« Nous continuons de jouer alors que le monde est en flamme » réflexion sur la règle 50.2 de la Charte Olympique

A l’aube de la tenue -bien qu’incertaine- des Jeux Olympiques de Tokyo à l’été 2021, la règle 50.2 de la charte de la compétition questionne toujours : « aucune sorte de dénonciation ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée...

« Nous continuons de jouer alors que le monde est en flamme » réflexion sur la règle 50.2 de la Charte Olympique

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

A l’aube de la tenue -bien qu’incertaine- des Jeux Olympiques de Tokyo à l’été 2021, la règle 50.2 de la charte de la compétition questionne toujours : « aucune sorte de dénonciation ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu ou autre emplacement olympique ». 

Si en 1968, lors des Jeux Olympiques de Mexico, elle fut appliquée à la lettre en bannissant à vie de la compétition les trois médaillés du 200m, John Carlos, Tommie Smith et Peter Norman, pour avoir levé le poing sur le podium ou porté un badge en soutien à la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis ; aujourd’hui, dans un contexte social différent, le CIO (Comité International Olympique), sous l’impulsion de grand.e.s sportif.ve.s, a interrogé les athlètes courant 2020 pour connaître leur position sur la question. 

Dans un monde où les dénonciations de racisme, de violences sexistes et sociales se multiplient, où les athlètes, de plus en plus influents et écoutés expriment leurs engagements : est-il temps de dépoussiérer la règle 50 ? Qu’est-ce qui la justifie ? Est-ce que lever le poing pacifiquement quand les yeux du monde sont tournés vers soi va réellement à l’encontre des valeurs de l’Olympisme ? 

 

Sport et politique : un lien ambivalent… 

Le sport a toujours été politique : qu’il s’agisse de démontrer la capacité d’un pays à générer de la performance ou encore, à accueillir un spectacle géant rassemblant des acteur.ice.s du monde entier, il est un formidable outil de soft power (terme géopolitique désignant une manière douce de convaincre et/ou d’asseoir son pouvoir).

La charte olympique affirme que « le but de l’Olympisme est de mettre le sport au service du développement harmonieux de l’humanité en vue de promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine ». Ainsi, le spectacle sportif offert a une vocation bien plus grande que celle d’un simple divertissement. Je lis personnellement l’ambitieuse mission d’impacter positivement la société en exportant des valeurs de respect et de savoir-être, au-delà de la piste d’athlétisme ou du terrain de basket-ball. 

Mais ce qui permet la cohabitation de cet extrait avec la règle 50, est l’échange à sens unique qui s’opère ici. On souhaite que le sport inspire des changements dans nos sociétés tout en le protégeant de thématiques et revendications qui lui seraient étrangères. 

Je suis remontée aux origines de la compétition pour me rappeler que la tenue des Jeux Olympiques s’accompagnait toujours d’une trêve des conflits guerriers. En effet, les Jeux antiques ont été conçus comme un espace hors du temps, une parenthèse. L’occasion de vivre ponctuellement, ensemble une passion commune dépassant les clivages culturels, religieux, politiques… 

 

…ce qui rend complexe la prise de position individuelle 

La mise à mort de l’africain américain George Floyd le 25 mai 2020 et la raisonnance internationale du mouvement Black Lives Matter, nous rappelle que la règle 50.2, telle qu’elle est formulée, ne fait pas consensus chez les athlètes. « Je ne me suis jamais considéré comme un activiste. Je me considérais comme un basketteur », explique Michael Jordan, dans la série « The last dance », parue à l’automne 2020. Son refus de faire de la politique dans l’espace médiatique du basketball est très certainement une position partagée par une majorité silencieuse d’athlètes.

En revanche, plus récemment, Naomi Osaka, américaine et tenniswoman numéro 3 mondiale, est apparue dans le clip « You love me » de Melina Matsoukas (réalisatrice du film « Queen & Slim »), au rythme d’une voix-off qui constate : « We still play while the world burns » / « Nous continuons de jouer alors que le monde est en flamme. » Les prises de position de la championne de tennis, notamment contre les violences policières sont nombreuses.

Cette noble volonté d’embrasser pleinement un rôle de pacificateur se heurte à une question difficile : pouvons-nous modifier la règle 50.2 sans menacer l’harmonie et la joie qui accompagnent le plus grand rassemblement sportif de la planète ? Confronté.e.sà une crise sanitaire sans précédent, peut-être aurons-nous besoin cet été, de divertissement, à l’état pur… 

L’article « Nous continuons de jouer alors que le monde est en flamme » réflexion sur la règle 50.2 de la Charte Olympique via @ Les Sportives.