PLK : « 2069′ », un EP par les autres, pour les autres

Le 14 avril PLK sortait l’EP collaboratif 2069′, un projet original encore jamais vu dans le monde pour un résultat digne de l’artiste.

PLK : 3 lettres, 8 projets et une ascension qui ne connait pas de plafond de verre. De son 1er EP en 2015 à aujourd’hui, le jeune Polak a enfoncé la porte de la scène rap pour y imposer son nom. Outre son talent, c’est à sa créativité que l’artiste doit sa réussite. Un atout qui le relie toujours plus à sa communauté. Entre le rappeur et ses fans la distance s’amenuise à chaque nouvelle sortie. Et c’est sans compter la reconnaissance de l’artiste envers son public, mettant continuellement les bouchées doubles pour leur faire plaisir.

Toujours plus innovant, PLK a su utiliser tous les outils pour reproduire son univers et y faire entrer ses auditeurs. Petit à petit, le rappeur s’est ouvert à eux partageant des aspects importants de sa vie personnelle. Ce dernier a aussi donné de l’importance à la création d’une discographie cohérente qui progresse au fil des œuvres, que ce soit dans ses pochettes d’album, ses vidéos de promotion ou même la scénographie de ses concerts. De Ténébreux à Enna les projets se lancent des échos qui résonnent dans la tête des fans fidélisant leur présence. Un fil conducteur jonché de surprises qui surgissent à l’approche de nouvelles productions musicales. Une manière de rendre active sa communauté en diversifiant ses apparitions permettant de créer de l’attente et de l’implication chez ceux qui l’écoutent.

2069′ : un concept qui va encore plus loin

Avec 2069′ PLK nous offre un des meilleurs coups de communication de l’année. L’artiste à la productivité fulgurante était revenu fin 2022 pour régaler ses abonnés avec une story Instagram puis un live annonçant une idée inédite. Premier rappeur à avoir participé au concept 1 Son en 1 Heure de Booska-P, il a proposé dans la même lignée de produire une musique en direct avec ses fans. Le résultat a eu beaucoup de succès mais n’était finalement que l’avant de goût d’un nouveau concept : l’ouverture du label virtuel Enna Music pour la mise en place d’un EP participatif.

 

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Pour une 1ère mondiale l’artiste n’a pas fait les choses à moitié. Pendant une phase de recrutement il était possible de choisir un rôle parmi les postes composants un véritable label par l’achat d’un pack. Seules les 11 places de Boss, offrant une collaboration plus directe avec le rappeur, se sont disputées aux enchères. En échange ils ont reçu certains privilèges dont la perception de 0,5% des royalties digital pendant 3 ans, et l’obtention d’une plaque officielle personnalisée en cas de certification. Avant la sortie, ils ont également eu le droit à une 1ère écoute en studio avec PLK.

Pour le reste, ils ne sont pas repartis les mains vides. En contrepartie de leur travail, une version du CD contenant un titre bonus et tous les prénoms des membres du groupe inscrits sur la pochette à laquelle s’ajoute un accès privilégié au merchandising. Malgré tout, l’expérience reste le plus beau cadeau que puisse faire l’artiste à ses fans qui ont su lui redonner en retour. Tous signalés comme employés Enna Music, ils ont mis leurs mains à la pâte pour donner naissance à un EP après de nombreuses sessions de live.

«Big up à la team Enna Music» – “Pas de sentiments”

Au bout de 2069 minutes de travail intense en équipe, le projet arrivait à son terme. Comme à son habitude, PLK a mené ses collaborateurs au charbon. «On a fait ça en live, ensemble en émission». Sur Konbini certains d’entre eux ont exprimé leur ressenti de l’expérience. Comme l’explique Sarah, «tous les soirs à partir de 20h sauf les week-ends» les membres d’Enna Music étaient présents sur les lives pour collaborer avec l’artiste. Un investissement pour ses fans qui vient créer un lien presque impérissable avec lui.

L’implication grandissante de sa communauté

En ressort la réalisation de 10 sons dont le 1er “Décembre” sortait sur COLORS il y a trois mois, sous proposition de la team “Attaché.e de presse”. Un choix guidé par un vote fait à la majorité mais qui n’a pas été de l’avis de tous, PLK en tête. Grünt qui faisait également partie des propositions aurait pu en effet être un meilleur support pour le retour du rappeur. Mais c’est le jeu et les règles ont été respectées. À ce sujet Théo expliquait sur Konbini avoir été étonné par l’attention de l’artiste à l’opinion des membres de chaque team. Un constat qui prouve que le concept n’était pas un simple écran de fumée mais bel et bien une collaboration entre Polak et ses fans.

Quant à la cover, elle cause d’elle-même et c’est tout à l’honneur du groupe “DA image”. Sans artifice, elle représente bien les étapes de construction d’un projet dans lesquelles PLK a emmené ses coéquipiers. Un rendu brut et authentique que l’on retrouve jusque dans les sons, à l’image de ceux qui le suivent et le connaissent bien. Plus qu’une simple collaboration, avec son concept l’artiste a permis à ses fans de découvrir la confection d’un projet. «Il expliquait le fonctionnement des logiciels» partage Sarah à Konbini. Tel un éclaireur, il les a menés dans les coulisses de la mise en place d’un EP, une façon pour eux d’avoir un regard différent sur la musique.

Au-delà des fans cette initiative a eu un effet positif sur PLK et la sortie de 2069′. L’implication fut tellement grande que les membres de l’équipe Enna Music se sont approprié le projet en poussant leur contribution encore plus loin. En dehors des sessions de live ces derniers ont réellement participé à la communication de l’artiste. Ceux interrogés par Konbini ont fait part des actions menées de façon autonome par le tchat pour mettre l’artiste en TT sur Twitter. D’autant plus qu’en donnant la possibilité à ses auditeurs de faire de la musique avec lui, 2069′ s’est trouvé être également le projet de dizaines de personnes. «On aura une petite fierté quand on recevra le CD, c’est aussi un peu notre travail» dévoilent Audrey et Lucie à Konbini. De cette manière, Polak a réussi à créer une bulle d’hyperactivité permettant au projet de cartonner en 1ère semaine.

La recette magique de PLK

L’artiste aux multiples certifications est déjà bien installé dans le monde du rap, et il le sait. Dans 2069′ on sent bien que le rappeur est conscient du chemin parcouru et de sa réussite. «On a passé les étapes et percé les couches en béton». Il ouvre fort avec “POL−AK” pour 1:42 de kickage rythmée par une instru aux sonorités électroniques et des lyrics à la hauteur de ce travailleur acharné. Un banger tout comme la trap de “Cash” remplie de punchlines bien tranchantes et un refrain qui fait bouger les têtes.

«Y’a une nouvelle prod donc on passe à table» – “POL–AK”

Plus calme sur “Pelo” et certaines phases de “Pas de sentiments”, l’auteur de Platinum reprend une recette bien à lui. Entre instru douce et voix posée, le rendu rappelle des titres comme “Mentalité”. Il remet aussi sur la table le mélange exquis de l’autotune et de sa mélodie avec le refrain de “Demain” tel celui de “Un peu de haine” dans Mental. Côté love, c’est l’occasion pour lui de refaire un son d’été à la “Dis-moi oui” avec “Nouvelles”. Cette diversité musicale est bien connue de PLK. Que ce soit par la technique de ses couplets ou l’aisance de ses refrains, l’artiste est un caméléon dans la musique. Comme le prouve 2069′, il est aussi bien capable de rapper avec force et énergie mais aussi de pousser la voix sur des rythmes plus mélodieux. Une multiplicité qui lui a toujours réussi et fonctionne encore aujourd’hui.

L’artiste du 92 s’essaye également à de nouvelles choses et c’est plutôt bien fait. Avec Dinos il mène un tour de passe-passe qui glisse parfaitement sur “10 minutes”. «On peut causer des p’tits d’la tess / Des biffs à s’faire, ou d’63 S /Ou alors des marques et des p*tes qu’on baise». Les deux rappeurs originaires de la région parisienne y instaurent un dialogue sur les similitudes de leur quotidien entre jeunesse en cité et notoriété du succès. Plus loin il s’essaie à la Jersey en compagnie de Kerchak. Une nouveauté pour Polak qui fort de sa technicité s’en sort comme à son habitude.

2069′ : une vague de reconnaissance

Dans son EP PLK affiche une forte reconnaissance envers l’ensemble de ceux qui l’entourent depuis le début. Quoi de mieux pour souligner cela que de causer de “Panama Bende”. «Du béton à la Cigale on a rappé salement / P’t-être qu’au fond d’moi-même, traîner à sept, ça m’manque». Mélancolique des années passées, l’artiste nous partage un storytelling de ses débuts dans le rap au sein du collectif. Formé dès 2012 au cours de nombreux open mic dans les MJC de la capitale, il confirme que le groupe est toujours soudé malgré leurs différentes trajectoires. Sur fond de guitare le rappeur cause à cœur ouvert et délivre un véritable message d’amour à ses coéquipiers.

Il n’oublie pas non plus de saluer tous les artistes et autres collectifs qui ont contribué à cette avancée, à la fin du morceau. «On a croisé beaucoup d’monde sur notre route / Merci à tous ceux qui nous ont aidé, on se sait». On retrouve notamment les fameux membres de 1995 proches des jeunes rappeurs à l’époque. Mais cette reconnaissance ne s’arrête pas là. «J’repense à Resval, j’repense à Népal, des souvenirs tachés / Plus rien à cacher, on les oublie pas». Dans “Demain” PLK offre un bel hommage à Népal et Luv Resval décédés respectivement en 2019 et 2022. À noter que le refrain est également une référence au morceau fleuve “Demain c’est loin”, outro de l’album L’Ecole du micro d’argent de IAM qui explique les différentes facettes d’un quotidien en cité. Le son du rappeur des Hauts de Seine s’est d’ailleurs récemment accompagné d’un clip très parlant sur les embûches que le rappeur a dû esquiver pour ne pas sombrer. Métaphoriquement, il y montre que malgré les tentatives de mettre fin à sa vie Polak est toujours présent et rit même au nez de ceux qui essayent de l’atteindre.

On peut aussi souligner plusieurs références. «Ça découpe comme Philly Phaal». Alpha Wann qu’il considère comme un exemple depuis ses 13 ans est mis à l’honneur dans “Pas de sentiments”. À noter qu’avec ce son Polak s’offre un parallèle entre sa réussite dans le rap et celle de plusieurs stars du foot. En effet le titre renvoie aux commentaires de Jérôme Sillon et Emmanuel Petit sur le but victorieux de Kylian Mbappé à la fin de la huitième de finale aller de Ligues des Champions face au Real Madrid en février 2022. Le commentaire «Bien joué Kylian ! Pas d’sentiments !» intervient dans un contexte où de nombreuses rumeurs causent de la possibilité d’une signature du joueur français dans le club espagnol. De même, qu’on retrouve le commentaire de Joaquim Maria Puyal après l’exceptionnel but de Lionel Messi face à Getafe en 2007. Dans les lyrics on découvre également une comparaison de l’artiste avec le joueur français du PSG, le footballeur argentin Hernán Crespo, et un ancien bandit surnommé “le roi de l’évasion” de son vrai nom, François Besse. Comme eux, le rappeur fonce droit vers la victoire et évite les obstacles, tout en restant fidèle à lui-même.

«J’suis comme Kyky, j’suis comme Crespo, mélangé à François Besse» – “Pas de sentiments”

«Comme Dinos, je suis distant, ferme et taciturne». Dinos et son album Taciturne ont également le droit à leur clin d’oeil dans “Cash”. Enfin pour clôturer 2069′ l’artiste nous ramène dans la East Coast des années 90 avec du Boom-bap sur “Décembre”. Influence qui domine le rap français jusqu’aux années 2000 c’est l’occasion pour PLK de faire honneur aux rappeurs de son enfance. Lunatic, Salif, Doc Gyneco ou encore MC Solaar, il offre aussi une mention à “Big Poppa” de The Notorious B.I.G. En parallèle, il partage à ses auditeurs un texte introspectif construit sur ses propres souvenirs.

A sa sortie 2069′ fait donc un carton avec 8 titres qui se placent dans le top 10 Spotify. Un mois plus tard, “Demain” est certifié disque d’or. Un succès que l’on doit notamment à sa conceptualisation qui a permis de créer une forte résonance de l’EP. Après Enna qui fut un énorme triomphe, PLK continue à se développer et à diversifier ses propositions musicales. Au fil des vagues du rap, il s’adapte et se renouvelle en vue de rester constamment à la surface. Avec cette parenthèse récréative, Polak fait plaisir à sa communauté et revient au-devant de la scène. Et si 2069′ est un pari réussi pour son auteur, peut-être n’est-il que la transition vers quelque chose de plus grand : la sortie d’un nouvel album.

Dans le reste de l’actualité, Luidji annonce son nouvel album à l’issue d’un Zénith stupéfiant.