Pastiche sans âme et assez détestable, “Coupez !” porte bien son nom
Au cas où vous ne l’auriez pas compris, Michel Hazanavicius est un vrai mordu de cinoche. De l’âge d’or des studios (La Classe américaine, 1993) au Hollywood muet (The Artist, 2011), de la Nouvelle Vague (Le Redoutable, 2017) à l’eurospy rétro...
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Au cas où vous ne l’auriez pas compris, Michel Hazanavicius est un vrai mordu de cinoche. De l’âge d’or des studios (La Classe américaine, 1993) au Hollywood muet (The Artist, 2011), de la Nouvelle Vague (Le Redoutable, 2017) à l’eurospy rétro (OSS 117, 2006), sa carrière est un empilement de pastiches plus ou moins réussis, auquel manquait encore le nanar – cible garnie de clichés, donc idéale pour lui qui n’aime au fond rien tant que le cinéma qui peut se traduire en cartes postales.
Le problème est qu’on a rarement (mais pas jamais : Le Redoutable était déjà très pernicieux sur ce terrain) eu autant de mal à croire à la sincérité de l’hommage que dans Coupez !, qui trouve une curieuse manière de donner vie à la mythologie artisanale du cinéma bis. En cause, un héros réalisateur franchement détestable, moins Peter Jackson ou Sam Raimi que pubard aigri, médiocre revendiqué recruté par une plateforme japonaise (ce qui ne sert qu’à ressortir des stéréotypes racistes dignes des bessonades de jadis) pour mettre en boîte un film de zombie, qu’il n’accepte que par dépit.
Il manque une âme à cette comédie
Hazanavicius concentre tous ses efforts sur un dispositif qui peut certes, sur la fin, s’avérer assez ludique par le jeu de correspondances entre les couacs du film et les imprévus du tournage, mais ne se rend pas compte à quel point il évacue la seule question qui aurait pu insuffler un semblant d’émotion véritable : ce type a-t-il la moindre envie de faire un bon film ? Le scénario s’en fiche bien et ne lui colle que des complexes de paternité, via des acrobaties de récit, elles aussi très grossières et artificielles.
Coupez ! est totalement vide de cette transe à la Ed Wood, qui fait pourtant toute la poésie des nanars : cette attention, lorsque tout est raté, au jaillissement inopiné du beau. Il manque une âme à cette comédie, et à nouveau l’impression demeure que Michel Hazanavicius n’aime pas très joliment ce qu’il prétend célébrer.
Coupez ! de Michel Hazanavicius, avec Matilda Lutz, Bérénice Bejo, Romain Duris (Fr., 2022, 1 h 51). En salle le 17 mai.