Philippe Labro à la rescousse d’Astérix

Dans son édito hebdo filmé pour le journal Le Point, intitulé “Astérix et Obélix, une claque aux critiques”, le 2 février dernier, notre confrère émérite Philippe Labro (journaliste, écrivain, réalisateur, etc.) profite du bon mais pas extraordinaire...

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Dans son édito hebdo filmé pour le journal Le Point, intitulé “Astérix et Obélix, une claque aux critiques”, le 2 février dernier, notre confrère émérite Philippe Labro (journaliste, écrivain, réalisateur, etc.) profite du bon mais pas extraordinaire démarrage au box-office du nouvel Astérix et Obélix – puisque le chiffre affiché par son distributeur Pathé intègre sans le préciser les entrées des avant-1ères –, pour souffleter avec un plaisir affiché la fameuse critique de cinéma, qui, selon lui, “a ignoré qu’avec un film de cette envergure, la critique ne joue pas de rôle”.


Quel génie ! D’abord, le navet de Canet n’a pas été “fustigé” ou “taillé en pièces par la critique”, comme le prétendent la vidéo et le petit texte qui la présente, puisque des journaux comme L’Obs, Le Figaro, La CroixLe ParisienTélérama… ou Le Point ! l’ont encensé ou apprécié. Ensuite, les critiques qui ont aimé Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu semblent plus nombreux·euses que les spectateur·trices a l’avoir apprécié, puisque l’indice de satisfaction des critiques, sur Allociné, est nettement supérieur à celui du public qui s’est pourtant déplacé en nombre pour le voir… 2,4 pour la presse et seulement 1,8 pour les spectateurs et spectatrices, soit l’un des plus mauvais indices recensés. Un peu de rigueur, de nuance et de retenue ne nuit pas à la vérité journalistique.

Force de frappe publicitaire

Enfin, rassurons Philippe Labro. Les journalistes n’ignorent en rien que lorsqu’un film bénéficie d’une campagne de promotion énorme, déroulée des semaines avant sa sortie sur tous les supports, la critique n’a aucun pouvoir (eût-elle un jour rêvé d’en avoir ?) pour empêcher cet objet cinématographique de faire des millions d’entrées en salle… André Bazin, le père de la critique de cinéma, a toujours su et dit que la critique ne servait à rien de ce point de vue précis. Nul doute que l’on trouve le même pourcentage d’imbéciles et d’incompétent·es dans notre métier que dans toutes les autres professions, mais voilà bien longtemps que la critique sait en général que la publicité fonctionne pour ainsi dire mécaniquement. Que le chiffre de vente d’un journal repose aussi sur sa force de frappe publicitaire. Qu’aurait souhaité Labro le libéral ? Que la critique dans sa totalité, dans un même mouvement stalinien, criât à l’unanimité au génie ? Qu’elle se génuflexât devant une œuvre sous prétexte qu’elle cartonne plus ou moins ?


Non, cher Philippe Labro, vous savez que nous vivons encore en démocratie, que personne n’est jamais d’accord sur rien et que c’est très bien ainsi. Il est du devoir de la critique de dire et d’écrire ce qu’elle pense d’un film, sans prêter attention à son plan com, au nombre d’entrées qu’il va peut-être faire. Chacun son métier : que les vendeurs et vendeuses de films vendent, que les critiques de cinéma critiquent, et les sangliers seront bien gardés.

Édito initialement paru dans la newsletter Cinéma du 8 février. Pour vous abonner gratuitement aux newsletters des Inrocks, c’est ici !