Océan: en tant que personne trans, "on vit des croisements de discriminations"
LGBT+ - “Qu’est-ce qui se passe quand on est un féministe radical comme moi et que, tout d’un coup, on dit ‘monsieur’ dans une boulangerie?”, s’interroge Océan lorsque nous le rencontrons, à l’occasion de la sortie de la deuxième saison de...
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
LGBT+ - “Qu’est-ce qui se passe quand on est un féministe radical comme moi et que, tout d’un coup, on dit ‘monsieur’ dans une boulangerie?”, s’interroge Océan lorsque nous le rencontrons, à l’occasion de la sortie de la deuxième saison de sa série documentaire, “En infiltré.e.s”, diffusée ce jeudi 17 juin sur Francetv Slash.
Lorsque que l’on ne connaît pas l’humoriste à qui l’on doit “La lesbienne invisible”, “Chatons violents” ou encore “Embrasse-moi”, les étiquettes “homme”, “blanc”, “hétéro”, voire “bourgeois”, sont faciles à coller à Océan. Trois ans après l’annonce de sa transition, Océan a conscience que son parcours, bien qu’atypique, a été moins semé d’embûches que ceux d’autres personnes trans, à qui il donne d’ailleurs la parole tout au long de cette série de douze épisodes.
“Maintenant, t’es passé de l’autre côté, t’appartiens au groupe des hommes”, “tu peux plus dire que t’es féministe”, sont des phrases qu’il a pu entendre à de nombreuses reprises. Mais ne lui dites pas pour autant qu’à travers son parcours d’homme trans, il a gagné en privilèges.
“J’ai gagné en confort, pas en privilèges”
“Je n’ai pas gagné en privilèges, comme beaucoup de personnes le sous-entendent. Je ne crois pas qu’en transitionnant on gagne en privilèges, parce qu’un privilège c’est quelque chose qu’on ne peut pas nous ôter. Être blanc, c’est un privilège, être né dans la classe sociale dans laquelle je suis né, c’est un privilège. Quand bien même demain je n’ai plus de thunes, je serai quand même un bourgeois”, explique-t-il.
En revanche, ajoute-t-il: “oui, j’ai gagné en confort. Dans le sens où l’on ne m’emmerde plus quand j’embrasse ma copine dans un bar, où je ne suis plus sexualisé dans la rue, dans l’espace public”.
Aujourd’hui, si Océan se balade main dans la main avec sa copine dans la rue, dans une gare bondée, ou n’importe où ailleurs, il ne subit plus les regards qu’il a pu subir avant d’entamer sa transition. “Je trouve ça chouette parce que j’ai vécu autre chose pendant longtemps”, fait-il remarquer.
À cela s’ajoute le fait de désormais vivre ce qu’il appelle la “solidarité masculine”. Un phénomène qu’il a l’impression de découvrir “en infiltré”, comme l’indique le titre de cette deuxième saison, tant il ne se reconnaît pas, souvent, dans les discussions que les hommes peuvent avoir entre eux, notamment à propos des femmes.
Personne “sexisée”
Ces petits instants gagnés en confort s’accompagnent d’ailleurs de la perte de ce qu’il appelle le “privilège cis” (de “cisgenre”, une personne cisgenre étant en accord avec son genre de naissance, NDLR).
“Je vis une autre violence que je ne vivais pas avant, comme avoir peur d’aller chez le médecin, comme avoir peur d’être arrêté, d’être hospitalisé. Si je suis en manif et que je me fais incarcérer, je vais devoir faire un coming out”, avance-t-il.
En tant qu’homme trans, il se considère comme une personne “sexisée”, un terme employé par Juliet Drouar, militant.e féministe. “Je continue à faire partie du groupe des femmes au sens très large, des personnes qui vivent le sexisme, des personnes sexisées, ce qui me semble beaucoup plus juste que de dire ‘les femmes’ (...) La seconde où les gens savent que je suis trans, ils changent d’attitude avec moi, donc le confort que j’ai est fragile et temporaire”, poursuit-il.
Et ce confort, il est bien moindre, voire inexistant, chez d’autres personnes trans, aux parcours différents. C’est cela qu’Océan veut montrer dans ce documentaire: la variété et la pluralité des parcours trans, le croisement des discriminations qui peuvent être vécues lorsque l’on est une personne trans et noire, trans et en situation de handicap, trans et en prison. À chaque épisode son thème, ses parcours. Racisme, validisme, grossophobie, transparentalité, rien n’a échappé à Océan, conscient pour autant d’avoir fait toutes ces rencontres à “une place très naïve, très située. J’arrive avec mes privilèges”.
La série d’Océan permet à celles et ceux qui la regarderont d’explorer des parcours, d’autres parcours que ceux qui sont médiatisés, bien que ce soit encore peu le cas, de partir à la rencontre de personnes trans ou intersexes qui ne savent que trop bien ce que sont les discriminations. La subjectivité qui est la sienne n’en rend pas le documentaire moins frappant. Car les personnes qu’il a pu rencontrer sur son chemin se livrent, à tel point qu’on en oublie presque la présence des caméras, et que les questionnements d’Océan deviennent petit à petit les nôtres.
À voir également sur Le HuffPost: La transphobie? Pour Océan, elle se cache parfois dans une simple question inappropriée