Pâques, la fête de tous les risques ? Ce qu'on a appris de Noël
CORONAVIRUS - Les cloches de tous les dangers? Le week-end de Pâques ces 3 et 4 avril et les vacances qui suivront peu après cristallisent à l’heure actuelle tous les messages de vigilance de l’exécutif. Contrairement au 24 décembre dernier,...
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CORONAVIRUS - Les cloches de tous les dangers? Le week-end de Pâques ces 3 et 4 avril et les vacances qui suivront peu après cristallisent à l’heure actuelle tous les messages de vigilance de l’exécutif. Contrairement au 24 décembre dernier, le gouvernement ne prévoit aucune exception aux mesures de restrictions: “il n’y aura pas d’exception pour les repas de famille”, prévient ce mercredi 24 mars, le Premier ministre Jean Castex, auprès de nos confrères du Parisien.
Interrogé également sur BFMTV, le ministère de l’Intérieur, Gérald Darmanin a “encouragé” les Français à ne pas se déplacer ni à se regrouper “pour ces week-ends, malheureusement pendant les quelques jours qui viennent”. L’entourage du ministre a aussi rappelé en fin de journée que les rassemblements de plus 6 personnes en extérieur dans les 16 départements confinés seront interdits. Une règle des six qui ressemble à s’y méprendre à celle des “six à table” édictée par Castex fin 2020. Quant aux déplacements en dehors des 30 kilomètres, les justifications resteront évidemment obligatoires. L’an passé, les contrôles étaient renforcés et avaient mobilisé près de 160.000 membres des forces de l’ordre.
Gérald Darmanin (@GDarmanin) appelle les Français "à ne pas se regrouper" pour Pâques pic.twitter.com/FKvNjg34P7
— BFMTV (@BFMTV) March 24, 2021
En revanche, pas question de fermer les lieux de culte. Comme au moment des fêtes, les offices religieux pourront se tenir dans les conditions identiques à celles imposées depuis décembre: deux chaises entre deux entités familiales. Une stratégie finalement suivie par l’Allemagne qui avait opté dans un premier temps pour la fermeture.
De fait, entre les périodes de décembre et d’avril, les similitudes sont proches notamment parce qu’elles sont toutes les deux plus propices aux échanges familiaux et aux déplacements que celles de février. On bénéficie par ailleurs à ce jour de plus de recul sur la période de Noël que sur celles de février, suffisamment du moins pour anticiper les possibles effets des vacances de Pâques.
Pas de pic post-Noël, mais une marée montante
À première vue, les vacances de Noël où un couvre-feu entre 20h et 6h était en place, n’ont pas été suivies d’un impressionnant pic de contaminations, comme ce qui était redouté. Néanmoins, les cas recensés ont augmenté rapidement entre le 29 décembre et le 11 janvier, puis plus doucement jusqu’à la fin du mois.
Mais attention, le nombre de cas n’est pas un indicateur fiable, prévient l’épidémiologiste Catherine Hill, contactée par le HuffPost, qui lui préfère les entrées en réanimations et les hospitalisations, ainsi que les décès. “Le nombre de nouveaux cas dépend trop de “quand et qui” on teste. Au premier décembre, quand on a allégé les mesures de confinement, on est resté à un niveau très haut de circulation du virus. Il y a eu un plateau jusqu’au 1er janvier, mais depuis les arrivées en réanimation n’ont pas cessé d’ augmenter”.
Surtout, plus de 40% des décès liés au Covid-19 sont survenus depuis le 1er décembre. Mais la mortalité diminue depuis le 1er février grâce aux effets de la vaccination des résidents des Ehpad.
Lassitude et précautions
Face à cette lente mais certaine marée montante post-fêtes de fin d’année, difficile de tirer des conclusions si ce n’est que le couvre-feu sur les trois mois qui ont suivi s’est avéré insuffisant pour faire baisser l’épidémie durablement.
Néanmoins, on peut aussi considérer que s’il n’y a pas eu de pic exponentiel juste après les fêtes de fin d’année, c’est aussi lié à une plus grande vigilance. À Noël, les Français sortaient d’un mois de confinement à la fin duquel ils se sont aussi fait massivement tester avant de rejoindre leurs familles. Dans certains cas, ils se sont même auto-confinés juste avant, quand il n’ont tout simplement pas renoncé à retrouver des proches dans l’attente de jours meilleurs.
À la veille de ces vacances de Pâques, les Français sont sous couvre-feu depuis cinq mois et se font certes plus tester qu’à l’automne, mais toujours moins qu’à Noël. Une vigilance en baisse qui résonne comme une forme de gageure alors que le virus a entre-temps complètement changé de visage avec l’arrivée en force du variant britannique, désormais largement dominant.
Nouveau variant, nouvelle saison
Fin janvier, le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy l’expliquait lui-même sur BFMTV: l’arrivée du variant britannique représente l’équivalent d’une nouvelle épidémie. Plus contagieux, plus mortel, il est aujourd’hui dominant dans l’ensemble des nouveaux cas recensés et sature les réanimations plus que jamais. Le directeur de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Martin Hirsch, a prévenu ce mercredi que l’AP-HP n’avait “pas connu un nombre d’entrées” en hospitalisation conventionnelle ou en réanimation “aussi élevé depuis la première vague”. Contrairement à la deuxième vague d’octobre qui avait un aspect plus localisé, cette fois la situation se dégrade un peu partout, pointe l’épidémiologiste Dominique Costagliola sur Twitter.
L'échelle a changé (jusqu'à 600/100 000) et ça augmente partout sauf en Corse ou ça baisse, et en PACA ou c'est stable et élevé. 7 régions au dessus de 250. pic.twitter.com/1I4IxhzEfE
— Costagliola (@DgCostagliola) March 23, 2021
Face à cette dynamique qui fait craindre à beaucoup une situation à la britannique, d’autres misent sur les vaccins et l’arrivée du printemps et donc d’une météo adoucie.
Si l’arrivée des beaux jours a en partie poussé le gouvernement à miser sur son slogan “Dedans avec les miens, dehors en citoyen”, les mesures font débat. “Je pense que l’exécutif se raconte des histoires. La circulation de virus en ce moment est extrêmement importante, et la saisonnalité n’aura peut-être probablement peu ou pas d’effet Tout déplacement facilite la circulation du virus”, insiste Catherine Hill.
Sur Twitter, l’épidémiologiste Antoine Flahaut lui met des conditions aux éventuelles bénéfices de l’arrivée de l’été. La saisonnalité permet de faire descendre le taux de reproduction aux alentours de x0,6. Une formule qui engage à l’optimisme avec un R0 à 1,5 mais moins forcément quand il approche de 3. Et d’ajouter: ‘L’été, en zone tempérée, ce n’est pas juste la température et l’humidité, c’est aussi plus d’UV, plus d’ensoleillement, plus d’activités dehors, plus de fenêtres ouvertes, une nutrition différente, plus de vacances, moins d’écoles,...” Pour le moment en Île-de-France, le R0 s’approche des 1,2.
1/4 - La saisonnalité de la #COVID19 est très probable, on en a profité l’été dernier en Europe, mais elle n’est pas “automatique” : en zone tempérée, la saison joue un rôle de frein (de l’ordre de 0,6 x R effectif), mais pas nécessairement un blocage sur les virus respiratoires.
— Antoine FLAHAULT (@FLAHAULT) March 18, 2021
2/4 - Pour la grippe, dont le R0=1,5, l’été ramène le R effectif sous la valeur 1, donc est bloquant. Pour #SARSCoV2 dont le R0=3 (voire plus avec les nvx variants), ce n’est pas suffisant, il faut des freins additionnels (gestes barrières, mesures de confinement, immunité,...)
— Antoine FLAHAULT (@FLAHAULT) March 18, 2021
Dans cette configuration, le message du gouvernement est encore une fois d’appeler à la patience les Français. “On a encore devant nous plusieurs semaines difficiles” et “nous devons absolument par nos comportements éviter la propagation du virus”, a rappelé ce mercredi Gerald Darmanin. Alors qu’on arrive à Pâques, force est de constater que c’est certainement ça la grande leçon retenue depuis Noël: la patience.
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