Nicotine et Covid-19: l'étude dépubliée à cause de ses liens avec l'industrie du tabac

TABAC - Le paradoxe du fumeur. Ce jeudi 22 avril, la revue European Respiratory Journal a décidé de retirer une étude publiée en juillet 2020 portant sur d’éventuels effets bénéfiques du tabagisme contre le Covid-19. En cause, de potentiels...

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Nicotine et Covid-19: l'étude dépubliée à cause de ses liens avec l'industrie du tabac (photo d'illustration).

TABAC - Le paradoxe du fumeur. Ce jeudi 22 avril, la revue European Respiratory Journal a décidé de retirer une étude publiée en juillet 2020 portant sur d’éventuels effets bénéfiques du tabagisme contre le Covid-19. En cause, de potentiels conflits d’intérêts entre les auteurs et l’industrie du tabac.

“Deux des auteurs n’ont pas signalé leurs éventuels liens d’intérêt au moment de la soumission du manuscrit de l’étude”, a indiqué la revue dans sa dernière édition de mars 2021. 

L’an dernier, des médias du monde entier avaient relayé les résultats troublants de cette étude, désormais en disgrâce. Elle observait une diminution de 23% des risques d’être positif au Covid-19 chez les fumeurs.

De tels résultats laissaient penser qu’il existait une forme de “paradoxe du fumeur”, selon les auteurs de l’étude. Les chercheurs expliquaient que, si le tabagisme dégrade effectivement les poumons, les fumeurs seraient un peu plus protégés grâce à la nicotine. 

L’European Respiratory Journal ne soutient plus cette étude. La revue s’est notamment aperçue que l’un des auteurs de cet article de recherche, José M. Mier, était consultant pour l’industrie du tabac au moment de la réalisation de cette étude. 

Des liens nébuleux avec l’industrie du tabac

Si l’European Respiratory Journal a autant attendu avant de se rétracter, c’est parce que les liens entre José M. Mier et l’industrie du tabac sont nébuleux. Il était le principal chercheur de l’ONG NOSMOKE, un hub d’innovation scientifique qui a reçu le financement de la Fondation pour un monde sans tabac, un organisme lui-même soutenu par de grandes entreprises du secteur. 

Pour l’heure, aucun élément ne permet d’affirmer que l’industrie du tabac a falsifié l’étude. “Il n’est pas question d’une bavure scientifique de la part des auteurs, mais d’un manquement à la procédure de déclaration des liens d’intérêts”, peut-on lire dans l’erratum publié par l’European Respiratory Journal

Le directeur de l’étude, Konstantinos Farsalinos, a déclaré au site Retraction Watch, qui agrège les dépublications, qu’il ne voyait pas en quoi ces liens auraient pu influencer leur travail.

Un article publié un mois après l’étude en question dans la revue BMJ soulignait déjà des biais dans l’analyse des données qui suggérait, à l’époque, l’existence de ce “paradoxe du fumeur”.

Par exemple, il n’est pas clairement indiqué que les anciens fumeurs ont été retirés de l’échantillon. Si ce n’est pas le cas, le nombre de fumeurs admis à l’hôpital peut être sous-représenté, d’autant plus qu’il est difficile d’établir des données sur la base de déclarations de personnes intubées ou en réanimation.  

“S’il est possible que la nicotine et l’oxyde nitrique apportés par la cigarette aient un effet protecteur, la cigarette reste surtout à l’origine de comorbidités du Covid-19”, indique l’étude.

A l’époque, l’OMS alertait également sur le risque de se penser protégé contre le Covid-19 et de développer un cancer. Croire que la cigarette peut protéger contre les maladies pulmonaires, c’est peut-être ça, le vrai paradoxe du fumeur. 

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