“Ozu et nous”, un livre qui nous réapprend à voir les films du cinéaste japonais

Il faut prendre le titre – Ozu et nous – très au sérieux. Car l’enjeu de ce livre n’est pas d’ordre historique (même si on y trouve quelques renseignements précieux) mais plutôt d’ordre intime. Le projet consiste à montrer comment les films...

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Il faut prendre le titre – Ozu et nous – très au sérieux. Car l’enjeu de ce livre n’est pas d’ordre historique (même si on y trouve quelques renseignements précieux) mais plutôt d’ordre intime. Le projet consiste à montrer comment les films d’Ozu, qui ont plus de 60 ans, résonnent dans la tête et dans le cœur d’un·e spectateur·rice contemporain·e. De telle manière que le nous du titre n’est pas seulement celui des deux auteur·trices mais, plus largement, celui de chaque personne qui découvre ou redécouvre, par exemple, Printemps Tardif ou Fin d’Automne, pour ne citer que deux des 21 films revisités dans l’ouvrage.

Dans un ordre pas exactement chronologique – le livre commence avec Le Fils Unique (1936) et s’achève sur la dernière œuvre du maître, Le Goût du Saké (1962) – les deux auteur·trices se sont donc attelés à correspondre sur chacun des films qu’ils ont vu ou revu. Et leurs échanges rythment ce livre qui devient vite une sorte de journal à deux voix où l’on en apprend presque autant sur les deux correspondant·es que sur les films qu’il et elle analysent.

Métaphysique

C’est d’ailleurs ce qui est passionnant dans Ozu et nous : cette manière d’envisager les films d’Ozu, non comme des chefs-d’œuvre éternels, mais plutôt comme des objets vivants, presque domestiques (Ozu s’y prête parfaitement !). Des objets vivants qui circulent en nous et nous touchent à tel ou tel endroit de notre intimité. Ce qui ne marcherait peut-être pas avec des metteurs en scène intimidants ou monumentaux comme Kubrick ou Tarkovsky, fonctionne, au contraire, merveilleusement avec Ozu, cinéaste qui atteint la métaphysique par l’infinitésimal.

De film en film, Nathalie Azoulai et Serge Toubiana nous entraînent ainsi dans une traversée des émotions suscitées par tel geste, tel détail, tel motif, tel rapprochement avec tel film (d’Ozu ou non) ou tel livre. C’est comme une tapisserie qui se tisse peu à peu sous nos yeux et qui nous réapprend à voir les films d’Ozu. Ou comme une petite sonate en duo dont la mélodie et les harmoniques nous enchantent discrètement.