"Paris Police 1900" sur Canal+ est-elle fidèle à la police scientifique de l'époque?

SÉRIE - 1899, alors que le Président de la République Félix Faure meurt brutalement, Paris se déchire. En toile de fond de la série “Paris Police 1900” sur Canal+, l’affaire Dreyfus qui bat son plein depuis 1894 cristallise toutes les tensions....

"Paris Police 1900" sur Canal+ est-elle fidèle à la police scientifique de l'époque?

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SÉRIE - 1899, alors que le Président de la République Félix Faure meurt brutalement, Paris se déchire. En toile de fond de la série “Paris Police 1900” sur Canal+, l’affaire Dreyfus qui bat son plein depuis 1894 cristallise toutes les tensions. La capitale est morcelée, avec d’un côté les dreyfusards, fervents soutiens de l’officier de confession juive, et de l’autre, les antidreyfusards, farouches partisans de sa culpabilité. Prise en tenaille entre les ligues nationalistes antisémites et la menace anarchiste, la République semble au bord du gouffre. 

Pour maintenir l’ordre dans une Ville Lumière à feu et à sang, le préfet Lépine (joué par Marc Barbé) est appelé en renfort. Dans le même temps, le buste d’une femme est retrouvé dans une malle, flottant sur la Seine. Antoine Jouin (Jérémie Laheurte), inspecteur à la brigade criminelle, enquête sur le meurtre et s’associera, au fil de l’histoire, avec la première femme avocate de France Jeanne Chauvin (Eugénie Derouand), l’ex-maîtresse de Félix Faure Marguerite Steinheil (Évelyne Brochu), ainsi que l’inspecteur corrompu qui la reconvertira en espionne. Malgré leurs oppositions, les protagonistes vont se réunir afin de faire face à la menace d’un coup d’État.

“Paris Police 1900”, la nouvelle création originale de Canal+ qui démarre ce lundi 8 février, et dont vous pouvez retrouver la bande-annonce ci-dessus, nous immerge donc dans le chaos parisien de la fin du XIXe siècle. Une période qui, bien que sombre pour la Troisième République, se situe pendant la Belle Époque. 

Et c’est précisément là, entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, que la police technique et scientifique fait ses débuts, incarnée par le célèbre Alphonse Bertillon, premier chef de l’identité judiciaire à Paris. La série historique créée par Fabien Nury met donc en scène ses prémices à travers l’enquête que va mener le jeune inspecteur.

“Paris Police 1900” se veut fidèle à la réalité de l’époque

Et afin de coller au plus proche de la réalité, le chef décorateur du programme, Pierre Quéfféléan, a fait appel à Pierre Piazza, maître de conférence en sciences politiques et spécialiste des techniques d’identification d’Alphonse Bertillon, en tant que conseiller historique.

Interrogé par le HuffPost, ce dernier explique que les équipes de décoration voulaient des renseignements très précis sur la façon dont Alphonse Bertillon avait pu constituer son service de l’identité judiciaire. “Je suis intervenu pour les aider à reconstituer ce décor d’époque car ils voulaient quelque chose de très fidèle. En parallèle, ils étaient aussi intéressés par la manière dont il traitait les scènes de crime et identifiait les criminels”, précise-t-il.

Accompagné du médecin Edmond Locard, Alphonse Bertillon, pionnier des experts policiers, a œuvré pour mettre en place au tournant du XIXème siècle des “techniques rationnelles d’identification judiciaire des individus” mais également des “méthodes rationnelles pour gérer une scène de crime”. Il crée ainsi une nouvelle méthode qu’on appellera communément le “Bertillonnage”, système fiable reposant sur l’anthropométrie, c’est-à-dire la mesure du corps.

“Il est le premier à avoir identifié un criminel qui n’était pas présent sur les lieux du crime. En comparant les traces qu’il trouve et les empreintes qu’il a dans ses fichiers”, nous renseigne Pierre Piazza.

Accompagné de son équipe d’experts, Alphonse Bertillon apparaît plusieurs fois dans la série et est incarné par Christian Hecq.

Et fait amusant, Pierre Piazza a eu un rôle de figurant dans le programme. Rôle qui lui permettait d’être sur place pendant le tournage. “J’étais présent sur les scènes de crime mais également dans l’atelier de Bertillon. C’était plus simple car je pouvais directement leur expliquer la manière dont il mesurait les personnes et relevait les traces”, détaille-t-il.

L’atelier de Bertillon reconstitué à l’identique

“Il y a peu de réels experts sur Alphonse Bertillon et son service de l’identité judiciaire. Il fallait une expertise technique approfondie sur les pratiques de l’époque, je devais valider la crédibilité des situations. Il fallait être très précis sur les instruments utilisés pour mesurer ou pour photographier”, reprend-il.

Et pour être le plus rigoureux possible, Pierre Piazza, également co-auteur du livre La science à la poursuite du crime: d’Alphonse Bertilllon aux experts d’aujourd’hui, a fourni aux équipes de décoration des photos du véritable laboratoire du chef de l’identité judiciaire. De plus les accessoires utilisés dans la série, sont de vraies pièces ayant appartenues à ce dernier à l’époque. Elles ont été empruntées à un collectionneur avec l’aide du musée de la police. 

“J’ai dit aux chefs décorateurs qu’il y avait pas mal d’objets au musée de la police. Je leur ai donc conseillé de prendre contact avec eux, révèle Pierre Piazza. Le but est à la fois de reconstituer quasiment à l’identique mais également d’utiliser de véritables éléments, pour pousser le plus possible le réalisme des décors et de l’ambiance de l’époque”.

Même si la série se veut fidèle, elle a néanmoins pris quelques libertés notamment en ce qui concerne le protocole d’Alphonse Bertillon, comme l’énonce le conseiller historique du programme, “Si on l’applique trop strictement, c’est probablement moins visuel. Il y a toujours cette volonté d’être au plus près de la réalité mais il y a également une part de fiction pour rendre les choses plus spectaculaires”. 

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