Nordahl Lelandais: le meurtre d'Arthur Noyer élucidé grâce à l'affaire Maëlys
ENQUÊTE - L’énigmatique Nordahl Lelandais est jugé à partir de ce lundi 3 mai pour le meurtre du jeune militaire Arthur Noyer, tué en 2017. Mais une fois de plus, l’ombre de la petite Maëlys, tuée par le même homme quelques mois plus tard,...
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ENQUÊTE - L’énigmatique Nordahl Lelandais est jugé à partir de ce lundi 3 mai pour le meurtre du jeune militaire Arthur Noyer, tué en 2017. Mais une fois de plus, l’ombre de la petite Maëlys, tuée par le même homme quelques mois plus tard, planera inévitablement sur le palais de justice de Chambéry.
Car l’homme n’a été soupçonné du meurtre d’Arthur Noyer qu’après sa mise en cause dans la mort de la fillette, et les deux affaires ont été instruites séparément.
Pendant des mois, il a échappé à tout soupçon, au point de comparaître devant la justice pour une affaire d’usurpation d’insigne d’autorité publique durant l’enquête, en juin 2017, sans être inquiété. Le procureur de l’époque, Thierry Dran, fait alors face à un homme à la vie sentimentale et professionnelle instable sans se douter qu’il le recherche par ailleurs.
Des données de bornage téléphonique
Retour en arrière. Le 20 avril 2017, Thierry Dran décide d’ouvrir une information judiciaire après la disparition “inquiétante” d’Arthur Noyer, 23 ans, caporal sans histoires du 13e Bataillon de chasseurs alpins, lors d’une nuit de pleine lune entre le 11 et le 12 avril. Rien, alors, ne laissait présager que Nordahl Lelandais serait mis en examen pour son assassinat huit mois plus tard.
C’est la disparition de la petite Maëlys De Araujo, 8 ans, le 27 août 2017, lors d’un mariage dans la localité de Pont-de-Beauvoisin, en Isère, qui donne alors un coup d’accélérateur à l’instruction.
Rapidement suspecté, Nordahl Lelandais, 34 ans, un ancien maître-chien de l’armée de terre devenu intérimaire, est mis en examen pour “enlèvement” le 3 septembre. Une trace d’ADN de Maëlys a été découverte dans sa voiture.
À l’époque, les enquêteurs disposent de données de bornage téléphonique et ont identifié des titulaires de lignes ayant suivi un chemin similaire à celui d’Arthur Noyer la nuit de sa disparition.
La voiture de Lelandais au coeur des investigations
Sur des images de vidéosurveillance, les enquêteurs ont également remarqué un véhicule gris, une Audi A3, rôdant dans le quartier Curial de Chambéry et s’arrêtant à hauteur d’Arthur Noyer en partance vers sa caserne. Mais ne parviennent pas à retrouver le véhicule.
Et pour cause: on dénombre “2900 propriétaires de véhicules de ce type sur le seul département de la Savoie”, expliquait le procureur de la République de Chambéry Thierry Dran le 20 décembre 2017.
Alors que les enquêteurs grenoblois commencent à se pencher sur le véhicule gris de Lelandais dans le cadre de la disparition de la fillette, le lien est fait à Chambéry, avec la voiture repérée sur les caméras de vidéosurveillance la nuit de la disparition d’Arthur Noyer. Ne reste plus qu’à tirer le fil des indices pour relier les deux dossiers.
“Après l’affaire Maëlys, un lien pouvait être fait avec le véhicule Audi utilisé par Nordhal Lelandais, ce qui permettait alors d’effectuer des vérifications précises sur la téléphonie, précisait le procureur lors de sa conférence du 20 décembre. Ainsi il apparaissait que les deux téléphones utilisés par Nordhal Lelandais avaient déclenché les mêmes relais que ceux d’Arthur noyer entre 23h48 et 3h41”.
Dans la discrétion, alors que l’agitation est forte autour de l’enquête en Isère, le dossier devient à Chambéry celui “dont on ne doit pas dire le nom”.
Lelandais cause d’une mort accidentelle
Début septembre 2017, des restes d’un crâne sont retrouvés par un randonneur et son chien au col de Marocaz, à une vingtaine de kilomètres de Chambéry. Une magistrate du parquet demande des analyses ADN, les résultats tombent le 18 décembre. Un enquêteur appelle alors l’instruction: “Madame la juge, vous êtes assise?” L’ADN retrouvé correspond à celui d’Arthur Noyer. Deux jours plus tard, Lelandais est mis en examen.
À la même époque, la gendarmerie et l’institution judiciaire rouvrent, chacune de leur côté, des dossiers non résolus afin de savoir si Lelandais peut être mis en cause. Plus de trois ans après, rien ne semble aller dans ce sens.
Le 29 mars 2018, Nordahl Lelandais admet finalement avoir tué, selon lui accidentellement, Arthur Noyer. Se qualifiant lui-même d’impulsif et intolérant à la frustration, le suspect explique qu’il aurait pris en stop le caporal. Au moment de le déposer sur un parking dans l’agglomération chambérienne, pour un motif qui demeure flou, une bagarre aurait éclaté avec le militaire, qui aurait, selon l’accusé, porté au moins le 1er coup.
Mais des zones d’ombre persistent sur le déroulement exact de la nuit pour Lelandais, qui dit avoir consommé de la cocaïne avant le crime. Comme dans l’affaire Maëlys, seuls lui et la victime étaient présents au moment des faits.
Poursuivi pour meurtre, l’accusé encourt trente ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu en fin de semaine ou en début de semaine prochaine.
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