Parler vaccination au travail sans se piquer, c'est possible

VACCIN - Depuis le 9 juin, la règle du 100% télétravail a pris fin. Ce sont désormais les entreprises privées qui décideront des dispositions pour alterner télétravail et présentiel pour leurs salariés. Pour de nombreux salariés, il faudra...

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Parler vaccin, c’est causer de sa santé, dévoiler des éléments intimes sur sa vie privée, sur son passé, son entourage, son milieu, ses loisirs. Ce sujet entraîne des débats plus ou moins consentis et met à nu un peu de chacun d’entre nous au passage. En la matière, il faut savoir rester prudent pour garder son professionnalisme et de bonnes relations avec ses collègues, ses supérieurs et ses subordonnés.

VACCIN - Depuis le 9 juin, la règle du 100% télétravail a pris fin. Ce sont désormais les entreprises privées qui décideront des dispositions pour alterner télétravail et présentiel pour leurs salariés. Pour de nombreux salariés, il faudra désormais compter avec plus de temps au bureau, plus d’échanges en face à face avec ses collègues et donc plus de discussions spontanées. 

Si ce n’était pas déjà le cas dans votre entreprise, il y a fort à parier que le sujet de la vaccination contre le Covid s’invitera d’une manière ou d’une autre à la machine à café ou lors des déjeuners. Un tout simple (mais pas forcément très innocent): “et toi, t’es vacciné?”

Le 28 mai dernier, 65 % des Français disaient souhaiter se faire vacciner, selon un sondage réalisé par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), et publié dans Le Monde. Si ce chiffre ne cesse d’augmenter depuis janvier dernier, la vaccination reste pourtant un sujet très clivant. 

Parler vaccin, c’est causer de sa santé, dévoiler des éléments intimes sur sa vie privée, sur son passé, son entourage, son milieu, ses loisirs. Ce sujet entraîne des débats plus ou moins consentis et met à nu un peu de chacun d’entre nous au passage. En la matière, il faut savoir rester prudent pour garder son professionnalisme et de bonnes relations avec ses collègues, ses supérieurs et ses subordonnés.

 

“Tu as volé la dose de quelqu’un qui en a vraiment besoin”

Clémence, une cadre dans la communication à Paris, a bien compris combien le sujet pouvait être tendu. À la fin du mois de mai, la vaccination était le sujet de discussion numéro 1 avec ses collègues, notamment sur leur groupe de discussion professionnel. “Nous voulions tous nous faire vacciner. C’était une course à qui trouverait le 1er un rendez-vous pour se faire injecter une dose de vaccin”, se rappelle-t-elle.

À ce moment-là, la plupart de ses collègues ne font pas partie des publics prioritaires mais beaucoup décident de profiter du manque de contrôle pour tricher sur leur profil médical. “Quand j’ai vu que mon chef avait eu un rendez-vous en mentant sur le fait qu’il côtoyait des publics prioritaires, je n’ai pas pu m’empêcher de lui reprocher sur notre groupe Whatsapp en présence de tous mes collègues. J’étais vraiment en colère.”

“Tu as volé la dose de quelqu’un qui en a vraiment besoin”, voilà le message qu’elle lui a envoyé. A posteriori, Clémence a bien conscience que ce n’était pas très pro et qu’elle a outrepassé une certaine limite mais elle ne le regrette pas. “Je travaille dans une ambiance assez détendue et j’ai de bonnes relations avec mon N+1 et mes collègues.” 

“Mais t’es con ou quoi?”

Steven, lui aussi, rapporte des discussions nombreuses depuis le mois de janvier sur cette vaccination dans son entreprise spécialisée dans la chimie près de Clermont-Ferrand. Certains y sont farouchement opposés, d’autres sont déjà vaccinés et pour l’instant, la cohabitation se passe plutôt bien car le trentenaire sait mettre de l’eau dans son vin. 

“L’un de mes collègues est un très gros fumeur, explique-t-il, mais il nous disait ne pas vouloir du vaccin de peur des effets secondaires et du manque de recul. Ça nous a fait rire vu qu’il fume un paquet de cigarettes par jour.... Je ne lui ai évidemment rien dit sur le moment, je devais faire un voyage professionnel d’une semaine avec lui juste après!” 

Il se souvient aussi d’une collègue qui disait ne pas vouloir se faire vacciner alors qu’elle avait des problèmes respiratoires. “En l’écoutant, l’un de mes collègues n’a pas pu s’en empêcher, il lui a dit ‘mais t’es con ou quoi?’” Des moments de légères tensions qui n’ont pas entaché la bonne humeur entre collègues. 

En causer, oui, mais pas avec ses chefs

Au travail de Laurence aussi, la vaccination est un sujet sur lequel tout le monde tente de s’écouter sans trop de jugement. Elle travaille en tant que prestataire informatique au sein d’une entreprise de production d’emballages et des mécanismes pharmaceutiques en Normandie. À ce titre, elle fait partie des publics prioritaires car travaillant dans le pharmaceutique.

Laurence n’a pas souhaité prendre part à cette campagne de vaccination. “C’est un sujet que j’ai pu aborder calmement avec mes collègues directs, explique-t-elle. Tous sauf un se sont fait vacciner. Ils n’essaient pas de m’y inciter et je n’ai pas essayé non plus de les en dissuader.” Si tout se passe pour l’instant en bonne intelligence, elle préfère cependant ne pas l’afficher trop publiquement. 

Hors de question pour elle d’aborder le sujet directement ou non avec ses supérieurs. “Je ne suis pas assez proche d’eux pour que cela les intéresse, et je considère que ça reste un sujet suffisamment personnel, voire sujet à débat, pour ne pas aborder ce genre de sujets avec eux.” Pour le moment, “heureusement”, elle n’a jamais ressenti la moindre pression pour dévoiler sa position. “Nous avons reçu beaucoup de mails nous encourageant à aller nous faire vacciner. Ils ont même fourni des doses supplémentaires pour les familles et les proches des salariés.” L’insistance de son entreprise n’est pas allée plus loin.

Savoir y mettre les formes

Jusqu’à présent votre employeur ou votre supérieur n’a pas à vous demander si vous êtes vacciné. Si un jour le vaccin devenait obligatoire, le Code de santé publique serait modifié en ce sens. Votre employeur via la médecine du travail pourrait alors vérifier votre statut vaccinal. “La vaccination contre le Covid ne rentre pas dans la catégorie des vaccinations obligatoires et le fait d’être ou non vacciné relève du secret médical”, rappelle Maître Éric Rocheblave, avocat spécialiste du droit du travail.

Quant à vos collègues sans rapport hiérarchique, ils ont le droit de vous demander si vous êtes ou non vaccinés. “Vous n’avez évidemment aucune obligation de leur répondre”, rappelle Maître Rocheblave.

Si jamais c’est vous qui souhaitez connaître le statut vaccinal de vos collègues, Donna Ballman avocate spécialiste du droit du travail en Floride interrogée par nos confrères du HuffPost américain conseille d’aborder ce sujet avec délicatesse. 

“Si vous entretenez des rapports cordiaux avec votre collègue, vous pouvez essayer de causer de votre propre vaccination contre le Covid pour engager la discussion”. Si la personne en face de vous souhaite se révèler, elle le fera. Dans tous les cas, elle se sentira moins sous pression que si la question était posée directement. 

Posez-vous les bonnes questions

Mais, avant de faire quoi que ce soit, posez-vous une question importante, conseille Keni Dominguez, un consultant en ressources humaines interrogé par nos confrères. Pourquoi voulez-vous à ce point savoir si votre collègue est vacciné? 

“Demander à quelqu’un son statut vaccinal, c’est aussi se rassurer. Si vous avez besoin de vous sentir en sécurité au travail, c’est le protocole sanitaire qui doit être discuté et non la confirmation verbale ou non d’un de vos collègues concernant sa vaccination.”

“Plutôt que de vous concentrer sur ceux qui sont ou ne sont pas vaccinés dans votre service, demandez-vous plutôt quelles sont les mesures de sécurité mises en place, comment elles nous protègent?”

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