Oscars 2021 : le triomphe attendu de “Nomadland“ ponctue une cérémonie insolite
Rarement, pour ne pas dire jamais, des oscars auront été si peu scrutés. C’est avec cette réalité en tête et donc probablement sans véritable pression que cette 93e édition s’est avancée tandis que Steven Soderbergh, membre de l’équipe de production,...
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Rarement, pour ne pas dire jamais, des oscars auront été si peu scrutés. C’est avec cette réalité en tête et donc probablement sans véritable pression que cette 93e édition s’est avancée tandis que Steven Soderbergh, membre de l’équipe de production, avait annoncé qu’elle « ne ressemblera à rien de ce qui a été fait auparavant« . On n’enlèvera effectivement pas à ces oscars d’avoir comblé l’attente d’un certain renouveau, à tel point qu’il fallait parfois se pincer pour vérifier que l’on était bien devant la prestigieuse cérémonie d’Hollywood.
Des aménagements formels appréciables
Des changements concernant d’abord la réalisation qui, crise sanitaire oblige, a dû adopter un dispositif particulier. Après les très laborieux Golden Globes, les aménagements formels de cette 93e édition furent la bonne surprise de la soirée. S’ouvrant sur une très élégante séquence d’ouverture – purement soderberghienne – suivant Regina King, cette cérémonie fut marqué par une mise en scène plus cinématographique et narrative, lui permettant d’alterner avec une fluidité assez remarquable la salle de cérémonie principale (sorte de salon miniaturisé et intimiste regroupant les principaux nommées), les différents duplex organisés pour les nommés ne pouvant être présent sur place et les reportages qui ont ponctué à plusieurs reprises le show.
L’autre nouveauté appréciables de cette cérémonie fut la disparition de la restriction de temps des discours des différents gagnants (habituellement calé sur un délai absurdement court de 30 secondes). Ce dimanche soir, les temps de paroles étaient illimités, rendant les différents discours moins formatés, plus incarnés et chaleureux (l’hommage de Thomas Vinterberg à sa fille décédée, les multiples prises de paroles impeccables de Chloé Zhao, le discours plein de fougue de Youn Yuh-jung, qui se demande comment elle a pu gagner face à Glenn Glose avant de répondre « C’est peut-être l’hospitalité américaine offert à une actrice sud-coréenne« )
Un ton de cérémonie sobre, davantage tourné vers l’intime et moins vers les paillettes, fut l’ADN d’une soirée extrêmement précautionneuse à rappeler son attachement à la mixité et son combat pour la justice sociale. Les discours les plus politiquement rageurs furent prononcées par les gagnants de catégorie moins sous le feu de projecteur. Les réalisateurs du court-métrage d’animation If Anything Happens I Love You qui rendirent hommage à ceux qui se battent contre les armes et Travon Free (co-réalisateur du court métrage Two Distant Strangers qui met en scène un homme noir qui meurt d’étouffement après l’intervention d’un policier) qui effectua une prise de parole puissance : « Ce soir la police va tuer trois personnes, demain la police va tuer trois personnes et le jour d’après-demain la police va tuer trois personnes. Parce qu’en moyenne, la police américaine tue trois personnes par jour, soit 1000 personnes par an« .
Une bienveillance et un humanisme qui offrirent d’autres séquences fortes (l’annonce du vainqueur du meilleur documentaire effectué en langue des signes dans un silence total bientôt rompu par des applaudissement, l’hommage aux millions de mort dans le monde du Covid avant le lancement de la traditionnelle séquence In Mémoriam) mais qui, dépourvue de la verve cinglante et de l’humour pleine autodérision dont la cérémonie avait pu nous habituer, donnait parfois l’impression d’assister à un gala de charité.
Un palmarès sans surprise
Côté palmarès, et comme on pouvait si attendre, les dix nominations de Mank agissaient en trompe l’œil et ne faisait pas de lui le véritable favori. Le champion de Netflix repart avec deux prix techniques qui célèbrent le formidable travail d’orfèvre de l’image (meilleure décors et direction artistique et meilleure photo). Le minimum syndical pour l’un meilleurs films de l’année 2020. Avec 34 nominations et 7 récompenses, Netflix domine pourtant largement la catégorie officieuse de distributeur le plus couronné, tout en n’ayant remporté aucun de prix les plus prestigieux.
La statuette de la mise en scène fit décernée à Chloé Zhao pour Nomadland, grand favori et grand gagnant de la soirée (il l’emporte également dans les le meilleur film et meilleure actrice). Cette troisième réalisation de la cinéaste chinoise qui, bien que poignante, nous a moins envouté que ces deux précédentes réalisations (Les chansons que mes frères m’ont apprises, The rider). On peut se réjouir en revanche, qu’après Bigelow pour Démineurs, la cinéaste devienne la seconde réalisatrice à remporter le trophée de l’histoire de la cérémonie. Avec trois oscars cumulés pour un 1er rôle (Fargo, Three Billboards et à présent Nomandland), Frances McDormand. se place en seconde position des actrices les plus récompensés de la cérémonie, derrière les quatre statuettes de Katharine Hepburn) Dans son discours de remerciement, MCdormand sera étonnement la seule à causer de la nostalgie de les salle de cinéma et d’exprimer sa hâte de leur réouverture.
L’Oscar du meilleur scénario original et du meilleur scénario adapté ont couronnés deux scénarios assez démonstratifs, basés sur une logique de récit à multiples détentes : le 1er pour Promising Young Woman de Emerald Fennell et le second pour The Father Florian Zeller et Christopher Hampton offrant une cette scène assez improbable du français recevant le prix en duplex, sur le toit du bâtiment Canal Plus à Boulogne Billancourt. Le film repart également avec le statuette du meilleur acteur attribuée à Anthony Hopkins, une récompense méritée et la seconde pour l’acteur, 30 ans après sa performance iconique dans Le silence des Agneaux.
On se réjouit également pour l’oscar du meilleur acteur dans un second rôle décerné à Daniel Kaluuya pour son interprétation puissante du militant et membre du Black Panther Fred Hampton dans Judas and the Black Messiah. Sans surprise non plus, Soul remporte l’oscar du meilleur film d’animation. Partagé avec Dana Murray, c’est le troisième oscar pour Pete Docter après Là haut et Vice Versa.
Le palmarès complet (par ordre de décernement)
Meilleur scénario
Emerald Fennell pour Promising Young Woman
Meilleur scénario adapté
Florian Zeller et Christopher Hampton pour The Father
Meilleur film international
Drunk de Thomas Vinterberg
Meilleur acteur dans un second rôle
Daniel Kaluuya dans Judas and the Black Messiah
Meilleure réalisation
Chloé Zhao pour Nomadland
Meilleurs costumes
Ann Roth pour Le Blues de Ma Rainey
Meilleurs maquillages et coiffures
Matiki Anoff, Mia Neal, Larry M. Cherry pour Le Blues de Ma Rainey –
Meilleur son
Nicolas Becker pour Sound of Metal
Meilleur Montage
Mikkel E.G. Nielsendouble pour Sound of Metal
Oscars d’honneur
Motion Picture & Television Fund et Tyler Perry
Meilleur court métrage de fiction
Two Distant Strangers de Travon Free et Martin Desmond Roe
Meilleur court métrage d’animation
If Anything Happens I Love You de Will McCormack et Michael Govier
Meilleur film d’animation
Soul de Pete Docter et Dana Murray
Meilleur court métrage documentaire
Colette de Anthony Giacchino et Alice Doyard
Meilleur film documentaire
La Sagesse de la pieuvre de Pippa Ehrlich, James Reed et Craig Foster
Meilleurs effets visuels
Andrew Jackson, David Lee, Andrew Lockley et Scott Fisher pour Tenet
Meilleure actrice dans un second rôle
Youn Yuh-jung pour Minari
Meilleure musique
Trenz Reznor et Atticuss Ross pour Soul
Meilleurs décors et direction artistique
Donald Graham Burt et Jan Pascale pour Mank
Meilleure photographie
Erik Messerschmidt pour Mank
Meilleure chanson originale
H.E.R., Dernst Emile et Tiara Thomas pour Fight For You dans Judas and the Black Messiah
Meilleur film
Nomadland
Meilleur actrice
Frances Mcdormand pour Nomadland
Meilleur acteur
Anthony Hopkins pour The Father