On y était : Tyler, the Creator au Zénith de Paris

“Why can’t we just be in pop”, s’interroge Tyler, the Creator en janvier 2020. Le natif d’Hawthorne, Californie (la ville est aussi le QG de la société Space X, pour ceux qui veulent y voir un lien de causalité entre les projets démesurés d’Elon...

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“Why can’t we just be in pop”, s’interroge Tyler, the Creator en janvier 2020. Le natif d’Hawthorne, Californie (la ville est aussi le QG de la société Space X, pour ceux qui veulent y voir un lien de causalité entre les projets démesurés d’Elon Musk et la trajectoire stratosphérique de l’ex-Odd Future), vient de remporter le Grammy award du “meilleur album rap” de l’année pour IGOR, un disque qui tient pourtant davantage d’un David Bowie West Coast que d’un Wu-Tang pur jus, et pose la question de la place des artistes noirs dans l’industrie, cantonnés aux catégories “rap” et “urbain” lors des grandes cérémonies, même quand ceux-ci livrent en pâture des œuvres qui échappent justement à toute forme de catégorisation.

Dimanche 5 juin 2022, c’est bien une pop star qui déboule dans un Zénith Paris – La Villette (XIX) plein à craquer, où près de 7000 kids flanqués de pull Jacquard sans manches et autres chapkas en fourrure, ont vu la Vierge. Deux ans après son concert reporté du 3 juin 2020, Tyler, the Creator est enfin à Paris pour présenter IGOR et CALL ME IF YOU GET LOST, son dernier album sorti par surprise il y a presque un an (et pour lequel, ironie de l’histoire, il a remporté un nouveau Grammy, toujours dans la catégorie “Rap”). Sur Instagram, les stories se succèdent : une queue semblant remonter jusqu’au Macdo de l’Avenue Jean Jaurès, de la flotte et les 1ères images d’une scène sur laquelle s’élève une colline verdoyante surmontée d’un écran géant.

Bitch

Dans la salle, l’ambiance est pré-insurrectionnelle. La scénographie rappelle les motifs bucoliques de l’univers de CALL ME IF YOU GET LOST et les escapades suisses du pote Tyler, mais fait l’impasse sur les détails maximalistes qui ont marqué les performances du Californien au Lollapalooza de Chicago l’été dernier et ces derniers mois lors de sa tournée nord-américaine (une vieille Rolls-Royce, un bateau, la façade très Wes Anderson d’un hôtel vintage). Sur les coups de 20h50, Tyler apparaît au sommet de son monticule de verdure avec CORSO et fait claquer les 1ers effets pyrotechniques face à un parterre de gosses hystériques qui fomentent déjà un circle pit au centre de la fosse. Dans son dos, des images de paysages défilent à l’écran et s’adaptant aux différents mood de Tyler, du plus paisible, avec son fleuve placide au crépuscule (WUSYANAME), jusqu’aux plus torturés, avec ses tempêtes (démoniaque LUMBERJACK), ses chutes de neige (MASSA) et ses forêts en feu.

Tyler semble vouloir passer en revue sa discographie. Après un 1er arrêt aux stands au bout d’une petite dizaine de titres, tous extraits de CMIYGL et Flower Boy (911/Mr. Lonely ; See You Again ; un Who Dat Boy en flammes, au sens propre) et la reprise de sa collaboration avec ce bon vieux Nigo (Come On, Let’s Go), le goat fait le point. “On a fait du CMIFYGL, du Flower Boy…”, pose-t-il, avant de recadrer la foule à grands coups de “SHUT THE FUCK UP” et de “BITCH” quand celle-ci réclame “IGOR IGOR IGOR” et toise l’audience : “je sais que vous êtes nouveaux ici, mais j’aimerais remonter encore plus loin, en 2011…” Protestation générale. Même s’ils n’avaient pas 10 ans pour la plupart, les kids présents dans la salle ce soir connaissent tout, des 1ères saillies d’Odd Future (1er collectif de Tyler, d’où sont également issus les Earl Sweatshirt, Frank Ocean, Domo Genesis, Syd et compagnie, pour ceux qui prendraient le train en route) jusqu’aux chorégraphies barrées d’IGOR.

Four, skate, four, skate

Après un petit medley nostalgique et la citation des albums Goblin (Yonkers ; She) et Wolf (Tamale), le Créateur fait une fois de plus monter la pression, avant de déflorer IGOR, le disque qui, il est vrai, aura fait basculer Tyler dans une autre dimension. S’il ne prend pas la peine de se visser sur le crâne la fameuse perruque blonde peroxydée de son persona au cœur brisé, les 1ers coups de semonce de I THINK (le type a prévenu la salle, si personne ne bouge ses fesses sur ce hit, il remballe tout et rentre à la maison) font trembler le Zénith jusqu’à l’embrasement total (là encore, au sens propre, des geyser de flammes saturant la scène) lorsque l’Américain déploie un NEW MAGIC WAND quasi-black metal, sur une danse de l’Apocalypse.

Pas de 1ère partie, pas de rappel : juste Tyler et 1h15 de show, chrono en main. Sur Twitter, on peut lire des “merci d’avoir apporté cette culture en France”. Lui, remercie encore Kanye West et les Neptunes d’avoir défoncé des portes. Ce dimanche, des pans entiers des morceaux de Tyler étaient chantés, braillés, scandés par le public et, peut-être plus que l’instant culte représenté par la venue du Californien à Paris, c’est ce que l’on retiendra. Trop fort, Tyler.