On a parlé de Bruxelles, T-Pain et “VEDA” avec YG Pablo

Après la sortie de VEDA, on s’est posé avec YG Pablo pour découvrir cette nouvelle tête prometteuse de la scène bruxelloise.  Avec Geeeko et Frenetik, certains suggèrent déjà le nom des “Avengers”. Au coeur de ce trio made in Bruxelles, YG...

On a parlé de Bruxelles, T-Pain et “VEDA” avec YG Pablo

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Après la sortie de VEDA, on s’est posé avec YG Pablo pour découvrir cette nouvelle tête prometteuse de la scène bruxelloise. 

Avec Geeeko et Frenetik, certains suggèrent déjà le nom des “Avengers”. Au coeur de ce trio made in Bruxelles, YG Pablo se glisse à pas de loups. Patient et méticuleux, il vient de dévoiler VEDA, un projet court mais déjà révélateur d’un talent qu’on devine maîtrisé. Vadrouillant au milieu de plusieurs univers qu’il effleure tour à tour, YG Pablo exploite sa jeune musicalité, qu’il renouvelle selon ses humeurs, ses inspirations. On s’est posé avec lui pour qu’il nous en parle.

C’est quoi ton premier souvenir musical ?

Je pense que c’était dans ma chambre, quand j’ai découvert Audacity. À l’époque j’avais trouvé une vidéo sur YouTube qui disait “Comment avoir la voix de T-Pain”. En suivant le tuto, je me suis rendu compte que c’était l’auto-tune d’Antares. Du coup, je m’enregistrais avec un micro-casque Skype avec le micro qui arrive de côté. Un truc horrible mais je m’enregistrais avec ça parce que je voulais essayer d’avoir la voix de T-Pain, c’était mon premier test dans la musique.

On est ici à Paris, comment tu te sens dans cette ville ?

Je me sens bien, dans une atmosphère de travail, parce que je suis en dehors de mon cadre habituel et je sais que quand je mets le pied à Paris c’est pour le taff.

Donc t’as jamais fait la fête à Paris ?

Non, je n’ai jamais fait la fête à Paris ! Peut-être après l’EP…

Ton endroit de cœur c’est Bruxelles, raconte-moi ta relation avec la ville.

Je suis né à Bruxelles donc, forcément, c’est une relation spéciale. J’ai tout fait là-bas, j’ai tout découvert là-bas. En vrai, que ce soit la musique, que ce soit mes potes, ma manière de vivre, de parler, de rapper… Tout est due à ma ville. Toute cette énergie. C’est une ville multiculturelle : tu vas à l’école tu vois de tout et c’est un super univers. Même quand tu regardes la vague d’artistes qui arrive : on a tous la même mentalité en vrai et je pense que c’est vraiment due à la ville.

T’es à quel moment de ta vie quand tu sors Super ?

Je suis à un moment où je ne me dis pas que le rap ça paye. Où je me dis “sortir des singles c’est cool, il faut maintenant que j’essaie de passer un cap”. Et je pensais que le cap suivant, c’était de sortir un projet. C’était dans la continuité, on ne balance pas des singles toute sa vie, et donc c’était juste sortir un projet sans avoir spécialement d’attentes. Je n’étais pas en mode : “Ouais je vais sortir ce projet je vais péter”.  C’était juste : “Voilà, c’est le moment de sortir”. Montrer un peu plus ce que je fais dans ma musique. Je l’ai fait à un moment où je travaillais encore dans un magasin de vêtements donc quand je finissais le travail, j’allais au studio. C’était la débrouille.

Qu’est-ce qui change aujourd’hui pour la sortie de VEDA ?

Entre temps la musique c’est devenu mon métier : je peux en vivre. Et donc, je sais que les enjeux sont différents. J’ai passé un cap, maintenant, mon projet ça va être une vraie première prise de parole… Je ne vais pas dire que j’ai la pression, parce que j’ai bien travaillé le projet, j’en suis fier et parce que je sors ce que je veux sortir. Maintenant, c’est professionnel, l’énergie est toujours bonne.

Parlons de cette release du coup. Que veut dire VEDA ?

VEDA ça vient de l’hindouisme, et ça veut dire “Vision” et “Connaissance”, c’est un truc sur lequel je suis tombé et ça voulait dire beaucoup pour moi. “Vision” parce que quand j’ai sorti “AVM”, qui a pété à un certain moment, j’ai eu énormément de propositions de label etc. C’est une direction qu’on n’a pas prise, parce que dans la vision qu’on avait, avec mon équipe, on avait besoin de se former et de se créer réellement et dans la vision on s’était dit que ce n’était pas encore le moment. Même si on nous offre des trucs de ouf, ce n’était pas le moment on veut continuer en indé.

C’était un risque mais dans la vision qu’on avait, on allait tout droit. On savait plus ou moins où on voulait aller et on ne va pas lâcher car on a confiance en nous. Jusqu’à aujourd’hui j’en suis fier, car ça nous a permis de mieux anticiper la suite. Et “Connaissance”, parce que c’est une période pendant laquelle j’ai appris énormément de choses. Autant sur la musique que sur moi-même que sur le business que sur tout. Voilà ce que veux dire VEDA.

Dans le projet on remarque beaucoup de sentiments à l’intérieur. Est-ce que c’est comme ça que tu l’as conçu ?

Totalement. Tous les morceaux qui ont été sélectionné ont été faits à des moments super éparpillés dans le temps. Mais du coup, chaque morceau a vraiment une âme. Dans le sens où quand j’ai fait “Scène de film” c’était un moment où j’ai connu une déception de ouf, j’ai fait le morceau et ça m’a donné une certaine énergie… et ça se ressent.

Même si je ne parle pas du moment en tant que tel, l’énergie se ressent et je vois vraiment chaque morceau comme une fraction de temps où j’étais dans un certain mood et chacun de ces moods sont très bien retranscrits. Quand j’ai fait “Goyard”, le lendemain j’avais été nommé pour un truc, et j’ai pas gagné et en sortant du train je me suis fait contrôler par la police et je l’ai mis dans le texte. Ce ne sont que des capsules de temps que je renferme dans chaque morceau en fait.

Justement dans l’intro tu dis : “Quand j’écris je vois des scènes de films”. Tu parles desquels ?

Et bien, ça dépend du morceau. Quand j’écoute la prod de “Destocker”, je me vois vraiment plus jeune et ça vient tout seul. C’est pour ça que je dis que ce sont des scènes de films, c’est pas réellement des films que j’ai vu, je ne dis pas en entendant une prod : “Oh : Al Pacino, Scarface” (rires). C’est juste que, pour moi, je vois des images que je pourrais qualifier de scènes de films.

Parlons de “Malhonnête”. C’est certainement le morceau le plus intéressant dans les sonorités : c’est quelque chose que tu veux explorer ?

“Malhonnête”, c’est un de mes morceaux préférés du projet parce qu’il est bien bossé. Dans le sens ou même dans les sonorités de la prod, on a fait en sorte que la voix sonne comme un sample on a essayé de bosser le truc. C’est un son love. En fait, c’est le dernier son du projet que j’ai fait : il est assez récent et c’est clairement dans la continuité du genre de morceau love que je veux faire, que je veux atteindre.

Je sais qu’en France, il y a beaucoup d’artistes qui font des sons loves, mais pas comme ça. Dans le sens ou c’est plus inspiré de Bryson Tiller, Drake quand il fait des morceaux super R&B et c’est vraiment cette vibe la que je veux continuer à explorer et que je compte même pousser encore plus. Même au niveau des sonorités : jouer un truc avec un bassiste et que ça se sente, qu’on sente des grooves.

Parle moi de cette connexion qu’on appelle déjà les Avengers : Geeeko,  Frenetik et YG Pablo.

Connexion évidente. On a tous évolué en même temps, dans le sens ou moi et Frenetik on était dans des studios on avait 2000 abonnés chacun, même pas. On avait sorti quatre sons et on faisait juste du son. Et du coup on a évolué chacun de notre côté; et chacun de notre manière, mais tout en ayant toujours un œil l’un sur l’autre. En se donnant de la force. C’est super cool de nous voir nous trois au stade où on est maintenant. C’est cool, parce que rien n’a changé en fait.

Je pense que c’est une mentalité super bruxelloise mais on ne fait pas les fier entre nous. Si il y en a un qui monte, tant mieux, c’est son tour. Demain, c’est le mien, et le lendemain, ce sera l’autre. On a cette connexion et elle est juste positive. On est juste content les uns pour les autres, et ouais, c’est évident pour nous.

On sait que tu as encore en réserve pas mal de morceaux, comment est écrite la suite ?

C’est vrai qu’on a redirigé le truc parce que de base, ce n’était pas un EP qu’on devait sortir, mais une mixtape. Qui dit mixtape dit plus de morceaux, avec d’autres directions etc. Finalement, on a un peu concis le truc, et donc, j’ai d’autres morceaux qui sont très chauds. Mais on va continuer à bosser en vrai ! Si je fais un son, qu’à un moment je le trouve super chaud et que je veux le mettre sur un projet, peut-être que je vais passer à autre chose, et si je suis toujours dans l’optique de sortir le morceau, mais que j’estime qu’il est plus assez chaud, je rappelle le compo parce qu’il faut qu’on en refasse un autre.

J’ai pleins de morceaux qui sont bien, d’autres que je n’aime plus. En tout cas, j’envisage la suite comme ça : d’abord cet EP, puis une mixtape, puis l’album, si tout se passe bien. La suite, ce sera un plus long format. Peut-être m’ouvrir un peu, faire des feats, explorer d’autres univers musicaux. Et la mixtape, ce ne sera pas dans si longtemps que ça en vrai.

YG Pablo, VEDA © ART-EAST INC.