Piers Faccini publie un bel album sans frontières
Installé en France depuis le début des années 2000, Piers Faccini creuse le sillon d’un folk-blues dépouillé, plus ou moins teinté de sonorités africaines ou méditerranéennes. Vivant dans une ancienne ferme, au cœur des Cévennes, il y cultive...
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Installé en France depuis le début des années 2000, Piers Faccini creuse le sillon d’un folk-blues dépouillé, plus ou moins teinté de sonorités africaines ou méditerranéennes. Vivant dans une ancienne ferme, au cœur des Cévennes, il y cultive des chansons sous l’influence inspirante de la nature environnante et les peaufine avec une minutie sensible. En ce début de printemps, sa discographie déjà substantielle s’enrichit d’un splendide nouvel album, Shapes of the Fall, qui témoigne d’un plein épanouissement.
Dans le prolongement de recherches amorcées sur I Dreamed an Island en 2016, le songwriter anglo-italien explore ici le mode microtonal – caractéristique de la musique du Moyen-Orient – avec sa voix autant qu’avec des instruments à cordes, parmi lesquels un instrument hybride entre oud et guitare, conçu spécialement pour lui par un luthier.
Un écho direct à la suspension générale
“Tel un peintre voyant surgir des nuances inédites sur sa palette, j’ai eu l’impression de découvrir de nouveaux tons, qui avaient pourtant toujours été là mais que je n’avais pas su percevoir, nous explique Piers Faccini. Lorsqu’on approche ces micro-intervalles, ces notes entre les notes, en frottant au bon endroit, des émotions intenses se révèlent et un espace d’expression magnifique apparaît.”
Démarré en 2018, le processus créatif s’est achevé en juin 2020, le confinement du printemps ayant amené le musicien à écrire de nouvelles chansons, en écho direct à ce moment de suspension générale. L’enregistrement a eu lieu durant dix jours au fameux studio Black Box, près d’Angers. “Mon home studio ne me semblait pas suffisant, j’avais envie de trouver un son différent et d’expérimenter davantage. Le studio Black Box est vraiment idéal à mes yeux : il est tenu par des passionnés, dispose d’un très bon équipement et se trouve au beau milieu de la campagne.”
Une vibrante sérénité
Enregistré et coréalisé par Frédéric Soulard (Maestro, Limousine), avec une sobriété idoine, le disque réunit les frères Malik Ziad (oud, guembri, guitare, mandole) et Karim Ziad (percussions) aux côtés de Piers Faccini –, Malik jouant sur tous les morceaux et cosignant la musique de trois d’entre eux. S’entend également parfois un quatuor à cordes, dont les arrangements sont dus à Luc Suarez, fidèle compagnon de route.
Si la voix de Faccini évoque toujours beaucoup celle de Nick Drake, sa musique semble ici plus affranchie que jamais. Naviguant librement entre plusieurs traditions musicales, sous l’influence en particulier des musiques de transe du Maghreb et de l’Italie du Sud, elle sonne comme du folk sans frontières, chanté en anglais mais pourtant loin de l’archétypal guitare-chant anglo-saxon.
S’attachant à traduire en musique les “formes de la chute” qui se manifestent dans le monde d’aujourd’hui, notamment au niveau de l’environnement, Shapes of the Fall exprime une taraudante inquiétude mais irradie une vibrante sérénité. “Plus le temps passe, plus mon écriture tend vers des questions existentielles ou philosophiques, au-delà de ma vie personnelle. Je me sens un peu comme un moine zen dans la montagne qui cherche à s’effacer pour laisser simplement la vie ou la nature s’exprimer.”
Shapes of the Fall (No Format/PIAS)