Pas de reconfinement pour préserver les Français: Macron fait un choix risqué

POLITIQUE - On attendait une allocution d’Emmanuel Macron, c’est finalement Jean Castex qui a pris la parole. On pressentait un reconfinement “serré” ou au minimum “hybride”, le Premier ministre n’a annoncé qu’un -léger- durcissement des mesures...

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Macron prend le contre-pied de la communauté scientifique pour préserver les Français (mais c'est risqué) (photo d'illustration prise le 24 novembre) 

POLITIQUE - On attendait une allocution d’Emmanuel Macron, c’est finalement Jean Castex qui a pris la parole. On pressentait un reconfinement “serré” ou au minimum “hybride”, le Premier ministre n’a annoncé qu’un -léger- durcissement des mesures déjà en vigueur et la fermeture des frontières.

L’exécutif a surpris son monde, vendredi, en choisissant de temporiser face au spectre d’une troisième vague épidémique de malades atteints du covid-19, à contre-courant du consensus scientifique et des décisions prises par la majorité des pays européens. Le but? “Gagner du temps” et “limiter la casse”, explique le ministre de la Santé Olivier Véran cité ce dimanche 31 janvier par le JDD.

Une façon pour Emmanuel Macron de rester “le maître des horloges”, même dans cette crise sanitaire. Mais surtout de ne pas éprouver davantage les Français dont le moral est déjà touché par un an de restrictions, deux confinements, des semaines de couvre-feu et d’innombrables fermetures ou annulations. Une sorte de “dernière cartouche” utilisée malgré son lot de risques politiques, alors que l’adhésion à de strictes restrictions semble, selon les enquêtes d’opinion, moins forte qu’en mars et en octobre derniers.

“Le risque d’y arriver trop tard”

“L’idée est de donner une énième dose de freinage qui peut permettre de passer dans ce trou de souris”, plaide un conseiller de l’exécutif à l’AFP. Emmanuel Macron en appelle donc à la mobilisation générale. “J’ai confiance en nous. Les heures que nous vivons sont cruciales. Faisons tout pour freiner l’épidémie ensemble”, écrivait-il, samedi, sur Twitter, laissant une épée de Damoclès en suspension au dessus des Français.

Que se passera-t-il si l’épidémie continue de progresser? Dans quelle mesure la crédibilité du chef de l’Etat sera-t-elle écornée si un reconfinement était finalement décrété dans une semaine? 

Certains membres de l’opposition, à qui ont été présentées en fin de semaine des projections épidémiques alarmantes par le Premier ministre, se sont très rapidement engouffrées dans cette brèche, à l’image du patron des sénateurs socialistes Patrick Kanner, affirmant que “la procrastination nous amène dans le mur”. 

“Pour Emmanuel Macron, il y a le risque, si on arrive tout de même à un reconfinement, de donner le sentiment d’y arriver trop tard et on revisiterait alors la durée du confinement en disant: ‘ah si on l’avait fait une semaine plus tôt’”, analyse auprès de l’AFP Emmanuel Rivière, directeur général France de Kantar, citant “l’exemple de Boris Johnson au Royaume-Uni”, à qui la population fait encore grief d’avoir tardé à agir au printemps.

Le choix de ne pas reconfiner, en tout cas pas encore, interroge également la communauté médicale. “Ce n’est pas reculer pour mieux sauter, c’est reculer pour moins bien sauter: plus vous reculez, plus ça monte -et ça va monter-, et plus ça va être dur”, estimait par exemple le Professeur Gilbert Deray, chef du service de néphrologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, samedi sur BFMTV.

Conséquences économiques, sociales, psychologiques

Il faut dire que la modération affichée par Jean Castex tranche avec les nombreux appels de scientifiques à une troisième mise sous cloche globale du pays en raison des risques de propagation de variants du coronavirus plus contagieux et potentiellement plus mortels, et ce alors que la vaccination ne va pas aussi vite que prévu. Le Premier ministre a pris le contre-pied à la fois de la presse, inondée d’échos d’un reconfinement imminent, et de l’exécutif lui-même, qui par la voix de son porte-parole Gabriel Attal avait émis l’hypothèse d’un “confinement très serré”.

Mais les indicateurs sanitaires ne sont plus les seules boussoles du gouvernement. Il doit composer, plus que jamais avec de nombreux autres facteurs et données comme le moral des jeunes, dont la détresse, documentée par plusieurs études s’est récemment affichée en Une de tous les médias, la santé économique du pays, ou le degré “d’acceptabilité” des Français.

Car si les sondages montrent que la population est majoritairement favorable à l’idée d’un troisième confinement, la progression d’opinions négatives est particulièrement notable. Selon une étude Odoxa réalisée pour Le Figaro et franceinfo, 62% des Français y sont favorables mais 42% des sondés se disent prêts à transgresser les restrictions.

Selon l’entourage d’Emmanuel Macron, cité par l’AFP, “tout est fait pour éviter le reconfinement dont on connaît les conséquences économiques, sociales, psychologiques et économiques”, de plus en plus prégnantes dans l’équation. 

Reste que pour certains, tout n’est qu’une question de temps. “On voit bien qu’il y a une volonté d’attendre, probablement pour faire concorder une décision de restrictions supplémentaires avec les vacances de février”, commentait, samedi sur LCI, Bruno Megarbane. Et le chef du service de réanimation médicale de l’hôpital Lariboisière à Paris d’ajouter, sans trop d’illusion: ”ça va être un confinement d’au moins un mois, donc il faut peser la nécessité.”

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