Ouverture de la vaccination pour tous: vous hésitez? Voici ce qu'il faut savoir

SCIENCE - Après des mois d’une ouverture par étapes, selon les publics prioritaires, les vaccins contre le Covid-19 sont enfin disponibles, sans condition, pour l’ensemble des adultes ce lundi 31 mai. Pour réserver un créneau, il suffit d’appeler...

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Même jeune et en bonne santé, recevoir une dose de vaccin a de nombreux avantages et les risques sont limités.

SCIENCE - Après des mois d’une ouverture par étapes, selon les publics prioritaires, les vaccins contre le Covid-19 sont enfin disponibles, sans condition, pour l’ensemble des adultes ce lundi 31 mai. Pour réserver un créneau, il suffit d’appeler un centre de vaccination près de chez vous ou de passer par des plateformes en ligne comme Doctolib, Maiia, ou encore le site Vite ma dose qui centralise les différents rendez-vous disponibles. Pour les moins de 55 ans, seuls les vaccins Pfizer et Moderna sont accessibles.

Mais pour quoi faire, au juste? Pour les personnes âgées ou avec une comorbidité, le risque de développer une forme grave, voire de mourir du Covid-19, est bien connu, et le vaccin représente la meilleure manière de s’en prémunir. Mais quand on est jeune et en bonne santé, quel bénéfice retire-t-on de la vaccination, comparé aux risques et incertitudes liés à l’injection du vaccin?

Le HuffPost vous propose de faire le point calmement sur ces bénéfices et ces risques.

Les faux risques du vaccin

Si je me fais vacciner, est-ce que je risque d’avoir un AVC? D’être infertile? Les rumeurs et affirmations à l’emporte-pièce sont très nombreuses sur les réseaux sociaux. De très nombreux articles, comme ceux-ci duMondeet de l’AFP, expliquent régulièrement pourquoi ces critiques sont infondées.

Cela ne veut pas dire que l’injection d’un vaccin est 100% garantie sans risque. Des effets indésirables peuvent avoir lieu, comme pour n’importe quel médicament. La bonne nouvelle, c’est que ces problèmes sont scrutés de très, très près. Et ce, partout dans le monde. S’il y a un risque lié à la vaccination, il est connu et discuté par les autorités de santé et la communauté de scientifique et est donc rendu public et largement explicité.

Quand on sait que plus de 800 millions de personnes ont déjà été vaccinées, on peut dire sans se tromper que l’on a aujourd’hui une vision plutôt claire de la chose. Voici ce que l’on en sait.

L’allergie, l’effet indésirable commun

Le seul risque d’effet secondaire grave avéré et partagé par tous les vaccins anti-Covid, c’est le choc anaphylactique, une réaction allergique violente. Celle-ci survient dans les 30 minutes suivant l’injection. C’est un problème grave, mais qui est traité relativement facilement à condition de disposer des bons médicaments; c’est évidemment le cas dans tous les centres de vaccination.

De nombreuses études ont répertorié les cas de chocs anaphylactiques, qui n’ont jamais entraîné de décès. En Grande-Bretagne, en mars, sur 8,3 millions de vaccinés avec Pfizer et 6,9 millions avec AstraZeneca, respectivement 168 et 105 cas ont été enregistrés. Soit entre 15 et 20 pour un million de vaccinés.

Aux États-Unis, en janvier, 21 cas ont été rapportés sur 1,8 million de vaccinés. En février, après plus de 17 millions de vaccinés avec Pfizer et Moderna, ce chiffre restait faible: respectivement 4,7 et 2,5 cas par million de doses injectées.

À chaque fois, ce sont les cas qui ont été remontés au réseau de surveillance qui sont comptabilisés, on peut donc penser que le chiffre réel est un peu plus élevé. Dans une étude d’ampleur beaucoup plus limitée (60.000 personnes), mais avec un suivi très détaillé des patients, un choc anaphylactique a été observé sur 16 personnes.

Les études faisant la distinction entre hommes et femmes semblent montrer que les femmes ont un peu plus de risques d’être touchées. Encore une fois, ce problème, très rare, n’est pas mortel et bien pris en charge.

Les thromboses d’AstraZeneca et Janssen

Les vaccins AstraZeneca et Janssen présentent un risque d’effet indésirable supplémentaire, extrêmement rare lui aussi, mais potentiellement mortel: la formation de thromboses. Comme le rappelleScience magazine, le nombre de cas varie entre 1 pour 40.000 et 1 pour 120.000 en fonction des différents pays où le vaccin a été utilisé pour AstraZeneca. Pour Janssen, les données sont encore récentes, mais semblent assez similaires. Les 1ères données indiquent que cet effet indésirable touche principalement les personnes jeunes, notamment les femmes.

Un débat existe au sein de la communauté scientifique. Le risque de faire une thrombose de ce type sans prendre de vaccin existe également. Alors à quel point le vaccin augmente-t-il le risque? À quel point les personnes qui, après avoir été vaccinées, ont été touchées auraient quoi qu’il arrive développé une thrombose? Il semble assez évident que le vaccin augmente ce risque, très rare au demeurant. Mais le niveau de l’augmentation fait encore débat.

C’est pourquoi, par précaution, de nombreux pays dont la France réservent ces vaccins aux personnes âgées de plus de 55 ans. Pour les plus jeunes, cet effet rend la balance bénéfice-risque plus incertaine. En revanche, pour les personnes âgées qui ont une forte probabilité de développer une forme grave de Covid-19, la balance bénéfice-risque est toujours favorable (voir à ce propos cet article en graphiques).

Existe-t-il des risques à long terme inconnus?

Jamais nous n’aurions pensé avoir des vaccins aussi efficaces si rapidement après le début de la pandémie. Cela fait craindre à beaucoup que des effets indésirables puissent n’être découverts qu’après coup. Évidemment, on ne peut jamais être certain à 100%, mais en réalité, nous disposons aujourd’hui d’un recul important.

D’abord, tous ces vaccins sont passés par des phases d’essais cliniques, qui ont commencé pour la plupart durant l’été 2020. Ces essais, avec plusieurs milliers de personnes, ne sont évidemment pas parfaits et peuvent passer à côté d’effets très, très rares, touchant par exemple un vacciné sur 100.000 ou sur un million. Mais plus de 800 millions de personnes ont aujourd’hui été vaccinées. S’il devait y avoir des effets indésirables très rares, nous les aurions vus (plus de détails dans notre article dédié). Les thromboses d’AstraZeneca sont un bon exemple: il était quasiment impossible de détecter ce risque statistiquement avec un essai sur des dizaines de milliers de personnes, mais l’alerte a très vite été donnée, début mars.

Pour autant, si les essais cliniques ont commencé il y a près d’un an, la vaccination de masse, non. N’y a-t-il donc pas un risque de voir des effets rares et à long terme émerger? L’histoire des vaccins permet d’y voir plus clair. L’hôpital pour enfants de Philadelphie a répertorié les principaux cas d’effets indésirables rares, mais graves, qui sont apparus après le début d’une campagne de vaccination: polio, fièvre jaune, grippe, rougeole… Les cas sont bien connus, car les vaccins sont les médicaments les plus surveillés au monde.

Résultat: à chaque fois, l’effet indésirable se développe dans les 2 mois qui suivent l’injection de la 1ère dose. Il y a deux mois, plus de 300 millions de personnes étaient déjà vaccinées. De quoi clairement avoir une vision d’ensemble. De plus, rappelle l’article, tous les effets indésirables rares connus à ce jour liés au vaccin touchent aussi les victimes de la maladie (sauf la narcolepsie provoquée par le vaccin contre le H1N1 en 2009).

Se faire vacciner face aux variants, quel intérêt?

Pour résumer, nous avons aujourd’hui une connaissance scientifique suffisante pour dire que le risque lié aux vaccins disponibles pour les jeunes adultes en France, Pfizer et Moderna, est extrêmement limité (il se résume à un risque de très forte allergie au moment de l’injection). Mais pourquoi tenter le diable, après tout, si l’on n’est pas à risque de décès face au Covid-19? Surtout, avec la circulation de nouveaux variants, ne risque-t-on pas de se faire vacciner pour rien?

De très nombreusesétudes ont montré l’efficacité de tous les vaccins commercialisés actuellement contre le Covid-19. Ils sont efficaces pour empêcher la maladie, pour empêcher les formes graves, et même pour empêcher la transmission. Ces faits scientifiques sont prouvés par des dizaines de travaux, à la fois via des essais cliniques testés contre un placebo et via des analyses dans le monde réel, sur des centaines de milliers de personnes.

Il existe actuellement dans la communauté scientifique des débats sur l’efficacité de certains vaccins contre certains types de variants. Pour autant, il faut rappeler que contre le variant anglais B.1.1.7, qui représente 77% des cas de Covid-19 en France, tous ces vaccins fonctionnent. De plus, Pfizer, vaccin majoritaire en France et principalement injecté, notamment pour les moins de 55 ans, semble également efficace contre tous les variants connus. De 1ers résultats préliminaires montrent qu’il fonctionne également bien contre le nouveau variant indien, B.1.617.

Ces résultats sont préliminaires et pourraient changer. Il est également possible qu’un variant réellement résistant apparaisse. Face à un tel scénario, tout ne serait pas pour autant perdu. Une troisième dose modifiée devrait permettre de relancer le système immunitaire et pourrait être disponible en quelques mois, grâce à la technologie à ARN messager.

Le Covid-19 ne fait pas que tuer

En résumé, les risques sont limités et bien encadrés. Ils sont encore plus faibles si vous avez moins de 55 ans, car vous ne serez vaccinés qu’avec un vaccin à ARN messager, comme ceux de Moderna et Pfizer.

On peut pour autant se dire qu’une personne jeune et en bonne santé n’a, après tout, que très très peu de risque de mourir du Covid-19. Moins de 0,01%, selon les données scientifiques. Ce n’est pas pour rien que la vaccination a d’abord été réservée aux publics à risque.

Mais ce serait une erreur de croire que contracter le coronavirus sans avoir été vacciné est indolore. D’abord, les risques d’hospitalisation sont plus élevés, même s’ils restent relativement faibles. Il faut rajouter le risque de développer une forme de Covid long, encore mal défini, mais qui peut avoir un impact handicapant sur des mois et représenter une part importante du bilan sanitaire final de cette pandémie.

Enfin, même sur du temps court, les symptômes du coronavirus sont tout sauf agréables: fièvre, fatigue intense, perte de goût et d’odorat.

Se vacciner pour les autres

Il faut également rappeler que la vaccination n’est pas un acte visant uniquement à se protéger, mais il est aussi altruiste. De la même manière que le port du masque protège avant tout les autres, le vaccin permet d’endiguer la propagation de la maladie et donc de protéger les autres. Notamment les personnes vulnérables qui, pour des raisons de santé, ne peuvent pas être vaccinées. L’immunité collective est loin d’être acquise, mais chaque vacciné diminue un tout petit peu la capacité de propagation du virus.

Toujours sur un plan global, le principal risque à long terme de la pandémie, c’est l’émergence de variants résistants aux vaccins actuels. Le meilleur moyen pour qu’ils émergent, c’est de laisser le virus circuler chez des personnes non vaccinées. Si les mutations aléatoires donnent naissance à un coronavirus pas spécialement très performant, mais capable d’infecter une personne vaccinée, il pourra alors se répandre dans la population protégée et créer une nouvelle épidémie dans l’épidémie.

Pour empêcher ce scénario, la meilleure chose à faire est de vacciner un maximum la population tout en réduisant tout autant la circulation du virus (gestes barrière, masque, etc.).

Le sésame du pass sanitaire

Enfin, il faut rappeler que le vaccin est un sésame bien moins encombrant et ennuyeux que la multiplication des tests PCR pour activer le pass sanitaire

À voir également sur Le HuffPost: Les 4 grands types de vaccins contre le Covid-19 expliqués en 2 minutes