Patrick Pelloux en mission (décriée) sur la radicalisation à l'hôpital

POLITIQUE - “Je ne suis pas un lâche.” Voilà les mots de Patrick Pelloux quand on lui demande pourquoi il a accepté sa nouvelle mission. Le médecin parisien, visage familier du grand public depuis le fracas de l’attentat contre Charlie Hebdo...

Patrick Pelloux en mission (décriée) sur la radicalisation à l'hôpital

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En quoi consiste la mission décriée de Pelloux (ici le 18 septembre 2018) sur la radicalisation à l'hôpital

POLITIQUE - “Je ne suis pas un lâche.” Voilà les mots de Patrick Pelloux quand on lui demande pourquoi il a accepté sa nouvelle mission. Le médecin parisien, visage familier du grand public depuis le fracas de l’attentat contre Charlie Hebdo en 2015, s’occupe depuis plusieurs semaines de dresser une sorte de “bibliographie sur les faits” de radicalisation ou d’atteintes à la laïcité à l’hôpital.

Le but? Produire un rapport, force de propositions, à l’adresse du ministre de la Santé pour la fin de l’année 2021. ”Ça entre dans le cadre de ce que veut le gouvernement depuis l’assassinat du professeur Samuel Paty avec la mobilisation des grands services publics pour lutter contre la radicalisation”, explique au HuffPost, ce samedi 5 juin, celui qui est également le président de l’Association des médecins urgentistes de France, confirmant ainsi une information du site spécialisé Hospimedia. 

Et Patric Pelloux d’ajouter: “Il y a eu un travail dans les transports, dans l’Education nationale, à l’Intérieur, et il manquait quelque chose pour la santé.” C’est donc chose faite, avec cette mission initiée il y a moins de deux mois, à l’abri des regards. Mais à peine lancée, et révélée, là voilà qui suscite des crispations.  

Un sujet secondaire?

Car pour certains professionnels, qui l’expriment sur les réseaux sociaux, le sujet est bien secondaire au regard des nombreux autres défis et difficultés de l’hôpital public, qui plus est en pleine pandémie de coronavirus. “T’inquiète mec, à l’hôpital maintenant tu pourras mourir d’un infarctus parce qu’on avait pas de place mais sache qu’on a été traqué si un infirmier faisait pas sa prière dans un couloir”, ironise par exemple la médecin engagée Sabrina Ali Benali sur Twitter, quand le Collectif Inter Urgences réagit par une suite de points d’interrogation, laissant peu de doute sur sa perplexité.

Patrick Pelloux connaît ces griefs. “S’il ne fallait écouter que les critiques, on resterait chez nous à manger du Nesquik”, nous dit-il, en estimant que la question de la radicalisation dans les établissements de santé est un “vrai sujet”, par ailleurs “indissociable de la laïcité.”

“J’ai laissé mes meilleurs amis par terre à cause d’un attentat terroriste. Je ne suis pas un lâche, si la mission peut servir, si ça peut servir à lutter contre certaines personnes qui se perdent dans des dogmes intégristes, c’est bien”, ajoute l’urgentiste au HuffPost, en référence à l’assassinat terroriste d’une partie de la rédaction de Charlie Hebdo, dont il était membre, le 7 janvier 2015.

Concrètement, le médecin, placé sous l’autorité de la patronne de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) Katia Julienne, recense pour l’instant tous les différents faits pouvant toucher de près ou de loin à sa mission, avant d’aller “sur le terrain” pour se confronter aux “problèmes.” “C’est un boulot énorme”, souffle Patrick Pelloux, en citant pêle-mêle, les médecins tabassés ou agressés en lien avec les exigences de certains d’être “soigné par des femmes et non des hommes”, le “détournement” des lieux de culte dans les établissements de santé par des mosquées avoisinantes ou la question des signes religieux ostentatoires dans certains hôpitaux.

Bien insouciants sont ceux qui n'ont pas envie de voir les problèmes qui existentPatrick Pelloux

“On sait très bien que la radicalisation, sous toutes ses formes, de l’islam radical aux catholiques intégristes, leur terrain de prédilection pour faire du prosélytisme c’est la naissance, la mort, la santé”, estime Patrick Pelloux, avant d’ajouter: “Bien insouciants sont ceux qui n’ont pas envie de voir les problèmes qui existent. On ne peut pas les mettre sous le tapis.”

Contacté par Le HuffPost quant aux contours et aux attendus de ce travail, le ministère de la Santé n’avait pas donné suite dans l’immédiat. Patrick Pelloux affirme en revanche vouloir tout faire pour éviter la récupération politicienne de son travail, à un an de l’élection présidentielle. “Je ne suis pas un perdreau de l’année je sais bien que nous sommes dans une période pré-électorale”, nous dit-il, en assurant qu’il ne ferait pas de rapport “pour dénigrer la religion, mais pour réaffirmer l’importance d’une santé qui soit dans la droite ligne de la laïcité.”

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