“Petite Maman”, le nouvel enchantement de Céline Sciamma
Après le retentissement international de Portrait de la jeune fille en feu (2019) et les polémiques qui l’ont parfois entouré, c’est peu de dire que Céline Sciamma était attendue. Mais, au lieu de capitaliser sur son récent statut de cinéaste...
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Après le retentissement international de Portrait de la jeune fille en feu (2019) et les polémiques qui l’ont parfois entouré, c’est peu de dire que Céline Sciamma était attendue. Mais, au lieu de capitaliser sur son récent statut de cinéaste star, la réalisatrice a eu l’intelligence de prendre son monde à contre-pied avec un nouveau film taillé sur un patron de série B, tant par sa facture que par sa durée (1 h 12 !).
La modestie de Petite Maman est, en effet, ce qui frappe immédiatement au moment de pénétrer cet univers habité par deux petites filles modèles. Au début, d’ailleurs, de petite fille il n’y en a qu’une, qui se rend à la campagne, avec ses parents, dans la maison de sa grand-mère qui vient de mourir. L’ombre du deuil et un certain réalisme à la française laissent d’abord craindre un film sans grande surprise…
A mesure que le film avance, il s’approche en effet d’un fantastique latent, à la lisière
Mais, très vite on comprend qu’il n’en est rien. Dès que Nelly rencontre son alter ego, Marion, une voisine, Petite Maman dessine son propre territoire, un écosystème intime et assez mystérieux qui nous tient en haleine d’une étrange manière. Les adultes, eux·elles, en sont pratiquement exclu·es.
Ce duo de petites fées se forme d’abord autour d’une amitié naissante qui débouche bientôt sur un jeu de rôles plus subtil aux résonances presque métaphysiques. A mesure que le film avance, il s’approche en effet d’un fantastique latent, à la lisière, mais qui colore pourtant franchement l’ambiance de Petite Maman – on aurait aimé que Céline Sciamma s’y aventure parfois davantage.
Discrètement poétique
Le plus beau du film tient forcément aux relations pastorales qui se nouent, dans une nature presque immaculée, entre les fillettes – un lien irrigué par une sève parfois inquiétante. Cette beauté surgit aussi de la subtile direction d’actrices que propose Céline Sciamma à ses deux comédiennes, Joséphine et Gabrielle Sanz, dont la ressemblance est de plus en plus troublante. Comme si l’une devenait une sorte de double de l’autre, comme si elles étaient finalement de la même famille (c’est le cas dans la vie, mais pas dans la fiction), mais d’une manière très singulière, presque déviante.
Si ce nouveau film offre quelques similitudes avec le Tomboy (2011) de la même Céline Sciamma, il s’en éloigne finalement par son registre discrètement poétique. Depuis Naissance des pieuvres (2007), voilà peut-être son film le plus personnel. Ce n’est pas la moindre des surprises que nous réserve cette Petite Maman.
Petite Maman de Céline Sciamma, avec Joséphine Sanz, Gabrielle Sanz, Nina Meurisse (Fr., 2021, 1h12)