Nirvana en 1991 (1/2) : une journée à Paris avec Kurt Cobain

Eté 1991. Les Inrockuptibles est encore un bimestriel et s’apprête à sortir un disque, un hommage à Leonard Cohen, pour lequel la rédaction a demandé à des groupes aimés de s’approprier une chanson. Je dois faire des photos de chacun·e des...

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Eté 1991. Les Inrockuptibles est encore un bimestriel et s’apprête à sortir un disque, un hommage à Leonard Cohen, pour lequel la rédaction a demandé à des groupes aimés de s’approprier une chanson. Je dois faire des photos de chacun·e des participant·es posant avec une banane, en référence à la pochette d’I’m Your Man. Nirvana ne fait pas partie du casting, Sonic Youth non plus. Mais c’est ce groupe qui occupe mon esprit : je vais enfin pouvoir entrevueer et photographier mes New-Yorkais·es adoré·es.

Une semaine avant le rendez-vous à Londres, je reçois par coursier une cassette avec un titre. La maison de disques m’explique que “c’est un nouveau groupe, les protégés de Sonic Youth qui les ont fait signer chez Geffen”.

Le nouveau groupe en question a déjà sorti un album, Bleach, un peu trop punk rock pour mon goût, mais le morceau m’enchante. Je me souviens avoir pensé : “On dirait les Pixies.” Ce titre, c’est Smells like Teen Spirit, et j’accepte de les rencontrer pour faire un petit article.

Un je-m’en-foutisme total quant aux photos

Je me retrouve donc dans un bureau à Londres et demande au groupe si on peut sortir dans la rue pour faire les photos. Un grand brun et un petit blond barbus, totalement hors de la mode à cette époque ! Et il y a un troisième larron en pantacourt – faute de goût californienne – et ayant tendance à se mettre en avant… Leur point commun ? Un je-m’en-foutisme total quant aux photos : grimaces, têtes détournées, sortie de mon cadre…

Kurt Cobain est très beau, souriant et arbore un T-shirt XXL siglé SOUNDS, l’un des trois hebdomadaires musicaux anglais, celui auquel il a donné une entrevue la veille et qui va faire sa couverture avec lui. On discute un peu pour l’article que je dois écrire, j’utilise une deuxième pellicule avec un autre décor, et bye bye Nirvana !

Sauf que… Pendant qu’ils font leur tournée européenne pépère, MTV balance le clip de Smells like Teen Spirit en boucle et en fait des stars. Le bureau français de Geffen Records décide de rajouter une journée promo dans le marathon européen du groupe.

Tout le monde se les arrache maintenant, et Nirvana débarque dans un hôtel de Pigalle pour rencontrer la presse avant son concert aux Trans Musicales de Rennes, le 7 décembre. C’est un vendredi 22 novembre que je revois Kurt Cobain, cette fois pour une entrevue.

Deux heures d’attente avant que Courtney Love daigne descendre

Il est 11 h, mais il a tellement de mal à sortir du lit qu’on me dit de faire l’entretien dans sa chambre. Il restera au lit, maugréant ses 1ères réponses et sortant un peu plus la tête de dessous les draps au fur et à mesure de l’éveil de son cerveau !

Il me faudra attendre encore très longtemps pour qu’il descende avec ses compagnons pour une séance photo, qu’il entame dans la salle des bagages de l’hôtel en mangeant une… banane. Décidément, Nirvana aurait dû être sur le tribute à Leonard Cohen des Inrockuptibles.

Je continue la séance dans la rue et leur demande de poser – avec eux, c’est un bien grand mot – devant une devanture de sex-shop que j’avais repérée au préalable. En effet, en cadrant bien, j’éliminais une ligne de texte de la devanture et j’obtenais la photo que je visualisais dans mon esprit, à la suite de leur incroyable succès planétaire auprès de la jeunesse : Nirvana devant les mots “Domination Teenage” !

Mardi 26 novembre, toujours à Pigalle, mais à deux cents mètres de cet hôtel, j’ai rendez-vous avec le groupe Hole qui joue le soir même à La Cigale. Je crois avoir été le seul à les voir puisqu’il m’a fallu attendre deux heures pour que Courtney Love daigne descendre, et qu’aucun·e autre journaliste n’est apparu·e. Courtney et Kurt… Il·elles s’étaient retrouvé·es entre mes deux sessions, à Amsterdam je crois me souvenir, pour une nuit commune entre les dates de leurs concerts respectifs à travers l’Europe.