Florence Platarets – France TV

Qui mieux que Godard pour dire Godard ? Présenté à Cannes Classics au dernier Festival de Cannes, Godard par Godard prend le pari et retrace chronologiquement la vie et l’œuvre du cinéaste franco-suisse. Scindé en plusieurs chapitres à la graphie très godardienne (Les Années Karina, Le Tournant politique, Godard le retour, Godard superstar…), le documentaire se compose exclusivement d’extraits de films et d’images d’archives (de Godard lui-même, mais aussi de Truffaut, Karina, Piccoli, Huppert, Dutronc ou encore Daney…). Le court format (1 heure) suscite forcément quelques frustrations (le tournant politique trop vite esquissé), mais parvient à produire un dialogue assez jouissif entre les différents régimes d’images. Surtout, Godard par Godard éclaire et célèbre cet art de l’aphorisme propre au réalisateur d’À bout de souffle.