Pauline Horovitz (Je vais tuer Hitler) : "Des registres...", comment elle a retrouvé la trace de son grand-oncle
Quand avez-vous compris que votre famille abritait un secret ?PAULINE HOROVITZ : Vous savez, le secret a été propre à beaucoup de familles juives après la guerre. Une amie me dit souvent : «Il y a deux cas de figure : les familles où on ne...
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
Quand avez-vous compris que votre famille abritait un secret ?
PAULINE HOROVITZ : Vous savez, le secret a été propre à beaucoup de familles juives après la guerre. Une amie me dit souvent : «Il y a deux cas de figure : les familles où on ne cause que de ça, et celles où n'en cause jamais.» Dans mon cas, on n'en parlait quasiment pas, ou alors sous forme d'injonctions qui nous faisaient comprendre à mes frères, ma sœur et moi que le monde extérieur était dangereux, et que la catastrophe guettait si on relâchait la garde. Mon père disait toujours : «Si on vous demande l'origine de votre nom, dites que c'est auvergnat.» Ce qui n'est pas du tout plausible. Ma grand-mère nous répétait que dans le métro, il ne fallait pas dire à haute voix la station où l'on devait descendre, pour ne pas être suivis...
Votre grand-mère, comme votre père, ne souhaitaient pas évoquer la guerre...
Il nous arrivait de poser des questions. Mais causer était terriblement douloureux pour ma grand-mère. Elle préférait nous montrer L'Amour en héritage, une série un peu kitsch diffusée dans les années 80 et dont l'héroïne, juive, traversait la guerre. C'était sa façon de nous faire comprendre ce qu'elle avait vécu. Quant à mon père, c'est grâce à lui que j'ai su que deux membres de notre famille étaient morts en déportation, mon grand-oncle Jacob et mon arrière-grand-père Nathan. Mais il ne nous en a jamais dit davantage.
Comment avez-vous entendu causer de ce grand-oncle Joseph et du mystère qui l'entourait ?
Par la veuve de mon grand-oncle Jacob, il y a maintenant une dizaine d'années. Elle était déjà âgée mais sa mémoire était intacte, et elle a accepté de me causer de la guerre. Et au détour d'une conversation, elle m'a décrit une scène complètement folle. Celle d'un garçon, Joseph, mon grand-oncle, qui annonce un jour : «Je vais tuer Hitler», et dont on n'aura plus jamais de nouvelles.
Ce mystère, vous l'avez résolu en enquêtant pendant trois ans, remontant jusqu'au berceau de votre famille, en Pologne...
Des registres m'ont permis d'établir qu'il était né en 1921 et qu'il n'avait que 18 ans, en 1939, quand il a annoncé partir tuer Hitler. C'est fou. J'ai fini par retrouver sa trace dans l'armée polonaise. Il s'était donc engagé pour aller combattre Hitler.
Vous avez levé un secret de famille. Est-ce libératoire ?
Oui, je crois que la connaissance libère. Le fantôme de Joseph ne me hante plus, et les générations suivantes ne seront pas à leur tour rongées par les non-dits. Avec ce documentaire, j'espère avoir donné une sépulture et une place à Joseph. Et inciter les gens à questionner leur propre histoire familiale.
Extrait du documentaire "Je vais tuer Hitler" © © Squawk Extrait du documentaire "Je vais tuer Hitler" © © SQUAWK Extrait du documentaire "Je vais tuer Hitler" © © SQUAWK Extrait du documentaire "Je vais tuer Hitler" © © SQUAWK Extrait du documentaire "Je vais tuer Hitler" © © SQUAWK Pauline Horovitz © © DR