“Passion simple”, une attraction absolue qui nous entraîne avec elle

En adaptant le texte d’Annie Ernaux, Danielle Arbid fait le pari de expliquer une histoire où, a priori, “il ne se passe rien”. Hélène, professeure de français, en fait l’aveu : “À partir du mois de septembre l’année dernière, je n’ai plus...

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En adaptant le texte d’Annie Ernaux, Danielle Arbid fait le pari de expliquer une histoire où, a priori, “il ne se passe rien”. Hélène, professeure de français, en fait l’aveu : “À partir du mois de septembre l’année dernière, je n’ai plus rien fait d’autre qu’attendre un homme.”

De cette stase amoureuse, la cinéaste tire un subtil principe de mise en scène qui épouse à merveille les circonvolutions intérieures de son personnage, dont la vie ne s’est pas arrêtée, mais déplacée. Les mouvements de caméra caressant la blondeur hitchcockienne d’une Lætitia Dosch encore jamais vue dans pareille retenue l’isolent de la réalité des autres (son amie, son fils) en même temps qu’ils en construisent une nouvelle. La bonne idée de Passion simple est de décrire, comme pour l’archiver, les étapes de cette passion comme un éblouissement, dans son sens le plus limpide.

Une histoire d’abandon et de pure présence

Chaque plan est inondé d’une lumière irréelle ; et le film parvient à restituer l’espace de quelques instants l’ineffable d’une attirance. Raconter la passion sous un nouveau jour – autre que celui, usé, de l’emprise – sans en évincer la violence, était aussi au cœur de l’œuvre d’Ernaux. Mais la prouesse de Passion simple est de croire suffisamment fort en ses propres outils pour éviter toute forme de littéralité.

Le déracinement éprouvé par Hélène est rendu par un nuancier de surimpressions, jeux de miroirs qui formulent, sans les expliciter, les contradictions d’une subtile vérité, celle d’une histoire d’abandon et de pure présence. On entend beaucoup de chansons d’amour dans Passion simple.

Là encore, le film trouve dans la fausse légèreté des mélodies une forme d’évidence. Peut-être se souvient-il des mots de Fanny Ardant qui, dans La Femme d’à côté (Truffaut, 1981), disait aimer les chansons pour leur vérité, parce que “plus elles sont bêtes, plus elles sont vraies. D’ailleurs, elles ne sont pas bêtes”.

Passion simple de Danielle Arbid, avec Lætitia Dosch, Sergei Polunin (Fr., 2020, 1h39). En salle le 11 août